Blablas de toutes sortes

Se mettre dans une case pour exister

Quelque chose me marque depuis quelques mois. Le fait de mettre des étiquettes aux gens ne date pas d’hier et ça m’a toujours gênée. La personnalité d’un être humain est complexe et ne se résume certainement pas à un adjectif, surtout quand il est plus ou moins négatif et qu’on lui colle des attributs dont on ne sait rien, parce que certaines personnes ont une sacrée psychologie à deux balles, en plus d’étiqueter et elles mélangent tout. J’avoue éloigner loin de moi les gens qui se prêtent à ce fabuleux exercice avec moi. Mais depuis quelques mois, j’ai un souci qui s’associe plus ou moins à celui des fameuses étiquettes. C’est celui des cases où on place les gens pour leur donner une place dans ce Monde. J’y ai pensé le jour où j’ai refait mon CV pour ma recherche de stage, je souriais en me disant qu’il faudrait peut-être que j’indique si j’étais végane, écolo, bio, sans gluten, sans lactose, 0 déchet, minimaliste, féministe etc… , ou si j’étais tout le contraire. Je rigolais en moi-même pour réaliser d’un coup qu’en ce moment on n’était pas loin d’arriver à ça. A savoir être rien ou un tout bien défini. En gros, à pouvoir cocher une case ou à ne pas le faire. Et je ne veux pas être un machin qui entre dans une case, qui se définit par quelque chose en particulier.

Et si on imaginait que les gens puissent être aussi un peu de tout au lieu de les qualifier par un seul mot ? Se donner le droit d’être sans cases cochées mais avoir l’esprit suffisamment ouvert pour se dire qu’on est un peu de tout pour justement se mettre à la portée de tout le monde, essayer de comprendre les choix des autres et surtout le faire sans jugement ? Sans dire « non tu n’es pas ça, parce que… » Qu’est ce qu’on s’en fout de ne pas être dans une case précise… C’est tellement plus intéressant de pouvoir passer d’un monde à un autre, de toucher à tout. Du bout des doigts parfois quand on n’est pas convaincu(e) ou un peu plus fort quand c’est l’inverse. 

Je ne suis par exemple pas végane et ne le serai jamais parce que ce n’est pas mon état d’esprit. Je mange des animaux morts, alors vous comprenez qu’on est loin encore hum (ce qui ne m’empêche pas d’aimer les animaux, mais puisque les cases « aime les animaux » et « omnivore » ne peuvent pas bénéficier en même temps d’une petite croix, je ne suis pas crédible de me mettre dans la case « Aime les animaux ». C’est là que je veux en venir…) MAIS ce n’est pas parce que je ne le suis pas que je verrouille tout en moi. Il m’arrive de piquer des recettes par exemple et mon réflexe n’est pas de me dire « ah non, cette recette n’est pas pour moi, parce que je ne suis pas végane ». Ca marche avec le 0 déchet évidemment. Je ne serai jamais non plus complètement 0 déchet mais je fais attention à ce que je fais au maximum. Minimaliste, quand on voit ma pagaille, la case explose, je ne le suis pas aux yeux des autres, par contre j’ai ma propre notion du minimalisme et je l’utilise pour les besoins que j’en ai personnellement, mais je ne me déclare donc pas être dans la case « Minimaliste ». Je ne mange pas sans gluten ni sans lactose, parce que j’ai mes raisons, ce qui ne m’empêche pas de choisir des yaourts plutôt au soja et de goûter des aliments faits autrement qu’avec des gluten. Histoire d’élargir mes points de vue, mon esprit, tout simplement. Goûter à d’autres choses et ne pas me refermer sur mes propres convictions et être tentée sans doute de moi-même me mettre dans une case du coup. Et franchement, c’est ma richesse, parce que je me sens libre de naviguer entre tous ces mots. 

Quand on me demande dans quelle case (bien sûr que ce n’est pas tourné comme ça) je suis côté religion par exemple, ma réponse légitime me fait dire que je suis catholique parce que c’est ce qui m’a été donné lors de mon baptême, pourtant c’est sûrement dans cette religion que je me retrouve le moins. Je me sens davantage à ma place dans un temple qu’une église (à part pour les visiter ^^), ma médaille de baptême est rangée, par contre la croix huguenote que portait toujours sur elle, une personne chère à mon coeur dans ma famille et que mon parrain m’a donnée après son décès est à portée de main. L’islam a aussi sa place (sûrement encore davantage d’ailleurs depuis des mois), ainsi que le bouddhisme. 

Je respecte les choix de tout le monde en occultant les extrêmes par contre, parce que c’est ce qu’il y a de pire dans chacune des cases. Je prends ce dont j’ai besoin pour mon bien. Je suis une « sans case » qui essaie de s’adapter aux autres personnes, avec leurs convictions mais parfois les cases dans lesquelles ils se mettent (ou sont mis) rendent aussi hermétiques et c’est dommage. 

J’en suis venue à me dire que j’étais sans caractère pour virevolter d’une pseudo case à une autre, en ne sachant pas où planter la croix qui ferait de mon existence une case cochée. Mais en réalité je sais très bien ce que je veux et ne veux pas, au contraire. Et justement c’est ce qui représente celle que je suis, le mieux. Puiser en les autres ce qui me manque, m’en alimenter pour comprendre leur fonctionnement, les tolérer, les respecter sans jugement et grandir. Et c’est juste mon caractère. 

Comment percevez-vous tous ces mots qui peuplent de plus en plus le net, en ce moment ? Avez vous cette sensation de devoir se mettre dans des cases pour pouvoir se définir dans le monde actuel aussi ? Ou c’est peut-être un regard erroné que je pose sur tous ces mots qui sont peut-être un peu forts pour moi et ne me rendent pas objective ? 

Casé(e) ou pas en tout cas, gardez les yeux et les oreilles bien ouverts envers les autres cases, si déjà 🙂 Histoire de ne pas s’enfermer dedans et ne plus être capable d’en ressortir. Et surtout ne pas oublier que les adjectifs se multiplient pour dire ce qu’on est et qu’on ne se cantonne pas un seul mot qui résume tout et rien de ce qu’on est. On est des milliers de petits mots et de petites cases à cocher, pas juste une qui définira qui nous sommes.  

Restez libres et uniques dans cette globalité que représente tous les êtres humains, chacun avec leur façon d’être.