Blablas de toutes sortes

Quand l’instant présent est source d’angoisse

Vivre l’instant présent, Carpe Diem, profiter de chaque moment pleinement et en toute conscience etc… Toutes ces phrases dont on nous serine les oreilles à longueur de temps. Dans l’absolu je suis pour cette philosophie même si parfois elle m’est difficile à appliquer. C’est vrai que le passé porte bien son nom, il est passé. Le futur n’existe pas encore donc pourquoi se projeter sans qu’on ne le connaisse et se faire des cheveux blancs avant l’heure. Il ne reste plus que le moment présent à savourer effectivement. Il se peut que je l’aie mal appliqué, mal compris à certaines périodes mais il a été et est encore parfois source d’angoisse de mon côté. Je n’arrive pas trop à savoir si c’est le fait d’entendre parler de lui sans arrêt pour notre bien-être mental un peu comme si en n’y arrivant pas forcément, je n’arriverais jamais à trouver une certaine sérénité ou si l’angoisse est plus profonde et réveille des craintes enfouies.

Ou alors j’ai réalisé davantage l’importance du moment présent à vivre et j’en ai été remuée en ne sachant pas trop comment le gérer finalement, parce que c’était « nouveau » que je tente autant de vivre l’instant présent. Je me suis demandée si j’étais seule dans ce cas par contre, d’où mon post. Qui arrive à être dans le moment présent réellement ? Et constamment pour ne pas se laisser emporter par des pensées parasites où le passé ou le futur intervient ? Qui parvient à être serein.e grâce à cette philosophie de vie puisque je le perçois vraiment ainsi. Est-ce que je m’y prends mal, dans le sens où je passe à côté de la pratique de cette notion là ? Bref Carpe Diem est source de questionnement pour ma part.

La première fois que l’angoisse est montée, c’est quand j’ai appris le cancer de ma Happy. C’était une épreuve à vivre de savoir qu’elle était condamnée et que l’issue serait fatale, sans savoir quand. Elle pouvait rester avec moi encore 2 semaines si tout s’enflammait très vite ou plusieurs mois si l’évolution se stabilisait. Et je me suis promis de profiter de chaque moment avec elle, comme si c’était le dernier. Ce que j’ai fait bien sûr, comme dans d’autres situations avec mes proches par exemple quand je suis en leur présence. La certitude de savoir qu’il ne restait plus longtemps avec elle a provoqué à elle seule une grosse angoisse. Chaque soir je me couchais en me demandant si j’avais justement assez profité d’elle, si je l’avais assez câlinée, assez répété que je l’aimais tellement, assez pris soin d’elle. Et je me disais « un jour de moins avec elle » et ça me déchirait le coeur… Et c’est là que le moment présent a été source d’angoisse. J’avais la sensation de m’étouffer à vouloir arrêter le temps et finalement je me demandais si j’en profitais réellement de ce moment présent puisque finalement j’étais dans le futur, j’entrevoyais ma vie sans elle. Mais c’est devenu une course, il m’arrivait de me relever la nuit juste pour être avec elle pour ne rien gâcher de mes moments avec elle et je sentais une oppression. Puis j’ai oublié à un moment qu’elle avait ce cancer, parce qu’elle allait bien, rien ne se voyait, alors j’ai relâché un peu. Et c’est revenu plus fort, j’avais besoin de chaque minute avec elle et tout moment qui passait était terrible à gérer (je réalise à quel point c’est difficile d’expliquer cette sensation, en écrivant par contre). J’en voulais aux secondes de s’écouler, aux minutes de la voir s’échapper de moi davantage et aux heures de filer si vite. Et chaque soir le même constat. Est-ce que j’avais vraiment profiter du moment présent avec elle et est-ce que je pouvais faire encore mieux le lendemain. Puis elle est partie, ma précieuse minette… 1 mois est passé. Mes parents sont venus en vacances dans notre région, je leur avais trouvé un airbnb à 2 rues de chez nous, c’était agréable de les voir arriver et repartir à pieds. Et l’angoisse du moment présent à absolument savourer sans laisser de pensées parasites venant du passé ou du futur intervenir est revenue. Chaque bout de balade qu’on faisait était déjà passé dans ma tête alors que je tentais de vivre le moment présent mais ça me retournait les boyaux de voir s’échapper les heures avec eux. C’est quelque chose qui m’a sûrement permis de vraiment prendre tout le temps dont je disposais avec eux, d’un côté mais d’un autre côté, je me sentais à bout de souffle et il se peut que je n’aie en plus pas écouté mon corps qui lançait des signaux de détresse tellement je tirais sur lui. Pour ne pas perdre une miette. Ils venaient manger chez nous le soir, à chaque fois qu’ils repartaient, je leur faisais un signe par la fenêtre, je voyais leurs grands sourires. Je ne ratais pas une seconde. Quand leurs têtes disparaissaient derrière le coin de notre rue, je regardais encore pour voir si je ne percevais pas encore un bout d’eux que j’aurais peut-être raté et donc gâché. A nouveau une course.

Puis c’est nous qui sommes partis une semaine dans mon Alsace natale. Nous avions loué un airbnb et mes parents nous rejoignaient dans les sorties qu’on faisait. J’ai eu le malheur de ne pas être en état d’en faire une, un jour. Je voyais s’effilocher le temps précieux que j’aurais pu passer avec eux, l’opportunité de les avoir avec moi qui s’envolait. Au-delà de la déception, il y avait cette douleur de me dire « ce temps ne se rattrapera plus jamais ». Puis les autres sorties se sont toutes soldées ainsi. Avec une boule au ventre de me dire que je ne les aurai pas toujours avec moi, eux non plus et que toute seconde était comptée. Et est-ce que j’avais réellement bien profité de chaque moment avec eux. Est-ce que j’avais fait assez ? Est-ce que je n’aurais pas pu faire mieux encore pour mieux vivre ces moments-là. Ca m’oppressait au point de ne plus vouloir les laisser repartir. Un soir, mon papa m’a serrée fort, on avait partagé encore une super journée tous ensemble et il m’a dit « halala qu’est ce qu’on a bien ri, encore une belle journée » en ajoutant qu’il m’aimait et ça a augmenté ma souffrance du moment présent qui passe trop vite et qui ne revient plus justement… jusqu’au jour où il n’y en aura plus de ces moments…

J’ai fini par réaliser que chaque moment présent partagé menait à une fin. A la mort de ceux que j’aime. C’est le point commun. Et une angoisse de plus en plus présente. Depuis le covid, depuis le 1er confinement, la peur de la mort de ceux que j’aime est devenue terrible à gérer. Alors parfois j’ai besoin de me rappeler du passé pour me dire qu’après les Carpe Diem, il y a une case « beaux souvenirs » dans notre cerveau qui prolonge les moments présents qu’on vit. Ca m’aide à gérer mes instants présents, étrangement. Sinon je ressens vite cette boule au creux du ventre. Penser à la disparition un jour de mes proches comme ma Happy s’est envolée est déjà le futur et j’ai espoir qu’un jour, cette pensée là s’efface pour ne pas venir perturber le moment présent à vouloir vivre absolument de façon viscérale et étouffante.

Vous arrivez à être complètement dans le moment présent ? Sans que ça ne dévie de trop, parce que je me doute qu’il n’est pas constant cet état d’esprit. Celui de rester ancré.e dans le présent. Sans passé et sans futur.

Blablas de toutes sortes

La différence

En début d’année dernière, est venue l’heure de faire un choix d’activité pour la rentrée. J’hésitais entre refaire du Qi Gong qui me passionne ou sortir de ma zone de confort en me lançant dans le théâtre. En oubliant certainement que cela faisait 1 an que j’étais là, qu’aucune relation sociale n’avait pu se créer avec notre super covid qui colle à nos basques, que je n’avais pas réussi à me réintégrer professionnellement et que j’étais dans une ville pour laquelle on ne peut pas dire que j’ai un amour inconditionnel. Mes repères perdus en quittant Marseille étaient bien suffisants à gérer, je ne possédais pas de réel confort pour me sentir déjà bien. Alors avec du recul, je me dis que sortir de quelque chose que je ne possédais déjà pas, relevait d’un sacré défi personnel. Mais au moment des inscriptions, sortir de ma zone de confort était ma priorité pour me secouer les puces. L’intention était de travailler sur ma timidité, mon manque de confiance, arriver à poser délicatement ma voix qui me complexe et part en cacahuètes dès que je suis un peu stressée (autant dire très souvent quand je suis en présence des gens et c’est encore pire depuis le 1er confinement puisque je vis le syndrome de la cabane).

La sensation que je sortais de quelque chose qui n’existait déjà pas pour moi, ma pseudo zone de confort donc, à vouloir casser malgré tout, est apparue après 3 cours de 2h de théâtre, où je suis ressortie en larmes au dernier cours.

Le groupe était sympa dans l’ensemble, je me sentais assez à l’aise avec les 8 autres élèves et la prof, mais ce n’était pas mon élément. Cette impression de faire tache au milieu des autres. Cette angoisse de montrer celle que j’étais. Celle pas assez bien, celle qui se compare aux autres qui sont meilleurs en oubliant qu’ils avaient déjà fait du théâtre, celle qui parle avec sa voix menue et à qui on dit de parler plus fort alors qu’elle ne peut pas parce que ses cordes vocales sont ce qu’elles sont.

Et puis il y a eu ce texte à travailler. A me souvenir, à mémoriser, à mettre une intention que je ne pouvais pas mettre parce que le sujet me touchait trop même si c’était un pauvre canard qui se suicidait, les mots « égoïste », « il n’a pensé qu’à lui, il aurait pu penser à nous », « je suis en colère contre lui, il nous a laissé » etc… me renvoyait trop de choses dans la figure. A mes propres tentatives de suicide, loin d’être égoïste pourtant mais terriblement en souffrance. Aux suicides d’ami.e.s que je n’avais pas trouvé égoïstes non plus. Bref, montrer qu’on est en colère contre quelqu’un alors qu’on a envie d’avoir de la compassion plutôt, autant dire que l’exercice comptait double et surtout le sujet me retournait les tripes à chaque cours. Je ne suis toujours pas au top de ma forme mentalement et durant ces 2 dernières années, j’ai eu envie de m’éteindre plus d’une fois. Alors le sujet est frais en moi. Et je ne me voyais pas parler de ça à la prof. Le théâtre est sûrement fait pour dépasser ses limites, ses angoisses les plus profondes et faire taire les choses sensibles en nous quel que soit le sujet des textes abordés. J’étais là pour rire de mon côté plutôt et je sais que sans en parler directement, on recherchait tous ce côté là. Le rire. Pas cette chose glaciale qu’on pouvait ressentir à travers les murs de notre salle parce que même si formulé avec des pauvres canards, le sujet était là quand même, je ne pouvais pas y faire abstraction et ne pouvais pas « jouer » avec. Les difficultés de concentration et de mémorisation, ce thème qu’on allait aborder jusqu’aux vacances de Noël alors qu’on était à peine fin septembre, mon corps qui ne se mouvait pas au rythme qu’il aurait fallu pour suivre correctement, ont eu raison de moi. J’ai abandonné. Mais j’avais essayé néanmoins, c’était ma fierté.

J’ai juste prévenu la responsable de l’association de théâtre par un mail. J’étais bien loin de me sentir assez proche de la prof pour lui en parler directement. Et un autre élève avait aussi abandonné à la séance précédente sans lui donner de raison précise. La prof en sachant mon abandon m’a envoyé un long message en me disant qu’elle voudrait bien parler avec moi de mes difficultés, qu’elle était sûre qu’il me fallait des séances de plus pour ne pas regretter. Qu’elle pouvait me rediriger vers un autre cours « plus adapté ». Elle se culpabilisait parce que j’étais la seconde élève à partir de son cours. Alors j’ai répondu brièvement que je lui expliquerais mes raisons, mais que ce n’était pas forcément sa façon de faire ses cours qui était à remettre en question (à part le choix joyeux de ses textes pour débuter peut-être). Ce n’était pas de sa faute, c’était la mienne. Je comptais réellement lui expliquer, sans forcément réintégrer le cours mais au moins pour qu’elle connaisse mes raisons. Et puis j’ai réécouté le message plusieurs fois. Et ce que j’ai entendu à travers les lignes m’a mise encore plus mal à l’aise. Le mot « différence » revenait très souvent sous différents aspects. Sur le moment je m’étais dit qu’effectivement nous étions tous différents, avec nos caractères, nos tempéraments, nos histoires. Comme tout être vivant qui se respecte, en gros, à mes yeux. Mais ses paroles racontaient une autre différence. Surtout quand elle a dit qu’elle avait relevé quelque chose chez moi qui n’était pas comme chez les autres élèves, mais je ressentais dans sa façon de le dire, que c’était ce genre de différence qui fait rencontrer des difficultés. Je n’ai jamais su ce qu’elle avait relevé chez moi en réalité. J’étais différente mais cela sonnait de manière péjorative. Mon corps n’est pas simple à mouvoir comme je le souhaite, ma concentration est merdique, ma mémoire récente ressemble à celle d’un poisson rouge, je suis timide et devient rouge crabe quand je parle au milieu d’autres personnes. C’est ça ma différence ? De façon aussi péjorative que je le ressentais à travers son débit sur mon répondeur ? J’ai eu mal au coeur, sans savoir réellement expliquer ce que je ressentais. Est-ce qu’en parallèle, on avait pu voir quelque chose de beau en moi aussi dans ce groupe ? Est-ce que j’aurais fait partie intégrante de cette troupe malgré ma fameuse différence, pas si différente que tout un chacun, à mes yeux ? Je ne le saurai jamais, je n’ai pas voulu expliquer mes raisons, j’ai laissé tomber. Elle était rassurée de savoir que ce n’était pas de sa faute, c’était ce qui comptait. Me concernant je savais très bien que je ne souhaitais pas reprendre. Je l’ai laissée avec son « j’ai l’habitude de travailler avec des personnes qui sont différentes ».

On sera tou.te.s différent.e.s pour les autres et heureusement. Le souci c’est que depuis, quand on me croise dans la rue, je perds un peu plus mes moyens devant les gens en me disant « ils la voient cette fameuse différence ?? » « qu’est ce qu’on peut penser de moi finalement quand on me voit déambuler, quand on est plus ou moins en contact ». « Un être pas super à l’aise qu’on retrouve peut-être dans ma posture, ma façon de me tenir et de m’exprimer ». Une femme différente comme tous les communs des mortels ou différente dans un sens un peu plus moche à entendre et pas des plus valorisants ? J’ai perdu un peu plus confiance en celle que je suis.

Je suis moi dans tous les cas. Celle qui ramasse des pâquerettes dans le parc à côté en s’asseyant dans l’herbe sur sa petite serviette et qu’on dévisage en passant en se retournant encore après comme si j’étais une nana inadaptée. Mais je continuerai à être ce genre de personne.

Je suis moi avec mon tempérament introvertie mais le coeur rempli d’amour pour les autres. Je suis moi avec mon passé et ses souffrances. Je suis moi avec mon présent également avec ses douleurs et ses joies. Je suis moi tout court. Le jour où on m’a regardée bizarrement dans le parc sans que je sache pourquoi, je me suis dit que je ne laisserais plus personne me couper l’envie de faire quelque chose si cela me procure du plaisir. Quitte à ce qu’on perçoive de moi quelque chose de « différent ». Les gens aiment bien les étiquettes et se croient obligés de caser tout le monde dans l’une d’entre elles. De mon côté, je ne veux pas mettre d’étiquettes. Mon côté différent je l’emporte avec moi et on verra ce qu’on veut bien voir de moi quitte à juger, trouver bizarre, paraître louche ou autre.

Soyez vous-mêmes, soyez heureux du mieux possible, connaissez des petits et grands bonheurs et ne faites pas comme moi, vous comparer aux autres. Cela fera partie d’un autre post peut-être un jour…

Combats qui me touchent

Les TCA en mode confinement

Dire ❤

J’espère que vous vous portez tou(te)s pour le mieux en cette période si sombre. Prenez soin de vous et restez bien chez vous… 

Je voulais écrire ce post depuis un moment, mais j’avais besoin de recul et de voir sur la durée, comment je me comportais au niveau alimentaire. Quand j’ai su qu’on serait confinés, le stress du futur déménagement, l’éloignement d’avec mon chéri d’un côté de la France, ma famille à l’opposé et moi au milieu, je reconnais m’être posée beaucoup de questions sur la façon que je gérerais tout cela seule. Et la psychologue m’avait appelée au bout de 2 semaines de confinement et je lui avais avoué avoir peur de retomber dans l’anorexie. C’était d’ailleurs la première fois depuis la sortie complète des troubles alimentaires que j’avais peur à nouveau. Elle m’avait répondu que je devais tenir et ne pas mettre à néant tout ce combat. Qu’au moindre signal, je devais la prévenir pour qu’on m’aide à ne surtout pas rechuter (je ne pensais honnêtement pas écrire un jour ces mots à nouveau…). Je me suis sentie très fragilisée à tous les plans. Mon passé est revenu me hanter, j’y pensais davantage à tout cet enfer alimentaire. La peur de prendre du poids pendant le confinement n’a sûrement pas aidé. On peut accepter son corps tel qu’il est et tolérer de prendre du poids, cela n’enlève en rien la peur de trop grossir malgré tout. Je suis humaine, j’ai envie de me sentir bien dans ce corps qui me fait déjà tant souffrir. Pour moi, pas pour les autres. Et les réseaux sociaux avec leurs fameux « comment rester mince durant le confinement », « les gestes à ne pas faire », « faites du sport pour ne pas grossir », m’a rendue mal aussi. Pour moi comme pour les femmes qui ont du mal avec leur image. On est confinées et on nous serine encore qu’il faut rester mince, en gros. Il y a un problème. 

Mais comme on le sait, l’anorexie n’est pas forcément la recherche de perdre du poids, elle est surtout symbole de contrôle et c’est cette partie là qui a pu m’effrayer. Le mode de pensées « je contrôle ce que je mange et me défoule pour éliminer parce que je ne possède aucun contrôle sur aucune situation ». J’ai commencé à bouger chez moi avec des exercices de gym, à marcher en faisant du surplace avec « walk at home ». Et je me suis revue il y a 20 ans, en train de courir à longueur de journée pour éliminer les 500kcal que je m’autorisais à avaler. J’ai même commencé à écouter le même style de musique entraînante qu’à l’époque. Et j’ai eu peur de ne pas m’arrêter de bouger. C’était comme un film que je rembobinais. Et il a fallu que je fasse le point sur ce que je risquais en gros. Comment je gérais la nourriture que j’ingérais, assez, pas assez, trop ? Comment je gérais l’activité compliquée à mettre en place étant limitée malgré tout dans ce que je peux faire et ce qui ne me rappelais pas mon passé d’hyperactive pour ne pas réveiller le vieux démon que j’avais peur d’avoir au fond de moi encore. 

Je me suis rassurée en m’apercevant que je n’avalais rien de plus qu’à l’ordinaire. Que je n’avais pas forcément de compulsions ou l’envie de grignoter sans arrêt. Et que mon mode de pensée anorexique s’était éteint pour de bon. Une fois que j’aie été sûre que je bougeais uniquement pour ne pas me retrouver en déconditionnement physique par rapport à la fibromyalgie, j’ai recommencé mon petit rituel de « sport ». Que je fais avec plaisir parce que ça me donne une sensation d’accomplissement. Par rapport à mes douleurs. 

Tout est désactivé en moi côté anorexie, boulimie non vomitive, compulsions. J’ai apparemment mis il y a 7 ans tous mes modes de pensée destructeurs sous clé et je ne peux pas réouvrir la boîte à pensées merdiques. Il me reste les souvenirs. La souffrance que j’ai faite autour de moi. La solitude dans laquelle j’étais enfermée aussi parce que je vivais ce cauchemar seule par choix et pour qu’on me foute la paix pour me détruire. Et le confinement, seule, à réveiller toute cette partie de moi, ce qui a contribué au fait que je n’aie pas toujours un moral d’acier. 

Je me suis posée aussi la question de la boulimie en confinement. Comment j’aurais fait pour assouvir ce besoin de me remplir qui apparaissait bien trop souvent par périodes. La réponse a été bien claire. J’aurais été capable de ressortir, quitte à avoir une amende, me mettre en danger côté virus, j’aurais été l’une de ses inconscientes qui allaient sans arrêt acheter sa drogue alimentaire. Ou je me serais bourrée de trucs dégueulasses juste pour me remplir. J’ai été capable d’avaler des choses immondes, crues parce que je ne pouvais pas attendre leur cuisson. Capable aussi de mâcher n’importe quoi pour combler le vide que je pouvais ressentir en moi. 

Je n’ai aucun conseil à donner si vous passez par là et que vous souffrez de tca qui ont pu s’accentuer durant le confinement et j’en suis bien triste parce que je sais que c’est une souffrance supplémentaire. J’ai été soulagée de constater que j’étais bien plus forte que tout ça, mais j’ai eu le temps malgré tout de douter de moi, de revivre ces 13 années de cauchemar où je n’avais pas de répit. C’est se retrouver seule face à soi-même que de se retrouver en confinement. C’est difficile de mettre des mots sur ce que je ressens mais tenterai malgré tout de le faire. J’ai sans arrêt un miroir en face de moi et c’est une lutte de se dire qu’on n’est pas si fragiles qu’on peut le penser. Qu’on tient debout par une force qu’on a tous en soi, parfois bien camouflée, c’est nécessaire de creuser pour aller la chercher encore plus au fond de nos entrailles, mais elle est là, cette force. Je me réfugie beaucoup dans tout ce qui est méditation, yoga, relaxation pour éviter les crises d’angoisse déjà. Et ne faites pas la même erreur que celle que j’ai pu faire à certains moments, vous isolez. 

Si jamais l’anorexie ou la boulimie était dans les parages, dans les méandres de votre esprit, n’oubliez jamais que vous n’êtes pas que ça. Que la maladie ne vous définit pas. Et le confinement est peut-être là pour fouiner dans d’autres parties de vous-mêmes aussi, pour révéler celles que vous êtes réellement et qui se cache derrière ces saloperies qui donnent souvent l’impression qu’on n’est plus que ça. Bien loin des modes de pensées biaisées qu’elles entraînent, il y a votre personnalité avec ce que vous aimez, ce que vous n’aimez pas, de l’amour, des passions. On ne peut rien contrôler de ce qui se passe, à part faire attention, attendre, vivre au mieux le moment présent pour ne pas anticiper le futur et ne pas ressasser le passé. Les deux sont nos pires ennemis… Seul le présent est notre allié. D’autant plus en cette période. Plus que jamais. 

C’est tout ce que je peux en dire. Et que je pense à vous. Je n’oublie rien de ce que j’ai vécu, mais la vie me prouve depuis 1 mois et demi et me confirme que c’est derrière moi tout ça malgré mes craintes d’un temps que tout me revienne en pleine tronche. Et si tout s’est verrouillé en moi de ce côté là, il n’y a pas de raisons pour que ne soit pas pareil pour vous. On renaît de tout cela même quand on n’y croit plus, qu’on est à bout. Mon disque dur a été rempli de pensées plus justes et mon cerveau a finalement bien accepté cette nouvelle version de celle que je suis. 

 

Gestion du Covid

Angoisses et dépression durant le confinement

Avec la fibromyalgie, la dépression et les angoisses sont mes gros points faibles et pas des moindres durant cette période de confinement. J’en suis arrivée à faire une liste avec ce qui m’était recommandé de faire et ce qu’il valait mieux éviter. Au bout de 3 semaines il y a matière à savoir ce qui nous fait du bien et ce qui nous fait plus de mal. Je ne vais sûrement rien apprendre de plus mais voilà ma petite liste pour tenir le coup moralement (même si j’ai de gros coups de moins bien comme ces jours-çi, après avoir appris 3 décès, je me sens abattue. Ma liste est une très bonne copine de confinement donc. Celle-çi est évidemment personnelle, avec des activités que j’apprécie, mais j’espère que vous pourrez vous y retrouver si comme moi ce n’est pas simple à gérer en étant bloquée chez soi. Seule de surcroît. Beaucoup d’éléments ne sont pas si différents de ma vie habituelle en étant chez moi d’ailleurs.

Les choses à faire :

* prendre soin de nos proches même à distance, parce que si eux vont bien physiquement/moralement, nous on ira bien aussi. 

* prendre soin de soi en continuant à se doucher, s’habiller, s’hydrater, se chouchouter. C’est quelque chose qui peut paraître absurde mais qui a son importance à mes yeux. J’en ai lu plusieurs qui s’en moquaient de leur apparence durant le confinement « puisque personne ne nous voit pas ». Mais c’est pour soi qu’il faut le faire, pas pour les autres. En gros, certains se lavent juste parce qu’ils sont en contact d’autres gens et sinon ils zappent. Quant au pyjama, il donne un rythme à la journée. Je suis contente de me déshabiller et de retrouver le mien le soir pour différencier la journée de la nuit.

* faire son lit, nettoyer son petit chez soi, ranger au fur et à mesure ce que je déplace. Après se sentir bien avec son corps dont on prend soin, c’est tout aussi important de se sentir bien chez soi et je pense qu’on aurait tendance à se laisser aller à mettre nos affaires partout si on multiplie les activités. Sauf qu’à un moment donné on se retrouve avec un bazar qui nous en fait perdre nos bras et on laisse tomber au moment du grand rangement de printemps. La pagaille s’accumule et on ne s’y sent pas bien. On voit nos murs 24h/24, ce n’est pas le moment de le délaisser, sinon c’est comme si on se laissait aller nous-mêmes. Faire des activités dans un endroit rangé permet de prendre davantage de plaisir à faire, à mes yeux aussi, donc on a envie de faire davantage de choses, ce qui peut éviter le fameux ennui.

* avoir des activités. J’ai fait la liste de ce que j’aimais faire, un peu comme une boîte à outils que je sors quand je ne me sens pas au top. Je fouine dans ma liste pour savoir ce qui est le mieux adapté à mon ressenti du moment. Cela évite de cogiter sur ce qu’on aime faire au moment où l’angoisse est trop présente et qu’elle sature les autres pensées. Là c’est écrit, il suffit de dire « oui », « non » en lisant la petite liste. On peut y trouver lire, écrire, faire de la peinture, du dessin, cuisiner et chercher de nouvelles recettes (faire du pain aura été ma plus grande passion durant cette période), apprendre à coudre, fouiner des infos sur ce qui me passionne, faire du tri (en vue du déménagement il m’en reste à faire), regarder un film/une série, faire du yoga, de la méditation, une activité physique (oui on peut bouger en restant chez soi, j’en reparlerai dans le post en lien avec la fibromyalgie) ce qui fait du bien autant physiquement que moralement, trier des photos ce qui permet de se replonger dans des souvenirs, écouter de la musique et se faire des playlists ou découvrir de nouveaux artistes, faire du jardinage même si c’est dans 3 petites jardinières comme les miennes, ça me fait du bien de voir mes fleurs, de toucher la terre et d’en prendre soin. Regarder des vidéos sur youtube pour apprendre à faire de nouvelles choses et fouiner sur pinterest pour trouver toutes sortes d’idées de DIY, quitte à se découvrir de nouvelles passions par la même occasion. Jouer, de mon côté ça va être des jeux sur mon portable comme candy crush, les échecs, le scrabble, mario kart.. des jeux qui permettent de fixer son attention sur autre chose et de se changer les idées. 

* continuer les projets professionnels. Il y a 1 mois et demi environ j’ai décidé de me rafraîchir la mémoire côté comptabilité et informatique pour augmenter mes chances de retrouver un emploi à temps partiel et depuis la maison quand je serai sur Nantes. Je m’étais achetée 2 livres de compta dans lesquels je me replonge. Et je fais des exercices qu’on trouve sur différents sites concernant word et excel. Ma mémoire et ma concentration étant ce qu’elles sont, j’en profite pour les faire travailler. J’avais fait une formation en secrétariat médical aussi, c’est pareil je revois surtout le vocabulaire médical. Cela me prend 2-3h par jour selon comme je suis

* un truc très bête mais qui me fait peur quand je vois et lis certaines choses. Continuer de manger normalement. Je sais que le fait d’être confinée risque de nous faire prendre du poids, mais diminuer ses rations pour éviter de grossir peut aussi être source d’humeur en vrac et c’est là qu’on risque de se jeter sur tout et n’importe quoi si on ne mange pas suffisamment durant les repas, ce qui n’arrange pas le moral, de se voir grignoter à longueur de temps. De mon côté je ne me vois pas me priver de nourriture maintenant. Je mange sainement, fais des choses que j’aime (j’en reparlerai dans un post où je parlerai anorexie, boulimie, compulsions durant le confinement, parce que j’y ai beaucoup pensé aussi. Et je dirai ce qui peut me faire peur par rapport à tout que j’ai vécu par rapport à ce cauchemar là).

* avoir l’impression qu’en se couchant, on a tout de même fait quelque chose de la journée et qu’on peut se coucher satisfaite de ce qu’on a réussi à faire malgré le confinement. S’endormir enrichie de quelque chose, quelle que soit la source de cet enrichissement.

* rire… il y a des jours où c’est très compliqué. Mais youtube est encore mon copain pour regarder des humoristes qui vont m’aider à me forcer à rire un peu. 

* applaudir à 20h pour les soignants et toutes les personnes qui aident à notre confinement d’une façon ou d’une autre. C’est générer de l’énergie pour nous aussi que de se retrouver au milieu de cette vague d’applaudissements pour montrer notre solidarité. 

* profiter du calme… je vis dans une route très passante avec beaucoup de klaxons à longueur d’années et je me suis aperçue à quel point ce bruit quotidien et en permanence pouvait nuire à mon bien-être aussi. J’en ai pris conscience en entendant les oiseaux qui chantent à tue-tête et j’ai découvert que les clochers sonnaient… c’est le point le plus positif que je trouve au confinement d’ailleurs. 

* la Terre respire sans nous… et c’est aussi bon de le prendre comme du positif et y penser pour voir le confinement sous un autre angle. 

* noter tous les petits bonheurs du quotidien. Les fameux petits soleils comme je les appelais sur ma page facebook il y a un temps. Ils ne prendront jamais davantage sens que dans cette période aussi anxiogène et perturbante qu’en ce moment. Si on est capables de les écrire à l’heure actuelle, le jour où on retrouve le courant de notre vie, ils seront encore plus simples à remarquer, ces petits bonheurs auxquels s’accrocher. 

 

Les choses à éviter

* passer trop de temps à regarder les actualités et à être sur les réseaux sociaux. On y voit tout et n’importe quoi et c’est anxiogène surtout si comme moi l’insomnie guette chaque nuit, c’est le meilleur moment pour lire toutes sortes de trucs qui vont être gérés de façon encore plus compliquée dans l’obscurité et le silence de la nuit . Mais ne pas s’isoler non plus comme je suis en train de le faire au moment où j’écris ce post. C’est nécessaire de trouver un équilibre.

* s’ennuyer. Je crois que c’est le pire durant le confinement. Je ne connais pas forcément ce sentiment, j’ai peu de moments où je m’ennuie, je m’estime chanceuse du coup, mais je sais que c’est le cas de beaucoup. C’est sûr qu’au bout d’un moment, ce sont toujours les mêmes activités qui reviennent au cours des journées, mais elles donnent un rythme malgré tout aux jours qui passent.

* compter les jours passés et les jours restants… c’est le meilleur moment de ne pas en voir le bout. Et c’est le meilleur moment pour apprendre à vivre l’instant présent. A chaque jour suffit sa peine comme on dit. C’est une expression qui peut compter double dans de telles circonstances. Il peut y avoir beaucoup de décès à gérer d’un seul coup aussi vue l’hécatombe et de la peine il y en a et il y en aura. De près ou de loin, les émotions peuvent être décuplées. On avance un jour après l’autre en voyant ce qui arrive au fur et à mesure.

* le passé peut ressurgir. Des épreuves qu’on croyait ensevelies ou pire guéries, en route vers la résilience depuis longtemps, qui refont bizarrement surface. Personnellement, vus mes souvenirs, je sais que c’est lié à des personnes que j’ai connues et qui viennent de mourir. Tout est en lien avec la mort en tout cas et la peur que j’en ai depuis que je suis enfant. Pour m’éviter de m’étouffer dans la merde du passé qui s’associe au présent, j’écris ce que je sens remonter dans le but de m’en débarrasser au moins au niveau de mes pensées. Je libère mon cerveau de tout ce qui pourrait le polluer (ce qui n’empêche pas que j’arrive à ne plus y penser, ce serait trop simple, mais tout ce que je découvre, arrive à analyser, je préfère que ça ne tourne pas trop dans ma tête). Je conserve une trace pour pouvoir évoquer ces choses qui ne sont peut-être pas bien colmatées et que j’aurai besoin de travailler encore quand je pourrai reprendre le suivi psy, surtout quand je réalise que ce sont des schémas qui se répètent ou des modes de pensées inadaptés qui reviennent dans chaque relation et chaque situation et qui pourront perturber mon avenir. 

*  se culpabiliser de ne pas se sentir bien… le nombre de fois où j’ai lu et entendu « vous n’avez qu’à poser vos fesses sur votre canapé avec netflix, c’est pas compliqué ». Ce n’est pas simple pour autant parce qu’on a tous des ressentis qu’il faut gérer et on fait comme on peut. Ce genre de phrase ne se dit pas. C’est sûr que mon confinement est plus simple que le combat d’une infirmière qui part affronter la mort, mais ma santé mentale en prend un coup et je n’oublie pas ce que j’ai déjà traversé en matière de dépression avec les conséquences qu’elle a pu avoir. Cela peut être légitime que je m’inquiète de me retrouver coincée seule. 

Le confinement peut entraîner des décompensations psychiques, d’où ce post parce que je suis toujours sur un fil et j’ai senti que je pouvais glisser à nouveau dans une dépression et je dois gérer des crises d’angoisse plus fortes qu’à l’accoutumée comme à une certaine période de ma vie et je ne veux pas revivre tout ce bordel, alors je tente de prévenir plutôt qu’à devoir à guérir à la sortie du confinement. Je m’aperçois qu’il a des effets destructeurs sur moi, un peu comme un démon qui tourne en rond en disant « tu croyais t’être sortie de certaines choses, ben non, regarde c’est toujours là, tu l’avais juste enfoui et je profite que tu sois bien face à toi-même, bien confinée pour tout te rejeter à la gueule ! » Je n’avais jamais connu un tel phénomène pour être honnête, pourtant je pensais avoir fait le tour de mon cerveau brouillé par des pensées erronées depuis des lustres, mais là il fait fort… Le but étant de ne pas faire pénétrer complètement le démon en soi… J’ai écrit les grosses lignes mais je me rends compte qu’il y a des éléments à développer, ce que j’essaierai de faire et surtout comme pour tout ce qui est écrit sur mon blog, tout ce que j’ai évoqué me concerne. Comme d’habitude je partage ce que je ressens et les moyens que j’ai de gérer les conditions de vie actuelles.

Prenez soin de vous. Restez chez vous. Et on n’oublie pas que ce n’est pas le virus qui bouge, c’est nous. Plus on respecte le confinement, plus on contribue au déconfinement progressif. De toute cette période, de toutes ces angoisses, il en ressortira quelque chose de positif. 

 

Gestion du Covid

Carnet de bord d’une confinée hypersensible – Jour 4 et 5

Jour 4 et 5 – Jeudi 19 et vendredi 20 mars 2020

Les jours risquent de vite se ressembler donc je rassemble un peu les journées pour ne pas avoir l’impression de me répéter. 

Les gens ont encore du mal à comprendre que le confinement n’est pas un truc inventé comme un jeu. A se demander combien il faudra de décès pour faire réagir que rester chez soi, autant qu’on peut, est le seul moyen d’endiguer le virus. Mais non postillonner deviendrait presque un sport national quand on surprend certains comportements. Je me suis transformée en mégère qui regarde dehors accoudée à son balcon, on dirait que je guette ce que font les gens, mais je m’alimente juste un peu des autres et de la vie que je perçois.

Mon corps commence à hurler de douleur, j’ai sorti un tapis de yoga jamais utilisé en 8 ans que j’habite dans ce studio là. Il aura fallu que je ne puisse plus faire travailler mes gambettes dehors pour que je le ressorte. Que j’aie envie de me mettre au yoga (pour mon corps mais aussi pour apaiser le flux mental beaucoup trop en forme pour mes deux neurones accrochés tant bien que mal à mon cerveau). Etre assidue aussi au Qi Gong que j’aime tant pour mettre en mouvement mon corps en marche doucement. 

Je ne m’ennuie toujours pas, aujourd’hui, vendredi donc, j’ai fait du pain de mie (chose que je n’avais pas faite depuis des lustres pour des raisons physiques, mais là j’allais manquer de pain et je ne veux pas sortir pour une raison qui me paraît idiote s’il y a juste à acheter, donc allez les biscottos, sans machine, juste mon mixer et ses fouets. Il n’a pas trop mauvaise bouille, ça va. J’espère que certains dentistes travaillent encore, si jamais je me cassais une dent dessus par contre. 

Je m’étais inscrite à des MOOCS concernant la comptabilité pour me remettre un peu dedans. Au moment de l’inscription je me disais que les cours risquaient de tomber dans la période où je serais sûrement dans les cartons et comment dire… je suis très loin d’eux, donc si si j’ai le temps de bien approfondir en long, en large et en travers. Excel et Word y passent aussi pour maximiser mes chances auprès d’un potentiel employeur à Nantes qui aurait envie de me donner ma chance à temps partiel…  Je n’en parle pas, mais ça tient pas mal de place depuis un mois dans mon quotidien et là, confinement ou pas, c’est pareil comme programme.

Vendredi était l’anniversaire de mon chéri. Il y a eu manque encore plus grand de ne pas pouvoir sauter dans ses bras en criant « joyeux anniversaire ». On se rattrapera… 

J’ai accumulé les crises d’angoisse (le débarquement de 640 croisiéristes chez nous ne m’a pas arrangée). Ils m’ont fait penser à des poux dont on n’arriverait jamais à se débarrasser. Les savoir éparpillés dans des bus, des avions, à Marseille, m’a fait paniquer… surtout en découvrant le nombre de personnes positives. Comme une trainée de poudre je me suis sentie en danger pour la 1ère fois, dans le sens où depuis le début j’ai l’angoisse de perdre mes proches à cause de ça et que je passe en dernier. Ce qui ne m’empêche pas de me protéger évidemment. 

Et une question existentielle pour le coup m’est venue une fois de plus, mais là un peu plus forte. A quel moment j’allais pouvoir faire 4h30 de tgv pour voir mes proches et 6h30 pour aller voir mon chéri. L’inconnu m’a collé une boule au ventre. Et la pensée « je ne les reverrai peut-être jamais ! » m’a finie. De parler avec mes parents, mon chéri m’aura un peu apaisée. De parler d’autre chose aussi. 

Ce n’était pas 2 jours au top. Je reconnais une fois de plus que je m’estime chanceuse, mais il y a des paramètres à prendre en compte. Dire qu’il suffit d’être sur notre canapé en train de regarder une série, n’est pas aussi simple. Je me suis sentie devenir folle cette après-midi, parce que j’étais submergée par un tas d’émotions que je ne maîtrisais plus. Et puis ce n’est pas parce qu’on va se « plaindre » qu’on ne réalise pas qu’on n’est effectivement pas aux 1ères loges. De mon côté j’ai peur de sombrer dans la dépression parce que je me sais fragile. Et c’est un élément à prendre en compte à mes yeux. 

Demain je ferai une liste de ce que le confinement m’a apporté en une semaine, malgré tout. 

N’hésitez pas à me dire en commentaire comment vous vous sentez, comment vous allez ainsi que vos proches, comment vous gérez cette situation particulière et inédite. 

 

 

Gestion du Covid

Carnet de bord d’une confinée hypersensible – Jour 3

Jour 3 – Mercredi 18 mars 2020

Eviter les réseaux sociaux peut aussi faire du bien dans ce genre de moment, parce que c’est très anxiogène. Aujourd’hui ils ont dû utiliser un Airbus pour transporter des patients de ma région natale vers Toulon par manque de lits en réanimation. A quel moment on en est venu à utiliser un avion pour évacuer autant de malades en France… Ca donne une autre dimension encore à la pandémie. Tous ces gens déclarés positifs. Tous ces décès. Toutes ces personnes qui ne réalisent pas encore le sens du mot « confinement ». Je finis par fondre en larmes en ayant mon chéri au téléphone, parce que complètement angoissée. Est-ce qu’il a compris mes raisons, je n’en sais trop rien, ce n’est pas important. 

Ne pas savoir quand tout se terminera est anxiogène aussi. Une autre sorte d’attente que je vis déjà depuis mi-décembre dans notre situation, avec lui à Nantes et moi ici. Je deviens tellement dingue que je me dis que la vie et le destin n’a pas envie de nous rassembler. Que c’est un signe bien triste du destin pour l’avenir… 

En parallèle, je me rends compte que je ne connais toujours pas le mot « ennui » et que me retrouver face à moi ne me dérange pas. Au moins quelque chose qui n’est pas anxiogène. J’ai fait le maximum pour avoir l’esprit occupé cette après-midi. Merci toujours facebook et instagram où je retrouve l’envie de partager davantage. Essayer d’être là aussi pour les personnes que j’apprécie et qui ne vont pas bien pour différentes raisons, qui ont appris de mauvaises nouvelles. 

Je me sens vide depuis plusieurs jours, comme si tout s’était refermé en moi. Le seul moment où je ressens de la vie se propager en moi, c’est quand ma porte-fenêtre, ouverte sur mon balcon et sur les autres (certains voisins des immeubles en face, semblent avoir découvert qu’ils avaient des volets et des fenêtres qu’ils pouvaient ouvrir, alors que je croyais que c’était inhabité). C’est tellement paradoxal d’ailleurs. On se confine pour éviter la mort finalement et en même temps, les gens ouvrent en grand leurs fenêtres comme si tout le monde avait besoin de se remplir de la vie des autres confinés. 

Ce soir, RV à 20h pour applaudir pour montrer notre soutien aux soignants et aux personnes qui sont là pour nous, qui prennent des risques. Je ne me faisais pas forcément beaucoup d’illusions, hier soir j’étais seule sur mon balcon à ne pas oser frapper dans mes mains, discrète comme je suis. Et ce soir, j’entends le couple qui habite juste à côté de chez moi taper dans leurs mains, du coup je m’y suis mise aussi et d’un coup on a vu toutes des petites têtes dépassées des fenêtres, à applaudir, chanter, crier. J’ai senti une vague de chaleur remplir mon corps et mon coeur. Une énergie disparue qui est subitement montée tout le long de mon corps et qui m’a donné les larmes aux yeux et ça m’a fait du bien. Nous étions solidaires, reliés par nos mains qui applaudissaient et j’ai été plus apaisée toute la soirée. Je me suis dit que l’être humain pouvait être surprenant… décevoir et émerveiller en quelques heures. 

A demain, 20h pour dégager le maximum d’énergie. On en a besoin. Tous. Ceux qui sont en 1ère ligne et nous. Ensemble on avance plus vite.

Et on continue à appliquer le #jerestechezmoi Pour stopper l’évolution de ce virus qui se balade un peu trop librement à mon goût… Et on continue de respecter les consignes. Plus on le fait, plus le confinement se réduira. Chacun(e) est responsable de l’autre. 

Gestion du Covid

Carnet de bord d’une confinée hypersensible – Jour 2

Jour 2 – Mardi 17 mars 2020

Je me réveille remplie d’angoisses. Toutes les questions, craintes, pensées se bousculent au portillon de mon ciboulot. 

Mes parents, mon frère et sa tribu qui se retrouvent dans la région où le virus a fait le plus de dégâts. J’aurais aimé les mettre sous cloche pour les protéger. On ne savait pas encore quelles seraient les décisions prises côté travail. J’ai demandé du soutien sur facebook parce que je me fais peur parfois, il faut bien le dire. La crainte du décompensation psychologique se coince entre 2 neurones me fait paniquer encore davantage. Tous mes symptômes de dépression et d’anxiété généralisée me sont renvoyées en pleine gueule et sont remontées tellement vite que je ne sais pas comment gérer ça. Un comprimé de valium pour m’aider à faire descendre l’angoisse qui me ronge et j’arrive enfin à m’assoupir dans l’après-midi. 

Comment ça se passe à ce moment là dans ma tête d’hypersensible ? C’est faire l’éponge et prendre tout le malheur du monde sur ses épaules et colmater chaque cellule du cerveau avec des angoisses qui ne m’appartiennent pas, mais que j’absorbe malgré tout. Tous ces décès en Italie, nous confinés qui risquons d’avoir le même avenir. Je me suis sentie prisonnière, j’ai pleuré une bonne partie de la journée. Pas pour moi. Pour les autres. Ceux que j’aime. Mais aussi pour tous ces inconnus déclarés positifs. C’est s’en prendre plein la gueule une nouvelle fois. La difficulté étant que les nuits sont courtes, donc pas de possibilité de récupérer moralement et le corps, n’en parlons pas. 

Ce confinement me renvoie à des sales périodes du passé. Je me suis retrouvée en déconditionnement physique au début de la fibromyalgie. Je ne pouvais plus marcher du tout, il avait fallu des mois de rééducation. La peur de revivre ce moment commence à naître du coup je tourne en rond chez moi parce que je n’ose pas sortir même sans personne autour de moi et malgré l’attestation de sortie qu’on doit avoir sur nous à chaque sortie. Mon corps commence à souffrir davantage, je ne sais pas comment le gérer lui non plus. Il faudra que je trouve des exercices pour que mes muscles ne lâchent pas déjà au bout de 2 jours. 

J’ai l’habitude de passer plusieurs jours d’affilée seule chez moi, à ne voir personne, à ne pas pouvoir sortir parce que pas en état. Je me suis toujours occupée, ce n’est pas le problème. Et puis il n’est pas question de vie et de mort non plus d’habitude. 

Je découvre dans l’après-midi à quel point je suis contente de voir des visages à travers les stories instagram. Je vois bouger, des expressions de visages derrière mon écran et me sens d’un coup moins seule. Le #happyconfinement est lancé parce qu’il faudra voir le positif de chaque jour du confinement pour nous aider. Mon pessimisme est mon pire ennemi dans l’histoire si je le trimbale jusqu’au bout du confinement, donc il faut le rompre le plus vite possible. Chose faite grâce aux amies sur facebook qui me connaissent bien et les copinettes instagram. 

Et c’est fou à quel point le silence fait du bien. Déjà le matin, les klaxons ne sont pas au RV, les oiseaux chantent. Je prends plaisir à ouvrir mes volets et ma fenêtre, à me remettre sous ma couette et sentir l’air frôler juste mon visage et écouter le silence (oui il s’écoute, mais on ne prend pas le temps de le faire parce qu’il est parasité d’habitude et surtout on ne prend pas le temps, la vie va trop vite…). La nature se réveille et prend le dessus et c’est bon. J’ai le réflexe de me dire que la planète va au moins respirer de nos confinements. Un point positif pas négligeable. Et il ne faudra sûrement voir que ça si on veut avancer : le positif.

Je dis plus haut être habituée à l’isolement. Mais il y a toujours une sorte de culpabilité et je m’interdis de faire certaines choses, parce que je devrais être en train de travailler. Là je me rends compte que les choses se font aussi plus spontanément, plus librement, sans culpabilité et je réalise que finalement je suis plus productive dans la journée. Parce qu’on réinvente aussi notre quotidien, dans une vie confinée mais dans laquelle on ne doit pas rester enfermée pourtant pour ne pas s’y noyer. Garder le contact, arrêter de se dire que je n’apporte rien et partager celle que je suis avec ce que j’aime. On fait toutes comme on peut et c’est tout ce qu’on garde en soi. Avec des difficultés différentes. 

Je me dis que m’ouvrir aux autres sera peut-être à faire davantage dans les jours à venir. Mais en allant vers des personnes qui arriveront à me tirer vers le positif même en ayant des coups de mou elles-mêmes. (Oui on peut être des personnes positives et se sentir moins bien par moyens, on appelle ce phénomène, l’humanité) Et entre tout ce que j’ai vu les jours précédents et de ce que je vois de la vie en général, j’ai perdu foi en l’humanité et je ne le souhaite pas, surtout pas dans des circonstances pareilles. On a besoin d’avancer ensemble. De faire une entité. 

 

Gestion du Covid

Carnet de bord d’une confinée hypersensible – Jour 1

Un peu de liberté…

Jour 1 – Lundi 16 mars 2020

Pourquoi ai-je tenu à rajouter le « hypersensible » ? Parce que cela prendra tout son sens durant tout le long du confinement, étant donné que c’est un trait de caractère qui m’est propre qui, je le sais, me desservira dans ma gestion des émotions durant cette période. Chaque jour, j’écrirai comment j’ai vécu la journée, ce que j’ai fait, ce qui a pu se passer dans ma tête, dans mon corps aussi, dans mon corps. Je sais que tout sera changé après cette pandémie. Ma façon de voir les choses, des priorités qui changeront sûrement. Je l’ai ressenti dès le début, qu’on en ressortirait tou(te)s différent(e)s. 

Petit retour en arrière avant le confinement officiel. J’étais malade près de 10 jours la semaine qui a précédé. Un état grippal qui me rendait k.o et qui m’a clouée au lit. Vendredi, j’ai dû faire quelques courses, frigo et placards criant famine puisque j’avais pris la décision de ne pas prendre le risque de partir à Nantes où je devais rejoindre mon chéri. La peur de transporter cette merde et que mes défenses immunitaires laborieuses n’arriveraient pas à me tirer d’un tel virus si jamais je l’attrapais, donc mon billet, je l’ai annulé à contrecoeur, mais avec conscience de ce qui était déjà en train de se passer contrairement à d’autres. Samedi matin, je suis partie marcher dans le parc à côté de chez moi en faisant déjà attention à ne m’approcher de personne. Samedi soir, il a été décidé que les restaurants, bars fermeraient leurs portes. Encore une étape qui m’a convaincue de m’auto-confinée dès le dimanche. Pour protéger les autres et moi. 

Le jour 1 sera lundi pour moi. Ce jour où par mesure de sécurité et en devinant que lors de son allocution du soir, E. Macron annoncerait les conditions de confinement. Il faut dire que les inconscients du w-e en allant s’agglutiner dans les parcs n’ont pas arrangé les décisions qu’il fallait prendre en urgence. La journée a passée avec beaucoup de colère, je bouillonnais de l’intérieur, me suis retenue de dire merde et leurs 4 vérités à certaines personnes. Ma colère s’est transformée en angoisse profonde, celle qui crée une énorme boule au niveau du plexus et de l’estomac et qui empêche de respirer. La nuit est terrible dans ces moments là. On ne peut pas dormir parce que le bouton off n’a toujours pas été créé pour stopper les pensées dans notre ciboulot et ce dernier crée des pensées qui n’ont ni queue ni tête. On en vient à penser à tout et n’importe quoi et à être incapables de se raisonner et être objectives. Bref j’ai perdu la boule. Le lundi, il a fallu compléter mes courses pour être sûre de ne pas devoir ressortir trop souvent. Le but étant de ne pas se balader sans arrêt. On n’oublie pas que le virus contre lequel on lutte à échelle mondiale ne bouge pas, c’est nous qui le bougeons. Donc stopper nos mouvements devient le seul moyen pour éviter qu’il se propage.

N’allant pas très vite pour marcher, on peut dire que j’ai filé droit aussi vite que je pouvais malgré tout, jusqu’au 1er petit supermarché près de chez moi. Une file d’attente à l’extérieur m’attendait. Mais les gens étaient responsables, on s’est tous mis à distance les uns des autres automatiquement. Et on est entrés par 5 dans le magasin. A part les fruits et légumes (promis les miens ne m’ont toujours pas attaquée, n’hésitez pas à en acheter, ils vont se sentir délaissés au milieu des paquets de riz et de pâtes dévalisés par 15 paquets par certains). J’y ai vu tout l’égoïsme qu’un être humain peut posséder mais ce n’est pas nouveau. La nature humaine se montre sous son vrai jour dans de telles circonstances et ce n’est pas beau à voir. Sans compter le fameux papier wc, volatilisé des rayons. Apparemment les gens ne savaient pas que le Covid 19 n’entraînait pas de diarrhées…. ou alors ils avaient prévu le coup pour utiliser les rouleaux vides pour faire des activités créatives avec leurs enfants. On ne saura jamais ce qui se cachait derrière le mystère du papier wc kidnappé. 

C’est en rentrant chez moi que j’ai réalisé dans quoi on était embarqués… J’étais contente de ne pas être partie finalement parce que j’aurais eu des soucis pour revenir, mais le manque d’amour de mon chéri a été pesant pendant cette journée. 

A la fin de chaque post, j’aurai un mot pour le personnel soignant, les personnes qui travaillent dans les supermarchés et qui permettent qu’on puisse s’alimenter, les personnes qui n’ont pas pu faire de télétravail et qui sont sur leurs postes de travail. Des personnes exposées quotidiennement face au virus. #restezchezvous étant la seule façon d’aider pour ne pas propager davantage cette saloperie. Mais cette impuissance est terrible. Une pensée également pour les personnes qui sont à risque, aux personnes sdf oubliées. Et j’en oublierai sûrement, mais le coeur y’est.

 

Projets des copinettes

Souvenirs d’enfance #2 – La colline

J’avais déjà la fâcheuse manie de tirer la langue sur les photos…

Tous les mercredis, Julie nous propose de raconter l’un de nos souvenirs d’enfance. Je suis en retard cette semaine, mais voilà ma petite participation de la semaine malgré tout.

J’ai habité en Alsace, dans le même quartier pendant 22 ans. Il était constitué de 4 immeubles où j’avais toutes mes amies. Et quand j’étais enfant, on avait la chance d’avoir une grande colline qui jouxtait la résidence. On avait aussi de la neige encore à cette époque et tous les moyens étaient bons pour glisser du haut de la colline, avec tout ce qu’on pouvait trouver. J’avais pourtant une luge en bois, mais une année, on avait trouvé des bouts de polystyrène (j’aurai toujours des soucis à écrire ce mot décidément, merci google) et on descendait plus vite que nos ombres. J’étais toute rouge à cause du froid et puis je courais comme une dingue, aussitôt arrivée en bas, je remontais à toute allure, il ne fallait pas perdre une minute de ces moments là. Et au bout de plusieurs allers-retours, mon visage était assorti à ma combinaison comme vous pourrez le constater sur la photo que je mettrai. Mon père venait nous retrouver pour voir ce qu’on faisait après son travail et quand il nous a vu nous éclater autant avec nos luges improvisées, il en a pris un morceau et nous a rejoint. Il était aussi dingue que nous à s’amuser et descendre la colline. Un souvenir dont il parle parfois. La colline a disparu peu de temps après pour faire des maisons mais nos souvenirs avec, été comme hiver, restent bien au chaud toujours aux mêmes endroits. Le coeur et le tiroir à souvenirs dans ma petite tête. 

A mercredi prochain, à l’heure cette fois-çi j’espère. Prenez soin de vous. 

Projets des copinettes

Souvenirs d’enfance #1 – Les patins à roulettes

Je quittais mes patins malgré tout parfois, la preuve en image !

Je reviens sur mon blog après plus de 6 mois d’absence, avec le RV du mercredi, « Souvenirs d’enfance », lancé par Julie et auquel je participerai tous les mercredis (si une chose n’a pas changé depuis le mois de juin, c’est bien ma mémoire de poisson rouge, donc il se peut que j’oublie parfois, sinon ce ne serait plus moi). Mon enfance étant ce que j’ai de plus précieux, c’est compliqué de passer à côté de cette participation qui me fera du bien par contre, donc me voilà.

J’avais 8-9 ans quand ma grand-mère maternelle m’a offert une paire de patins à roulettes, pour Pâques. Ceux qu’on avait la chance d’avoir dans les années 80, ceux qu’on mettait avec nos baskets et dont les roulettes étaient parallèles. Je me vois encore devant sa maison, qui est celle de mes parents maintenant, en train de faire des allers-retours, jusqu’à la tombée de la nuit. Je faisais un de ces bruits en déboulant comme une dingue sur la barrière métallique. Oui parce que je rencontrais les mêmes difficultés qui m’ont suivies ensuite avec des rollers : ne pas être douée en freinage… Donc je me laissais tomber sur la barrière, dans un vacarme qui devait plaire à l’entourage, avec une telle discrétion… Il fallait m’appeler plusieurs fois pour me faire rentrer et si j’avais pu, je suis sûre que j’aurais été me coucher avec mes patins. Aussitôt levée et habillée, je partais rouler et m’étaler sur la fameuse barrière dans ce vacarme dont j’avais le secret. Un genre de « schttonnggg » qui faisait tout vibrer (ce qui expliquerait peut-être mes neurones un peu cahotiques, maintenant que j’y pense). Le goût de patiner ne m’a jamais quitté depuis ce jour là. On a une photo, où on est avec mon frère, lui dans sa poussette et moi avec mes patins, jusque là rien d’anormal. Sauf qu’il y avait de la neige ! Je les aimais tellement mes patins rouges vifs que même l’hiver je grimpais dessus. J’étais jeune et inconsciente, qu’est ce que vous voulez halala. Merci petits patins à roulettes de m’avoir autant donné de plaisir, je ne vous oublierai jamais. Merci mamie pour ce cadeau précieux et pardon de t’avoir fait peur, j’entends encore tes « mais elle va se faire mal ! Elle va tomber ! Vas pas si vite !! » 

A mercredi prochain ! Prenez soin de vous.