Coin musique

5 compositeurs qui m’ont emportée

« La musique est la langue des émotions », E. KANT

Ce week-end en écoutant un morceau, j’ai réalisé que je n’en avais jamais parlé par ici. Enfin si, j’ai parlé de musique, de flûte, mais jamais de ce que j’aimais réellement dans ce domaine (on sait qu’en parallèle, le métal symphonique fait aussi partie de moi, par contre. Entre autres, parce qu’il y a peu de styles de musique que je n’écoute pas). Si vous n’aimez pas la musique classique, vous n’allez pas être servis par contre ^^

Au fil du temps, en découvrant les compositeurs, leur période aussi, j’ai découvert mon penchant pour le baroque. Et s’il est italien, c’est encore mieux 🙂 Cela ne m’empêche pas d’aimer d’autres petits génies et de ne pas en supporter certains, dont Mozart (honte à moi ^^ mais il faut dire qu’il m’a torturée avec certains de ses morceaux que j’étais obligée de jouer, à l’école de musique. Déjà que je ne le portais pas dans mon coeur, là, il m’a achevée 🙂 )

Alors qui sont ceux pour lesquels j’ai un attachement particulier et que j’écoute le plus souvent…

1- Vivaldi

Si je devais n’en garder un, ce serait lui d’ailleurs. Mon petit chouchou. Le « prêtre roux », violoniste avec lequel, à peu près tous les instruments ont eu droit à un concerto. Il était complet (et ne s’arrête pas aux 4 saisons comme beaucoup le pensent, loin de là) dans ce qu’il faisait et je me demande souvent où il a trouvé toutes ces inspirations pour faire naître autant d’oeuvres. C’est le seul dont je me rappelle la date de naissance exacte en plus, parce qu’il est aussi né en 78… bon, on a juste 3 siècles d’écart mais c’est un détail ^^). Je me retrouve dans ses oeuvres. Dans les mouvements lents, il est capable de piquer des petites pointes et inversement avec ceux rapides qu’il ralentit parfois, du coup, il surprend celui qui écoute, parce qu’on ne s’attend pas à ce qu’il fasse ce changement. Je me dis parfois qu’il avait une humeur torturée… être calme et laisser pourtant sa « violence » s’envoler en plein milieu d’un mouvement même s’il est noté lent, il savait casser cette structure. Et le baroque a lui-même un côté un peu mélancolique, donc tout rassemblé, il ne pouvait être que mon petit chouchou aux multiples facettes, jouant avec les différentes clés comme si de rien n’était.

 

2- Marcello

Un copain de Vivaldi. Une affection particulière parce qu’il a écrit un concerto pour hautbois qui est l’instrument dont jouait mon papa et c’est lui qui me l’a fait découvrir, parce qu’il a la partition et que j’ai pris plaisir à le jouer (enfin tenter serait plus juste ^^). 

3- Dvorak

Loin d’être baroque et italien (sans blague ! ^^), il m’a embarquée malgré tout, avec sa symphonie du Nouveau Monde entre autres. Il avait une puissance en lui qui réveille tout en soi, c’est tumultueux et émouvant à la fois, déclencheur de jolis frissons. On arrive à vivre avec lui, ce qu’il a pu ressentir au moment de débarquer dans son « nouveau monde ». Neil Armstrong avait d’ailleurs emmener un enregistrement pendant la mission Apollon 11. Il allait marcher dans un nouveau monde, lui aussi 🙂 C’est symbolique pour les deux du coup et j’aime ce qui est symbolique pour les gens…

 

4- Saint-Saëns

Je l’ai découvert encore grâce à mon papa (oublié de dire que c’est grâce à lui et à sa propre passion pour la musique classique que j’en suis devenue moi-même amoureuse, c’est quelque chose qu’on a partagé et partage toujours, même à distance. La symphonie n°3 m’impressionne. Il était organiste lui-même et a mis l’orgue en avant, mais à la 27′, il l’assemble avec un piano à 4 mains et tout ce petit monde joue avec l’orchestre dans un accord parfait, ce qui donne une belle dimension à son oeuvre à mes yeux. 

 

5- Bach

Je vais radoter, mais il vient lui aussi de la période baroque. J’aime les notes qui « dégringolent » toutes seules et puis j’aime beaucoup l’orgue, pour lequel il a écrit beaucoup d’oeuvres. Les ptit(e)s flûtistes ont tous essayé de jouer sa badinerie exprès pour nous, à nous massacrer les doigts :p 🙂 

 

Est-ce que vous aimez la musique classique ? (si vous êtes arrivés jusqu’à cette question, c’est que oui, normalement 🙂 ) Des compositeurs auxquels vous êtes plus attachés ? 

Coin musique

Cet instrument qui n’était que la continuité de mon corps

(article écrit d’avance et programmé pour le 20 mai si tout va bien… s’il y a toujours cette petite annotation, c’est que je ne vais pas bien et que j’en suis au point de ne plus arriver à en être désolée de mon retard pour les commentaires que vous laisserez…. je rattraperai tout, dès que possible…)

Ma flûte au milieu des partitions… un autre temps….
Il y a 2 ans, j’avais voulu garder une trace photographique de « nous deux »
Les fameux trous qui sont durs à boucher avec des doigts d’enfant 🙂

Je me revois, du haut de mes 8 ans aux portes ouvertes de l’école de musique de notre ville. On avait la possibilité d’essayer les instruments avant de se décider pour l’enseignement de l’un d’entre eux. J’étais déjà attirée par la flûte traversière, je n’ai jamais su pourquoi, mais c’est la 1ère classe où j’ai demandé à aller. Elle brillait de mille feux et envoyait un son tellement pur et doux, ce sont mes yeux qui ont commencé à briller pour le coup. Et puis je l’ai tenue, le prof m’a montré la base : déposer mes lèvres sur le bec de façon à émettre un son. Et je suis rentrée à la maison en annonçant que je voulais être une petite flûtiste. 

J’avais déjà fait une année de ce qu’on appelle la méthode Orff, dont le but est en gros, faire découvrir à l’enfant ses facultés musicales, la création, l’improvisation, le rythme. J’assommais les copains avec mes baguettes de xylophone, tapais sur les cymbales comme si j’avais utilisé 2 couvercles de cuisine et le triangle était top sauf que le rythme n’a jamais été mon fort mais maintenant encore, du coup, je frappais dessus, fièrement…. avec une mesure de retard… et puis d’avance, histoire de me rattraper le coup suivant :-p 

Et puis l’année suivante, j’ai donc commencé les cours de flûte, le solfège et le chant. Au début, nos 1ères flûtes ont des petits capuchons en plastique qui servent à boucher les trous, pour compléter le travail des petits doigts qui souvent n’arrivent pas à aller assez loin pour bien fermer le trou et du coup, évidemment la note est catastrophique. J’ai appris la respiration ventrale et puis les capuchons se sont retirés au fur et à mesure que je pouvais positionner mieux mes doigts, qui sont d’ailleurs déformés, ceux de la main droite. Ils partent vers la droite comme le suppose la position. Chaque année, on avait des examens pour passer au niveau supérieur. J’étais plus morte que vive, de me voir jouer avec le piano, avec qui je n’étais jamais d’accord, vu le super rythme que je n’avais pas en moi. Par contre, j’avais mes doigts qui couraient vite sur les touches, une jolie vélocité qui compensait un peu et au fil des années, il a fallu commencer à jouer les partitions par coeur et là, j’ai découvert la liberté d’exprimer les notes que je ne lisais plus. Et puis j’ai changé de prof aussi peu de temps après, elle m’a aidée à lâcher tout ce que j’avais en moi, à faire traverser tout ce que j’avais à travers ce tuyau qui ne faisait désormais plus qu’un avec moi. Je jouais timidement, du coup mon souffle était souvent coupé, elle m’a appris à avoir confiance davantage en moi et à ne pas avoir peur de jouer fort, à mettre des nuances, à ressentir les choses. Je suis restée 9 ans dans cette école, gravissant les niveaux. J’ai arrêté l’année avant où certains vont ensuite au conservatoire parce que pour l’école, c’est 10 ans. Ce n’était pas mon objectif déjà et puis je n’aurais pas eu le niveau. Et c’est la période où je suis aussi tombée dans l’anorexie, j’avais du mal à concilier mon BEP à l’époque et la dernière année, j’y passais 4 soirées  par semaine, entre les cours de flûte, le solfège, le chant et le petit orchestre dont je faisais partie. On commençait à faire des drôles de sons avec nos flûtes, les compositeurs contemporains nous faisaient faire de drôles de choses :/ et moi mon style, c’était plutôt le baroque, Vivaldi étant le compositeur que j’ai toujours affectionné davantage. Alors je suis partie, riche de toutes ces années passées…. et je crois que c’est là que j’ai pris le plaisir de jouer bizarrement. J’interprétais le morceau comme je le souhaitais, n’avais plus de pression et je me suis comme libérée. J’ai remis dans ma ptite tête tous les conseils donnés par la prof qui avait éveillé en moi des choses que je ne soupçonnais pas et je laissais tout sortir comme je le souhaitais. 

Il n’y avait que nous qui existions. Moi et ma flûte. Plus je jouais, plus elle se réchauffait de mon air, plus elle prenait de la chaleur, plus le son était lui aussi plein de chaleur au milieu de la douceur. J’y mettais ma vie, de mon oxygène dans ce tube aux touches brillantes de 1000 feux, c’est comme si elle vibrait en elle et en moi, dans mon corps. Le coeur qui s’emballe, le ventre qui se gonfle, le diaphragme qui s’ouvre, le plexus qui s’élargit pour laisser la place aux poumons de prendre à leur tour de l’air et d’un coup, tout cet air emmagasiné est envoyé et les doigts courent sur les touches, avec délicatesse et cette douceur que je voulais tant conserver malgré les mouvements plus rapides, je ne voulais pas la brusquer, sinon je l’aurais ressenti moi aussi dans mon propre corps. Jouer un mouvement rapide justement, ne pas se mettre de pression si les doigts s’emmêlent les pédales, on peut recommencer encore et encore. C’est çà de toute façon, jouer d’un instrument, ne pas avoir peur de répéter sans arrêt les mêmes fragments de phrases qui sont plus compliqués à jouer, comme une gymnaste qui répète les mêmes sauts jusqu’à y arriver. Plus on travaille, plus on y arrive et d’un coup, cette fameuse phrase sort comme si de rien n’était. Arriver au bout et ressentir cette paix en soi, comme la libération d’endorphines. Elle était ma drogue, j’avais besoin d’elle pour me sentir en vie, pour oublier. Durant l’anorexie, j’étais plus fatiguée de souffler dedans, mais je n’ai jamais joué autant. Je me sentais mourir par moments et la chaleur que je dégageais en elle me rappelait que j’étais toujours en vie et qu’elle ne m’abandonnait pas.

Et puis, un jour, je n’ai plus réussi à la tenir, parce que mon bras n’arrivais plus à se mettre correctement où il devait arriver. Et elle est devenue lourde à porter. Et pire, mes doigts de la main droite ne pouvaient plus courir sur les touches… C’était il y a 8 ans… 8 ans qu’elle me manque, que je me sens vide sans elle, que je ne la réchauffe plus en la prenant dans mes bras. C’est comme si on m’avait enlevé une partie de moi-même, vue que je ne faisais qu’une avec elle, il manque un bout à mon corps. J’y pense souvent et quand j’entends quelqu’un en jouer, mon cerveau se souvient de ce que je ressentais, j’imagine le doigté et visuellement je joue, positionne ma bouche et souffle. Dans mes pensées. Dans mes rêves. 

J’ai toujours admiré les personnes qui étaient passionnées par quelque chose, c’est en terminant un livre dont je parlerai, que je m’en suis fait encore une fois la réflexion. Mais je me rends compte que moi-même j’étais une de ces passionnées. Elle a été ma passion durant les 20 années que j’ai réussi à en jouer et elle est restée gravée en moi. 

La morale étant de profiter de vos passions, de ce qui vous fait vibrer au plus profond de votre être, parce qu’on peut vite perdre l’usage de quelque chose qui nous empêche d’en profiter encore… Vivez les pleinement….

Depuis mes 8 ans, j’ai eu un grand Maître à mes côtés (enfin par la pensée du moins ^^ je n’ai malheureusement jamais eu l’occasion de le voir en concert), Jean-Pierre Rampal, le plus grand flûtiste français qui a marqué ses élèves, dont Emmanuel Pahud dont on entend souvent parler si on aime la musique classique, parce qu’il a repris le flambeau de son Maître, celui qui l’a guidé pour être le soliste reconnu qu’il est devenu. Rampal avait cette douceur qui me faisait vibrer autant, on n’entendait jamais qu’il attaquait les notes, tellement c’était subtil et léger. Il avait un son cristallin et pur qui le rendait unique. Du coup, avec mon papa, quand on écoute de la musique ensemble et qu’il y a une flûte, on se regarde et on donnerait nos mains à couper que c’est « notre Jean-Pierre » comme on l’appelle, qui passe à la radio. Cà fait 15 ans aujourd’hui qu’il est mort… J’espère qu’il continue à jouer parmi les anges… 

Je vous laisse en musique…