
***** Je tiens juste à rappeler que mon blog n’est pas un forum et que je ne souhaite pas que des histoires de tièrces personnes soient racontées. Je comprends que ça fasse partie de votre histoire aussi si vous êtes en couple avec une personne borderline, mais la personne concernée n’a peut-être pas envie de voir son histoire affichée sur un blog par contre… De plus, je ne suis ni médecin généraliste, ni psychiatre, ni psychologue, je suis juste en mesure de dire ce que je ressens et encore, on est tous différents. Mais merci de ne pas me demander si je pense que telle personne est borderline ou pas, conduisez la personne chez un psy, pour ça, elle sera aidée au mieux. Merci pour votre compréhension…. *****
J’ai souvent des mots clés en rapport avec ce sujet. Les gens semblent se demander comment se conduire avec leur conjoint(e) borderline. Et ces dernièr(e)s se posent des questions sur leur façon de gérer leurs sentiments. C’est récurrent dans les recherches qui sont faites en arrivant par ici. Je suis moi-même un peu « embêtée » par tout çà et me pose énormément de questions. Si je suis célibataire, c’est en grande partie parce que je ne me donne pas le droit d’aimer et d’être aimée, à cause de ce trouble qui peut faire des ravages dans les relations. Je me souviens des mots de ma psy « malgré votre trouble, vous arrivez à tisser des liens, c’est un effort, mais vous restez »… mais à quel prix. En amitié, c’est déjà très compliqué à gérer tout çà. J’ai souvent besoin de me protéger, parce que je ressens tout de façon démesurée dans mes émotions. Alors en amour…
Mais qu’est ce qui bloque chez nous ? Qu’est ce qui fait qu’aimer et être aimé(e) pose autant de soucis ? Les personnes borderline ont des conduites à risque, ce n’est pas neuf (boulimie, sexe, alcool, drogue etc…), par contre, en lisant des sites pour écrire cet article, je me suis rendue compte qu’on était beaucoup étiquetée « recherche sexe à outrance » en gros. Alors personnellement, je suis célibataire et n’ai pas eu de partenaires depuis très longtemps. Je ne fais donc pas partie des personnes qui vont chercher dans le sexe, un moyen de remplir le vide et le manque d’affection qu’on peut ressentir dans ces cas là.
Je suis quelqu’un pour qui mes limites sont extrêmes (d’où le terme « état limite », parce qu’on frôle la frontière de la psychose et de la réalité), c’est soit noir, soit blanc, que ce soit dans mes sentiments ou dans mes émotions entre autres. L’amour et la haine vont ensemble, mais pour moi, la frontière est très fine, un peu plus que chez les personnes qui n’ont pas ce trouble. J’ai du mal à savoir qui je suis, pour qui, du coup, en couple, j’aurais sans arrêt besoin d’être rassurée sur ce que mon conjoint ressent pour moi, ce que je lui apporte, pourquoi il est avec moi, si je l’aime assez de mon côté etc… (le pire c’est que je ne suis pas jalouse à outrance, donc je n’aurais pas ce souci là au moins) et je sais que çà peut être usant d’être toujours dans le doute, pour moi comme pour celui qui vivrait avec moi, parce que çà suppose de répéter sans arrêt les mêmes choses. Je vais les entendre, les écouter et les assimiler un moment, du coup je vais être un peu plus sereine et puis d’un coup, je vais me remettre à me poser des questions et à redemander ce que je rumine (on est douées dans ce domaine….) et çà peut lasser le partenaire, ce que je peux bien comprendre, parce que çà me fatigue moi-même de me torturer sans cesse sur ce que je suis pour les autres. J’arrive du coup à dépendre de l’autre puisque mon propre regard n’est pas objectif, alors je me fie à ce qu’on me renvoie, sauf que ce serait plutôt bien si j’arrivais à savoir de moi-même la valeur que j’ai à mes yeux, déjà me concernant, plutôt que d’attendre ce qu’on veut bien dire de moi (suis pas sûre que ce soit très objectif, parce que finalement, qui me connait vraiment… au plus profond de moi…)
Il y a aussi le souci de la peur du rejet et de l’abandon. Si mon compagnon me faisait une remarque qui passerait inaperçue pour d’autres, chez moi, çà tournerait en « il veut me quitter », du coup, pareil, je poserais 36000 questions sur le pourquoi de la fameuse phrase qui m’a faite tilter autant (sans tomber dans la manipulation comme j’ai pu le lire. Je ne suis pas du genre à dire des phrases du style « si tu me quittes, je ferai çà »). Je me « contente » de harceler de questions et si je comprends mal les réponses, du coup, je vais recommencer jusqu’à trouver un peu d’apaisement. Un temps… et puis rebelote. Inlassablement. Même moi je me fatigue juste de l’écrire, parce que c’est étouffant à force…
On rajoute l’absence de confiance en moi et je peux me dévaloriser à une belle allure, ce qui peut insupporter aussi les personnes qui m’aiment (on sent le vécu, en amitié…). Souvent on ne sait plus quoi me dire pour me prouver qui je suis et ce que je représente et çà finit en dispute… qui va enclencher chez moi un état où je ne vais pas arriver du tout à gérer mes émotions, parce qu’elles vont toutes se mettre en même temps dans ma tête, comme une boule qui tourne en rond dans le cerveau et je vais m’en prendre à moi parce que je ne sais pas gérer les conflits autrement qu’en me faisant du mal à moi à défaut d’en faire aux autres, parce que j’estime que j’en fait déjà assez et surtout je me sens incomprise dans ce trouble. Autant avec la fibro, j’arrive à trouver de la compréhension, autant pour çà, j’ai l’impression de tomber de la planète Mars quand je parle de mes difficultés. Du coup, je me tais et me renferme, ce que l’autre en face peut ne pas comprendre… Cercle vicieux pff…
En amitié, il m’est souvent arrivée de partir d’une relation par peur d’être abandonnée, en prévision du moment où çà pourrait arriver, je prends les devants. Et en amour, je ferais pareil. Je serais capable de tout quitter, parce que ma peur de l’abandon serait trop ingérable et serait une source de souffrance immense pour moi, que je préfèrerais partir. Abandonner au lieu de l’être, pendant qu’il est temps… pour éviter les dégâts…
Il y a toujours un sentiment de vide en moi, qui est très peu comblé finalement, du coup en amour, il en faudrait une sacrée dose d’affection et surtout de démonstrations multiples pour arriver à me « remplir » et il peut y avoir de la frustration et être sans cesse en train de demander davantage de marques d’affection du coup, ce qui peut être usant encore une fois pour l’autre… et pour moi accessoirement, parce qu’il ne faut pas croire que seul le partenaire souffre hein… comme j’ai pu l’entendre en amitié…
Ce qui est aussi dur à vivre, ce sont les sautes d’humeur. Passer de la douceur à la colère en un éclair sans qu’on sache ce qui a pu arriver. Passer du rire aux larmes sans qu’il y ait forcément d’explications. Juste qu’en moi, il suffit de peu pour me rendre bien, mais il m’en faut tout autant peu pour me rendre très mal. Du coup, le partenaire doit jongler avec çà et ce qui est légitime, c’est qu’il se demande ce qui s’est passé, s’il a dit ou fait quelque chose de travers. Et après comment réagir, quoi dire. L’impuissance est de nouveau au RV. Et moi, dans ces moments, je me replie sur moi-même et entre dans un monde un peu parallèle. Je ne distincte plus grand chose de ce qui est réel et de ce qui relève du trouble. Il peut se passer des heures, voire des jours pendant lesquels je ne verrai plus s’il y a du soleil ou s’il pleut. Parfois je vois la nuit arriver, mais n’ai pas vu le jour finalement… Pendant ce temps là, soit je vais me faire du mal physiquement pour essayer de trouver un moyen de stopper ce que je ressens moralement, soit pleurer avec des idées suicidaires parce que c’est épuisant et qu’entre çà et les douleurs, il y a de quoi péter tous les câbles, soit rester dans ma bulle à ne plus me reconnaître dans un miroir parce que je n’arrive plus à faire le lien entre cette image de moi dans le miroir et celle que je suis au fond de moi. Et le conjoint, au milieu de çà, il est comment… Je n’ose pas l’imaginer, j’avoue… Il se prend un mur dans la tronche, la carapace qu’on installe autour de soi devient étanche et hermétique et plus personne n’arrive à entrer en contact. Comme un fil coupé, une connexion qui ne se fait plus.
Une fois, la psy m’a dit que j’étais très lucide sur mon trouble, j’ai répondu que j’aimerais l’être beaucoup moins… Je réalise très bien ce qui se passe, mais la difficulté à ne pas savoir ce qui est réalité et trouble, fait que tout est faussé. C’est une source de souffrance terrible, le cerveau ne s’arrête jamais. La nuit, il continue à travers le subconscient et les rêves et c’est infernal.
Pour résumer, j’aurais peur de faire souffrir quelqu’un avec ma façon d’être… et parfois on sent qu’on n’a pas le courage de se torturer encore davantage qu’on le fait déjà quand on est seules. Je gère mal mes relations actuelles en amitié. Je garde tout en moi, ne dis rien, mais au fond, j’ai envie d’exploser et de dire « allez vous faire foutre, je vous sors de ma vie, de toute façon, çà sert à rien que j’y sois, je ne suis rien. J’en ai marre de ces attitudes qui me font tellement douter de celle que je suis », mais personne ne le sait finalement. Leur vie continue pendant que de mon côté, je me torture l’esprit et m’épuise. Et plus on va être proche de moi, plus çà s’intensifie… Du coup, en amour hum…
On a pourtant toutes le droit d’aimer et d’être aimées, mais j’arrive à concevoir que pour un conjoint, çà peut devenir infernal… et je suis du genre à me dire que je peux souffrir seule, en gros. Que ce n’est pas la peine d’embarquer quelqu’un avec moi dans ce trouble. Pourquoi souffrir à 2 quand on peut souffrir seule, quitte à renforcer ce vide que je ressens en moi… Mon caractère n’est pas difficile à vivre, lui. Je suis simple dans celle que je suis. Mais çà c’est mon caractère… par dessus il y a le trouble qui me détruit et la peur de l’abandon, de l’oubli et du rejet, à ruminer toujours comme un disque rayé, à décortiquer et analyser tout ce qui se dit m’épuise… Et épuiserait même le compagnon le plus patient… Alors je pars sans rien dire, en amitié déjà quand je ne me sens plus bien dans une relation (ou alors j’ai du mal à quitter, c’est aussi quelque chose qui peut arriver, parce que je sais que mon vide intérieur serait encore plus gros et du coup, je reste, mais avec mes milliards de questions, sans réponses évidemment… parce que parfois il n’y en a tout simplement pas) Je suis maso en gros à rester là où je peux souffrir… Et gère à ma façon mes émotions et mes sentiments cassés. La cocotte minute toujours en état de fonctionnement à une allure en mode TGV, parce que çà carbure à une vitesse qu’on ne soupçonne pas. Au début, quand j’explique pour prévenir, ceux que j’ai connus, ont eu tendance à dire « oh tu exagères, tu es toute douce, toute calme !! » moui… mais à l’intérieur, personne n’y sera jamais. Je suis vide de sensations mais pleine de pensées et d’émotions à l’envers.
Je ne sais pas si les personnes qui ont tapé certains mots-clés trouveront des réponses à travers ce que je ressens moi-même, mais en tout cas, ne faites pas comme moi… laissez vous aimer, osez affronter la peur de l’abandon, parce que ce n’est pas forcément ce qui arrivera et donnez vous le droit d’avoir une relation malgré votre trouble. J’y travaille doucement, malgré de gros blocages…