Blablas de toutes sortes

Les moules, c’est pour les gâteaux

J’ai un peu grandi depuis, dans tous les sens du terme, quand même. Mais j’étais déjà déterminée à ne pas me laisser marcher sur les pieds par les faiseurs de moules et les donneurs d’étiquettes, je crois bien, vue ma bouille 😀

J’ai parlé à plusieurs reprises des étiquettes qu’on collait aux gens et que je n’appréciais pas qu’on le fasse. Pour moi comme pour les autres. Parce que ce sont des principes qui gâchent la liberté de sortir de l’étiquette qui nous est donnée en élargissant l’horizon. Hier je suis tombée sur une émission hautement culturelle (non je rigole, c’est plutôt un divertissement qui malgré tout aborde des thèmes qui sont intéressants même s’ils ne sont pas toujours traités avec bienveillance malheureusement). Et là en l’occurrence, c’était sur les femmes-enfants. J’ai regardé parce que je me suis souvent dit que ça me parle comme terme (sans mettre d’étiquette pour autant justement). Sauf que je ne percevais pas cette notion de la même façon qu’elle était décrite par les participants. Et quand ils ont parlé d’entrer dans des moules à partir d’un certain âge, ils m’ont perdue. Je rentre dans ma 4ème décennie dans un mois et dans ma façon de m’habiller je ne ressemble en rien à une femme de 40 ans, c’est certain. Je n’ai pas non plus la vie d’une femme de 40 ans. Le problème c’est : qu’est ce que la vie à cet âge là. Mariée ou au moins en couple -casée quoi-, un emploi fixe, des enfants. Si on n’entre pas dans ce moule fréquent, pour certains, c’est la fin du monde. Je n’ai aucun des 3 et en plus j’ai conservé ce côté enfant qui fait que je tiens debout comme j’ai pu le dire souvent aussi. Bref je ne suis pas dans le moule que la société attend de nous, adulte. Je parle de la 40taine, parce c’est mon âge, mais il y a 10 ans, ce genre de questions étaient déjà d’actualité. 

Mais je ne veux pas faire partie d’un moule. Je veux juste qu’on me laisse cette liberté de me dire que c’est mon choix de ne participer à aucun moule. Soit parce que je ne peux pas comme pour les enfants. Soit parce que c’est plus compliqué que ça pour le travail. Soit parce que pour être en couple il faut être deux et faire accessoirement sauter quelques barrières, mais c’est un autre souci. Et quand en plus on se voit un peu comme une femme-enfant, c’est le pompom et la cerise sur le gâteau parce que les gens peuvent penser qu’on vit dans un monde de bisounours, entourées de choses enfantines, en dehors de la réalité. M’habiller comme une ado bien souvent, regarder des dessins animés, avoir une attitude d’enfant côté affectif toujours en besoin de démonstration, ne pas avoir envie de me maquiller ou m’écraser les pieds dans des talons de 15cms avec un tailleur, juste pour être dans le moule, je ne le veux pas, parce que ce n’est plus moi. Et puis j’ai tellement cherché pendant des années à rentrer dans un moule pour être « normale » (encore un terme qui me fait dresser le peu de cheveux que j’ai sur le crâne) que je fais une overdose de moules sociétaux. Je ne sais pas si ça se dit mais j’ai envie d’être rebelle jusqu’au bout, tiens ! 

Je suis déjà contente d’arriver à finir une journée en ayant l’impression d’avoir un peu vécu au lieu d’avoir survécu. Mon côté enfant ne m’empêche pas d’assumer le quotidien, je ne dépends de personne pour autant et suis même plus indépendante que ce qu’on pourrait le penser, à tous les niveaux. S’il y a un souci je ne fuis pas devant même s’il me paraît infranchissable. Je mets du temps à parfois le résoudre, mais en suis responsable. Je pense être mature et avoir réellement mon âge pour certaines choses. Le seul moule dans lequel je souhaite être c’est celui d’être heureuse, arriver à continuer à respirer, arriver à vivre au lieu de survivre. J’ai toujours eu conscience que la vie aurait pu s’arrêter depuis longtemps à cause de l’anorexie ou à cause de mes « bêtises » et je refuse que le peu que j’arrive à faire dans ma vie soit l’obligation d’être dans un moule étiqueté en plus. Alors parfois je me tais pour avoir la paix. J’ai mis 34 ans à faire de moi une femme dans tous les sens du terme. Avec l’anorexie, on a souvent l’impression de conserver l’image d’une enfant du fait que les corps sont menus. J’assume mon corps de femme depuis 6 ans maintenant. C’est mon combat. Tout le monde a son carnet de route avec ses embûches, ses difficultés, ses souffrances. On n’avance pas avec les mêmes outils. Pas au même rythme non plus et je me suis souvent comparée au point de me détruire un peu plus parce que je voyais que je ne parvenais pas à être celle qu’on attendait de ce que je « devais » représenter à mon âge. Si on me met à côté d’une autre femme de 40 ans, avec une autre façon d’être, de faire, de réagir, de penser, de s’habiller, de se maquiller, je ressemble à une tache dans le décor. Mais cette année 2017, j’ai réalisé que j’étais juste moi et que tout ce que je faisais et ferais dorénavant, si j’étais en paix avec moi-même, quitte à déplaire aux autres, c’était l’essentiel pour moi. Je porte assez de masques pour ne pas toujours montrer mes failles et mes douleurs que je me donne le droit de ne pas entrer dans ces moules prédéfinis par la société qui est étouffante à mes yeux. Société dont je respecte les règles. C’est déjà bien compliqué de vivre tout court. Je parle évidemment de tous les moules dans lesquels les autres souhaiteraient nous caser, là c’est celui de femme-enfant parce que c’est ce que j’ai ressenti au moment où les participantes ont été descendu en flèche alors qu’elles étaient justement heureuses et qu’on venait leur dire d’arrêter d’être celles qu’elles étaient en gros. Parce que ça ne correspond pas à ce qu’on attendait d’elles justement, que leur comportement n’était pas digne de femmes adultes. L’une d’entre elles étant mère de famille, avec un poste à responsabilités. Mais elle a dû s’en justifier pour prouver que l’un n’empêchait pas l’autre.

Se justifier sur ce qu’on est et chercher à se caser dans un moule… Je ne suis pas seule à avoir l’impression qu’on passe notre temps à le faire, rassurez-moi ou c’est moi qui le gère mal ? Dites moi ce que vous pensez des moules. Est-ce que c’est le fait de ne pas arriver à y entrer qui fait qu’on ne les supporte pas peut-être aussi ? Ou c’est comme les étiquettes, ça ne permet pas d’élargir les horizons et de dépasser les frontières de la case et du moule ? 

Ptite Delph, femme-enfant, n’aimant pas les moules. Sauf s’il y a un gâteau qui cuit dedans haha ! Je vous laisse, il faut que j’aille voir s’il ne crame pas et je le regarderai devant un dessin animé ce soir, juste pour adoucir la réalité un petit peu mais pas complètement, parce que les responsabilités sont aussi là… 

9 réflexions au sujet de “Les moules, c’est pour les gâteaux”

  1. Super et superbe Delphine. Le problème des moules c’est que ça nous enferme. Quand quelque chose dépasse, ça fait tâche.
    Nous sommes tous différents et il n’y a pas, à mon avis, de règle à suivre (même si moi j’en ai encore beaucoup à mon actif). Il n’y a pas un modèle qui prime sur l’autre, pas une manière de vivre qui soit mieux qu’une autre, une manière de faire, d’agir, d’aimer, de s’habiller, de vivre sa sexualité et j’en passe.
    Chacun devrait être libre de vivre comme bon lui semble. Les codes existent pour en rassurer certains je pense. Pourtant ils font beaucoup de dégâts. Et les histoires de moules commencent très jeunes.
    Il faut se dresser contre cette société qui veut nous formater sur le même moule. Un exemple concret et tout simple. J’ai mis des années à m’habiller le weekend en jean-basket. C’est ridicule et pourtant dans le système de valeurs de mes parents, porter ce genre d’accoutrement à 25 ans passés, c’était presque régressif. Du coup je me sentais super mal quand j’osais. Depuis, ils ont changé d’avis heureusement. De toute façon aujourd’hui je m’en fiche.
    Quand j’entends des commentaires négatifs, pleins de jugement sur la vie des gens, j’ai toujours du mal. D’abord parce qu’on ne sait pas toujours ce qu’ils vivent, leurs douleurs, leurs chagrins, leur passé. Et parce que chacun ses choix, à partir du moment où ils ne causent de tort à personne et respectent autrui.
    Je vais m’arrêter là et t’envoyer plein d’amour et de pensées de Paris. Tu es une personne formidable Delphine et tu sais combien je t’admire, combien tu comptes. Ne laisse personne te dire comment tu dois être ou faire. Tu es toi et tu sais déjà ça c’est une grande force.

    1. C’est exactement ça ma Marie que j’essayais de faire comprendre. Tu as tout dit de ce que je pensais. Et quand effectivement on rajoute un jugement sur le moule dans lequel on est mis ça me touche encore plus. Je me dis souvent qu’il faudrait vivre cachés parfois de certaines choses et faire en douce pour être tranquilles au final. Il y a tellement de personnes qui souffrent d’être emprisonnés dans ces moules que ça me rend mal. Et de mon côté, autant que je peux le faire, c’est comme des chaînes, je m’en libère autant que possible même si ce n’est pas toujours évident. Du coup là où c’est possible de se libérer, c’est important de pouvoir le faire. Je laisse de moins en moins de personnes me faire comprendre que ce n’est pas de cette façon ou à tel endroit que je devrais faire ou être. A l’approche des 40 ans, je réalise à quel point j’ai été prisonnière pour plein de choses et j’ai besoin d’air, je le puise où je peux. Tu comptes beaucoup aussi pour moi ma Marie ❤ et mon ptit Arlo aussi évidemment. Je vous envoie des bisous et des pensées

  2. Quand j’ai vu ton titre, au début j’ai pensé aux moules qui vivent dans la mer, je ne comprenais pas^^ Mais du coup c’est un super titre, maintenant que j’ai compris le sujet 😉

    Les moules, ça rassure les personnes qui ont besoin d’être guidées, parce que savoir qui l’on est et où l’on va ça demande une intense réflexion, beaucoup d’énergie, et souvent on s’y perd, donc suivre le moule, rentrer dans les cases, ça donne cette sécurité là.
    Tu cherches à vivre hors des cases, pour être en accord avec toi même et c’est une force. Même si ça implique de devoir faire régulièrement face aux regards critiques…

    Reste une rebelle ! 😀

    1. Ah oui effectivement ça pouvait porter à confusion lol Je n’y avais pas pensé à ces moules là 🙂 Je suis certains moules par obligation parce que la société l’oblige aussi quelque part, mais pour reprendre des exemples, j’estime que dans le milieu personnel et intime, on devrait être libres de faire ce qu’on veut et de se comporter comme on le souhaite. Dans le cas de l’émission ce qui m’a énervée, c’est qu’il y a toujours des égalités qui en découlent. Femme-enfant = pas de responsabilités = on ne peut pas leur faire confiance, alors que ce n’est pas le cas pour toutes. On peut se considérer comme femme-enfant sans avoir toutes les caractéristiques. Dans le milieu professionnel, à force de me prendre des portes fermées, je m’aperçois que je recherche de plus en plus à faire mon nid de façon à ne rien devoir à personne qui douterait de ce que je peux apporter parce que pareil Personne avec handicap = personne réduite = on peut moins compter sur elle = elle peut être en arrêt à tout moment = aménagements qui peuvent coûter chers = trop de problèmes. Alors qu’il suffit de peu de mon côté pour que je sois mieux installée et j’ai peut-être bien plus de motivation qu’une personne sans soucis de handicaps, mais le moule comme il faut être productif à 200% ben je n’arrive pas à le remplir ça c’est sûr… et on ne le comprend pas ou quand on le comprend, il y a une sorte de rejet qui me fait perdre confiance en moi chaque fois un peu plus alors ce moule, j’essaie de le traiter à ma façon en élargissant ce qu’il est possible de faire. Mon moule n’est pas celui du handicap seulement. Il y a une personne derrière qui est touchée de voir que les portes se ferment sur ce fichu moule là. C’est ça que je voulais dire surtout. Plus on met dans les moules, plus ça restreint et met de barrières. Donc je suis dans les cases quand je n’ai pas le choix, j’en ai une sacrée entre autres qui me fait bien chier, celle de l’invalidité qui bloque pas mal de choses justement pour donner accès à d’autres cases. Et c’est la pire case où on pouvait me caser, c’est le cas de le dire. Mais je suis bien dans la case « paiement des taxes, du loyer et respect des règles de la vie en société » ^^ Je suis rebelle où je peux en tout cas, même quand ça ne me rassure pas, parce que je ne sais pas où je vais, mais même dans des cases, je ne saurais pas mieux… Bisous ma belle ❤

      1. Le problème de ce genre de généralité (« femme enfant = », « personne en situation de handicap = ») est qu’on pense dans un ensemble et pas au niveau individuel. On oublie que derrière ces étiquettes se cachent des personnes entières et toutes différentes. (je ne dis pas, je fais aussi cette erreur parfois)
        J’imagine bien comme ça doit être difficile pour toi de vouloir faire tes preuves. Parfois il faudrait juste y aller au culot et montrer de quoi tu es capable… mais dans cette société de la productivité à tout prix c’est sûr que c’est difficile.
        Evidemment qu’il y a certaines cases que l’on respecte tous 😉
        Mais oui, certaines sont faites pour être abattues, et tu sais que tu as du soutien pour ça ❤

      2. Oh les femmes dites femmes-enfants ne sont pas forcément en situation de handicap, mais comme tu dis par contre, effectivement c’est généralisé (comme beaucoup d’autres choses et je pense que c’est ça qui me fait sortir de mes gongs… heu de mes cases ^^ Parce que même dans les étiquettes, on ne se ressemble pas, on peut avoir certaines caractéristiques, mais pas d’autres et ça devient compliqué parce que les gens englobent tout et tout le monde dans le même panier. Très dur oui de faire mes preuves, je suis un peu blasée côté pro il faut être honnête :/ j’essaie de me réparer mais comme je disais, si je peux être un jour à mon compte, je le ferai, quitte à galérer encore plus, au moins je sais que c’est pour moi que je le fais. Je n’ai pas droit à certains statuts avec l’invalidité sinon ce serait fait depuis longtemps.
        Oh oui pour le soutien ❤ et merci beaucoup d'ailleurs 🙂 gs bisous ma belle

  3. j’aime me promener sur votre blog. un bel univers. Très intéressant. vous pouvez visiter mon blog naissant ( lien sur pseudo) à bientôt.

  4. Tellement d’accord avec ce que tu dis ! Au quotidien, je me bats aussi pour mes enfants, à qui on veut toujours coller une étiquette : le « maladroit », le « petite chose fragile » (!!!), le « colérique »… et bien non, ils ne sont pas toujours comme ça, ils ont chacun des facettes différentes et riches, ils évoluent et nous surprennent… chacun son rythme, chacun son chemin, tous différents, et c’est ce qui fait notre beauté à tous ! Ne change pas pour les autres, reste toi même, c’est la meilleure façon de vivre comme tu le dis si bien… Bisous ma belle !

    1. C’est encore pire avec les enfants et c’est terrible de les réduire à un terme pour le coup :/ comme tu dis, c’est peut-être un trait de leur caractère, comme tout le monde, mais ils ont plein de choses en eux en parallèle et c’est important de les mettre en avant, sinon on ne retiendra que « le colérique » , « petite chose fragile » et le « maladroit. Enfants ou adultes, on avancera toujours à notre rythme, mais justement pour certaines cases où on devrait se mettre, ça ne va pas assez vite, alors qu’on pourrait apporter autant que quelqu’un d’autre au final. C’est pour tous les domaines pareils, ces fichus moules. On est nous oui. Avec nos différences et heureusement sinon on s’ennuierait bien.. j’ai voulu changer pour les autres, pour me faire accepter, pour faire comme les autres aussi pour ne pas être rejeter, mais en perdant certaines personnes, j’ai aussi récupéré ma liberté de ne plus accepter ça finalement. Et je tiens à rester celle que je suis, avec mes défauts, mes difficultés, mes trucs qui vont de travers, mes qualités, mes bons côtés. Moi toute entière en gros… comme je souhaiterais qu’on puisse voir tout le monde de cette façon pour que les gens se détachent de ces cases pour avoir la curiosité d’aller en visiter d’autres. De gs bisous ma belle et plein de câlins aux enfants ❤

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