Combats qui me touchent

Quand la vie a l’intention de s’échapper

Un 20 février 2010, j’ai décidé que la vie était trop compliquée. Que je ne l’aimais plus suffisamment pour y faire face et que mes combats pour y survivre étaient insupportables. J’ai des morceaux entiers de ma vie qui sont partis hors de ma mémoire, mais celui-là est intact à mon grand regret…

J’ai serré le meilleur ami comme jamais, ce soir là, muette, parce que dans ma tête, c’était la dernière fois que je le voyais et que je sentais sa chaleur et son odeur. Il m’a dit « tu ne fais pas de bêtise hein ma ptite Delph ?? tu m’appelles si çà ne va pas ?? ». Evidemment que j’ai dit oui… évidemment que j’ai pensé non…Je l’ai vu tourbillonner dans les escaliers à me regarder comme s’il sentait lui-même que c’était la dernière fois… 

Décapsuler tous les comprimés des plaquettes. Mettre sur ma table toutes les lettres pour les plus proches de moi. Ecrire en gros que je ne voulais pas être réanimée si on me retrouvait à temps. Commencer à prendre les médicaments, rapidement pour que les 1ers absorbés n’aient pas le temps d’agir et me fassent dormir avant d’avoir pris tous les cachets. M’allonger pour éviter les vertiges et les nausées, le pire était que je les vomisse. Les heures ont passées, je me suis rendue compte que j’étais là, pas bien du tout, mais là quand même… j’ai repris ce qui me restait, me suis recouchée. Je me suis retrouvée dans du coton, j’étais heureuse comme je ne l’ai jamais été. Si légère… j’étais libre et je ne souffrais plus… enfin…

Dans ma poitrine, au moment où j’ai ressenti le coton tout en voyant des mains qui se tendaient vers moi avec des visages souriants et si chaleureux de personnes qui nous avaient quittés déjà, mon coeur a arrêté de battre quelques secondes et je me suis sentie enfin partir. Je souriais. Je n’ai aucune idée du temps qui est passé. La sensation s’est dissipée, je sentais mon coeur battre de façon anormale, mais je n’avais pas peur, étais tombée dans une sorte de sommeil où je ressentais tout et voyais tout d’une d’autre façon comme si quelque chose s’était détachée de moi. J’étais sereine, c’était bon signe de le ressentir en train de ramer, il allait s’arrêter pour de bon mon petit coeur… j’étais sur le point de partir de ce monde là, rempli de souffrances. 

Le temps a passé, j’ai été dans une forme de coma léger pendant 3 jours. C’était trop tard pour faire passer le charbon dans mon estomac, les médicaments étaient dans mon sang et il fallait attendre… Puis je me suis réveillée pour de bon. Calme au début encore à moitié sous le coup des médicaments et puis je me suis réveillée bien plus agitée d’un coup et j’ai hurlé de me foutre la paix, que je ne devrais plus être là, que je m’étais ratée, que je ne voulais pas être hospitalisée, que j’en avais rien à cirer s’il m’arrivait quoique se soit. J’ai fini 3 mois en psychiatrie finalement. Ma conscience et ma raison avaient refait leur apparition en moi, en réalisant que j’étais en danger. Mon coeur, lui, en a subi les conséquences. Pendant plusieurs mois, il a gardé son arythmie et à chaque fois que je le ressentais, je lui en voulais de ne pas s’être stoppé cette nuit là.

J’ai hésité à écrire ce post, ce soir, déjà parce que je ne vais pas très bien moralement ces temps-çi, même si, j’essaie de le camoufler (derrière un écran, c’est si facile de ne pas savoir comment je vais réellement et de me consacrer à des choses qui sont importantes…) et puis je n’avais pas envie d’entendre certains mots. Les mots lâche, égoïste, « pense à tes proches » etc… je n’en veux pas. Je ne me suis jamais considérée comme telle, parce que j’étais à bout de tout, déjà et puis je veux qu’on comprenne que çà peut arriver à tout le monde. Comme dirait mon papa, il suffit de tirer sur la bonne ficelle pour faire craquer quelqu’un. Et chez moi, la ficelle s’était rompue pour un tas de raisons qui ne sont pas à juger, parce qu’on n’est pas dans la vie, dans la tête des gens pour se permettre de dire que c’est un geste lâche ou égoïste. Ce n’est pas un geste qu’on fait sans raison, il faut avoir une souffrance en soi qui ne permet pas de réagir d’une autre façon.

Parfois c’est planifié, parfois c’est une pulsion. J’ai souvent repris des médicaments par la suite. Une pulsion que je ne contrôlais pas, mais ce n’était pas pour disparaître, c’était pour me faire dormir, pour ne plus penser à rien comme si je m’étais droguée ou que je m’étais noyée dans l’alcool. Moi c’était (c’est…) les médicaments. A aucun moment je n’ai cessé de penser à la souffrance de mes parents et de mes proches. Jamais. Mais il y avait aussi ma souffrance à gérer et au bout d’un moment, c’est moi qui les ai trouvé égoïstes de vouloir me garder auprès d’eux dans ces conditions là. On s’aimait tout simplement.. Il m’arrive parfois de craquer maintenant, même si je cache beaucoup de choses, j’ai une voix qui me trahie facilement… Mon papa m’a dit, il y a un mois au moment où j’ai fait la décompensation quand il a senti que je pouvais recommencer ce geste là, « ne nous laisses pas, on a besoin de toi, on t’aime »,  je pleurais au bout du fil, j’ai répondu « mais non ne t’inquiète pas, je vous aime trop pour çà ». Et quand il me dit qu’il se sent impuissant et qu’il aimerait tant faire plus pour moi, je lui réponds qu’ils me maintiennent à la surface et que c’est déjà beaucoup… (je vous rassure, on rigole aussi au téléphone hein, mais il y a des moments comme çà, où moi je suis à l’ouest, incapable de les rassurer comme je voudrais et eux qui ne savent pas quoi faire.

Et quand ma maman me dit qu’ils parlent entre eux, en se demandant comment je fais toujours pour être là, çà me ronge, parce que çà veut dire que malgré les non-dits, ils ont conscience que cette vie me paraît bien trop difficile, alors j’essaie de donner le change… ptiteDelph sourit, raconte les bêtises de Happy, le peu de sorties que je peux faire, les amis, les films que je leur conseille de voir et les écoute raconter ce qu’ils font. Et puis on oublie tout pendant un moment et une nouvelle période apparaît et il faut de nouveau arriver à vivre… et à montrer que j’en suis capable… pour eux… pour moi surtout…

Comment je me sens aujourd’hui par rapport à tout çà… Si j’y pense autant, c’est que je ne suis pas guérie et que la vie, je l’aime sans doute pour tout faire ce que je peux pour y rester, mais d’un autre côté, je suis incapable de m’y suspendre vraiment et je me sens très fragile dans cet espace qui m’est attribué, parait t-il dans cette fameuse vie….

Je me suis toujours culpabilisée, en pensant à des personnes qui avaient des maladies qu’ils n’avaient pas choisies et que moi avec mes ptits problèmes, je n’avais pas le droit de lâcher, là où d’autres avaient envie de vivre. Et puis j’ai réalisé que ma maladie était différente, que je ne l’avais pas choisie non plus, que je gérais tout çà bien mal et que surtout, c’était tout aussi mortel, puisque la preuve, elle me faisait tant souffrir que ce 20 février 2010, j’avais choisi d’y mettre fin. Je m’en veux de m’être ratée parfois… à d’autres moments, je me dis que çà m’a renforcée… en ce moment, en étant dans un creux un peu identique qu’à l’époque, je ne dirai pas ce que je pense du coup… Ce qu’il y a à se rappeler de moi, c’est que je m’accroche. Pas toujours bien comme il faudrait parce que je m’épuise à vouloir me battre, que parfois, je me sens loin de tout. Parce que l’envie n’est pas au rv, le goût non plus, juste un épuisement d’avoir constamment mal et de ne jamais dormir plus de 3-4h dans la nuit. Et gérer ce trouble qui me ronge de l’intérieur aussi.

Je me rends compte que je ne suis pas guérie de la façon de me percevoir à travers le regard des autres et c’est ce qui pouvait m’arriver de plus destructeur en ce moment… mais je m’accroche… (et çà me fait de belles jambes…). Ma phrase préférée et si magnifique (un peu d’ironie dans ce post ne fera pas de mal…), c’est que la vie tournerait tout aussi bien sans moi, qu’il y aura d’autres Delphine, que moi j’arrive en bout de course et que je ne suis pas d’une folle utilité. Au-delà de ces mots, se cachent mes maux… 

Happy bad birthday…..

20 réflexions au sujet de “Quand la vie a l’intention de s’échapper”

  1. Wouaaou ! C’est avec des larmes qui coulent que je t’écris ce petit commentaire … Je suis hyper touchée par ton post, je trouve que tu as beaucoup de courage de l’avoir écris, & j’espère sincèrement que ça te fera du bien d’en parler, & de voir le soutiens des personnes à commencer par le tiens. Je suis complétement d’accord, bien que ce geste soit mauvais, mal, il ne faut pas le juger, car on ne sait pas ce que c’est que de vouloir tout arrêter, sans l’avoir vécu. Donc on ne doit pas juger ce que l’on ne connait pas, & pour les personnes qui en sont passée par là, je pense qu’elles n’ont plus ne se permettrons pas de juger, car elles ont vécu la même chose. Quoi qu’il en soit, je pense que c’est un mal pour un bien, car même si la vie n’est pas toujours rose, elle vaut quand même la peine d’être vécu. Certes certaines personnes ont des passades très difficiles à vivre, je le comprends complétement, mais se battre rapporte toujours du bonheur. J’ai une petite phrase qui me vient tout de suite en tête & que j’ai envie de te faire partager, c’est  » la vie est faîtes de petits plaisirs … » je la répète souvent a mon meilleur ami lorsqu’il va mal, & ça lui fait du bien, de penser aux bonnes choses plutôt qu’aux mauvaises, & elle me fait du bien moi aussi pendant les « jours gris ». Ce ne sont que de petites choses, mais je me concentre la dessus & ca m’aide à avancer. parfois c’est seulement l’odeur des pâtisseries qui s’échappe de la boulangerie à coté de chez moi, ou encore un sourire d’un beau jeune homme dans la rue, un de mes articles qui obtient beaucoup de j’aime, des commentaires adorable de mes abonnées, le sourire d’un enfant, le rire de mon meilleur ami, le bonjour au réveil de mon chéri, parfois même juste un rayon de soleil dans le ciel … Je n’ai pas toujours été aussi positive, je suis passée moi aussi par cet état d’esprit que tu avais ce fichu 20 février, mais tout comme moi, tu es un petit bout de femme, toute jeune, toute mignonne, qui a encore beaucoup de belles choses à vivre. comme on le dit  » on ne sait pas de quoi demain est fait « , & non, les miracle ca n’arrive pas qu’aux autres, tu as le droit toi aussi à ta part de bonheur, même si je te connais très peu, tu dégage tellement d’ondes positive, quand je reçois un petit mot de ta part, ca me fait toujours sourire, voila encore un petit bonheur de la vie. :). Mon commentaire commence à faire un roman, donc je vais m’arrêter là. Quoi qu’il en soit, même si je ne suis qu’une petite nana du monde virtuel, même si on ne se connait pas, ma boite mail reste toujours ouverte ( elle est écrite sur la page principal de mon blog ), n’hésite surtout pas a venir me parler, ça me fera très plaisir. Tu es un petit rayon de soleil, & surtout ne change pas ♥. Gros bisous ma belle

    1. Merci du fond du coeur pour ce commentaire qui me touche beaucoup, comme tu peux t’en douter… Ta petite phrase, je me la répète souvent. Quand je vois Happy venir vers moi pour recevoir un câlin (un jour, il faudra que je fasse un post avec ses bêtises d’ailleurs), un câlin de mon meilleur ami qui me serre très fort et que je me noie en lui un moment, sentir l’eau chaude sur moi avec un gel douche dont l’odeur me fait grimper au plafond, voir des perles de toutes les formes et toutes les couleurs, tomber sur un film qui me donne envie de tout oublier, écouter une musique qui remue tout en moi et me « réveille », lire sous la couette, découvrir des coins de Marseille que je ne connais pas encore. Je crois que c’est comme tu dis pour tous ces petits plaisirs là, que je suis encore là. J’avais fait un article sur le bonheur d’ailleurs, une fois, et j’y disais que c’était dans les choses du quotidien qu’on le trouvait, qu’il ne fallait pas chercher un truc immense toute sa vie, parce qu’on n’y arriverait pas. Que c’était à travers des choses simples qu’on le trouvait. Parfois j’ai des périodes où je ne les perçois plus à 100% parce que je suis épuisée, mais dès que je peux à nouveau, je me recharge en ptits bonheurs. Parfois le mauvais dépasse le bon et sur çà, je ne suis pas encore au point, c’est bien là que le bât blesse. J’y travaille 😉
      J’ai toujours eu ce décalage bizarrement entre ce que j’écris chez moi et ce que je dégage chez les autres. Tu n’es pas la 1ère à me parler de positif, quand je vous parle. C’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité en gros… mais çà me fait plaisir que tu le ressentes de cette façon et tu es mon ptit bonheur du soir ❤
      Tu es adorable et j'adore la ptite nénette que tu es. Quand tu parles de ta taille, je me dis "oui mais en pensées, en caractère et en détermination, elle est loin d'être petite, par contre !" 🙂 Demain, je pense qu'on aura du soleil, ce sera plus pratique pour moi de faire les photos parce qu'il faut que je recommence les photos que j'avais prises pour le projet "onco-esthétisme". Et je lancerai l'article dès que possible. Je te mettrai un ptit mot sur ton profil dès que ce sera fait 😉 Hier, j'ai vu qui m'a fait plaisir aussi. J'ai une amie qui est ambassadrice Avon et elle voulait me recruter dans son équipe, malgré le fait que je lui aie dit que le maquillage était loin d'être mon domaine de prédilection, mais elle m'a dit qu'elle m'expliquerait comment m'y prendre. J'avoue que j'hésite, j'ai du mal à me lancer, mais çà arrondirait un peu les fins de mois et en plus, hier, en cherchant du coup, des infos dessus, j'ai vu avec plaisir qu'ils avaient une campagne pour la lutte contre le cancer du sein. Du coup, je crois que c'est l'argument de choc qui va me motiver à accepter.
      C'est moi qui fais un roman pour le coup. Merci ma belle pour ton soutien bien précieux et merci d'être celle que tu es ❤ Tu vas aller loin 😉
      Je te fais d'énormes bisous

  2. En lisant ton texte, je suis extrêmement touchée par tes mots, on y voit beaucoup de tristesse, mais j’ai envie de te dire de te raccrocher aux petites choses minuscules du quotidien qui peuvent te procurer ne serait ce que quelques minutes de bonheur. Ce bonheur, tu as le droit de le connaitre, tu le mérites. Tu es (il me semble après avoir lu tes textes) une personne hypersensible, touchante, et attachante, on a envie de prendre soin de toi et non tu n’es pas faible, tu as su te sortir des vilains tours que la vie t’a joué, tu es courageuse car tu te bats toujours malgré les difficultés,
    je ne te connais pas, mais ce qui ressort de ce petit espace, et puis tu as le projet de ton livre, qui est vraiment un beau projet qui va peut être aider des personnes souffrant du même mal, c’est noble de vouloir partager avec les autres, de vouloir les aider.
    Garde en tête que toi aussi tu es une personne remplie de richesse qui ne demande qu’à être exploiter…

    1. Je suis très touchée par tout ce que tu dis… J’en perds mes mots parce que çà me paraît fade ce que j’ai à dire à côté…
      Cà me fait toujours « drôle » de lire les mots « courage et force » quand on parle de moi. Je les entends, les intègre, mais je me sens tellement plus faible que forte… Ce sont des commentaires comme le tien qui me montrent que j’existe, que je suis là, une personne à part entière malgré les problèmes et malgré les étiquettes qu’on me donne parfois entre mes combats…
      Je te remercie ma belle pour tout çà et te fais de gs bisous du fond du coeur ❤

  3. Je ne vais pas faire un pavé. Juste te dire à quel point tu es utile, et combien ton écriture est belle. Tu es une jeune femme plus courageuse que quasi TOUTES CELLES que j’ai rencontré dans ma vie. Bisous.

  4. Ne pas avoir honte de cet épisode de ta vie, nids pensées négatives qui tenvahissent parfois, ni de ton découragement ou de ta douleur… Tu es en même temps si forte et courageuse, finalement malgré tout une battante, alors il y a des moments ou l’on baisse les bras ou l’on est simplement lasse de lutter, de supporter ce quotidien que j’imagine si difficile, de faire semblant surtout, de donner le change souvent … Alors dans ces moments de doute et de lassitude, imaginer que s’endormir est une solution… Mais c’est oublier que la vie est belle malgré tout, qu’il y a des gens qui t’aime, que le bonheur c’est plein de petits riens qui mis bout à bout forment le bonheur des petits riens parfois tout simples comme des odeurs, des sourires, un livre, un film, le soleil, la lune, les nuages, la mer… Les sourires d’inconnus dans la rue, nos échanges sur le net … Bien sur ce ne sont que des petits riens mais il s’aident à positiver et à prendre le meilleur d’une vie, de sa vie et croire en l’avenir
    Moi aussi j’ai fait un pave, je pense bien à toi, plein de bises et courage. Catherine

  5. Comme je te l’ai déjà dit, tu es une personne formidable, et je ne comprendrai jamais pourquoi les gens traitent ceux qui vont mal de lâches et d’égoïstes. Certainement parce que tout ce qu’ils connaissent ne sont que des petits tracas et pas une réelle souffrance. Mais malgré ça, tu dois te battre, parce que tu as une famille, un meilleur ami, des personnes qui t’aiment et t’apprécient à ta juste valeur. Tu es quelqu’un d’incroyablement courageux et à chaque fois je suis vraiment admirative de tout le chemin que tu as parcouru. Ce n’est pas toi qui devrait admirer ce que je fais mais le contraire. Tu mérites tellement d’être heureuse et apaisée. N’oublie pas tout ce que j’ai pu écrire hier, ce sont les petites choses qui rendent heureux, pas les autres. Tant que tu prends soin de toi, que tu sais ce qui te rend heureuse et qui peut t’épanouir au moins un tout petit peu, alors tout ira bien. Et tu as le droit de faiblir, de te sentir mal, de pleurer et de vouloir en finir, tu es une personne comme beaucoup d’autres avec des peurs qui ne partent pas si facilement.
    Mais en tout cas, courage, et continue d’écrire tout ça, ça ne peut que te faire du bien et ici, je n’ai jamais vu quelqu’un te juger.
    D’énorme bisous ❤

  6. Tiens, en février 2010 j’étais hospitalisée en psychiatrie… J’avais 24 ans. Je sais que les mots peuvent être vains, que les idées noires sont parfois plus fortes que les mots de nos proches et des inconnus qui nous veulent du bien, je sais à quel point la vie semble vaine, moche, injuste… Je me suis accrochée à cette putain de vie, j’ai arrêté d’en chercher le sens, j’ai accepté mes faiblesses, j’ai découvert mes forces. Aujourd’hui je vais bien. Je ne sais pas comment j’ai fait pour aller mieux, un déménagement, un changement de vie, une bonne psy (j’en ai vu une bonne dizaine avant), du repos, un travail agréable, mais à mi-temps, des projets, mon chat etc. Il y a quelques semaines j’ai cru faire une rechute, à nouveau ces pensées obsédantes, cette lassitude, j’ai eu peur, alors j’ai tout tenté, appeler ma psy en catastrophe, acheter une lampe de luminothérapie, prendre des vitamines, du magnésium, sortir, marcher… Et me dire que ça ira. Et ça va aujourd’hui.

    Bref, tout cela pour te dire que de nombreuses personnes comprennent ce que tu vis, que personne n’est infaillible mais que ça passe, qu’on peut trouver la vie belle (enfin aujourd’hui là je suis crevée et j’aimerais bien juste dormir jusqu’au moins prochain vu tout ce que je dois faire d’ici là :))

    Allez, souris 🙂

    1. Merci pour ton témoignage, on sent que tu connais ce ressenti malheureusement… Je crois qu’il y a toujours des petites choses que les autres ne voient pas ou qui sont anodines quand on n’a pas une telle souffrance en soi, mais qui pour nous, nous font tenir quand çà ne va pas. S’accrocher à tout ce qui passe, tout ce que cette vie offre. Parfois c’est si compliqué et d’un coup, tout se dégage. Quand çà m’arrive, j’ai cette sensation d’étouffer, je me dis que je ne vais jamais y arriver, pendant plusieurs jours, je suis au plus bas et un jour, je me lève, comme si de rien n’était. Sans savoir ce qui m’a fait revenir (en général ce ne sont pas des choses énormes parce que paradoxalement, j’ai besoin de peu pour être heureuse aussi), je respire un grand coup et sens la vie reprendre sa place dans mon corps et dans ma tête. Et là je profite… pour affronter les moments où je me fais happer… j’espère que çà ira de ton côté, tu as la force de combattre en tout cas. On devient plus forte contre ces pensées, au fur et à mesure, jusqu’au jour où on arrive à les surmonter complètement… (çà c’est mon espoir du moins…) J’espère que tu es en train de dormir à cette heure-çi, du moins jusqu’à demain matin seulement 🙂 Bon courage à toi, bisous

  7. Les mots me manquent… La première chose qui me vient à l’esprit, c’est que ça me tue qu’une femme aussi forte et géniale que toi aies dû subir ça. Parce que tu mérites d’être heureuse, épanouie… Malheureusement, comme tu l’as si souvent dit ici, c’est une maladie, et lorsque l’envie de partir est trop forte, c’est comme si tout ce qu’il y avait de bon en nous s’effaçait… Je te souhaite énormément de courage, je t’envoie pleins de gros câlins qui étouffent et je vais dire la phrase la plus égoiste du monde : « Nous quitte paaaas, on t’aime trop » 🙂

  8. Je ne sais trop que dire après avoir lu ce post si touchant et tellement personnel. ça laisse sans voix, ça touche et ça bouleverse! En tout cas, personnellement, je te trouve vraiment très courageuse de nous avoir confié tout ça sans artifice…

    1. Merci pour ton mot, j’ai lu certains de tes articles d’où mon abonnement, parce que je me suis reconnue dans certains propos et que côté courage, tu as dû en avoir une sacrée dose… Et on a même le droit de dire « non », je confirme 😉 Je t’embrasse

  9. Ma chère Delphine… Par te mots il est évident que d’obscurs pensées fourmillent dans ta petite tête surchargée de peine, de douleur et de désespoir… Je sens que tu es à bout de souffle et que le vase est sur le point de déborder… Je ne condamne nullement cet acte même si je ne le comprend pas (Dieu merci…) mais je te demande de prendre le temps de bien réfléchir avant d’agir car tu as pleins de choses à nous donner et pour ma part tu es la première personne qui m’a vraiment ouvert les yeux et fait changer mon avis de façon radical sur l’anorexie, le suicide…. Car en entendre parler c’est bien mais le lire à travers ton blog c’est un peu comme si nous le vivions avec toi…. Même si demain tu décide de partir sache que certes tu nous manquera terriblement au début mais après on s’en accommodera c’est évident, par contre en ce qui me concerne tu restera à jamais gravé dans ma mémoire comme étant une femme exceptionnellement combative et d’une tendresse immense… Tu as mon numéro perso alors n’hésite pas à m’appeler si tu éprouve le besoin d’en parler…Fait ce qui te semble le mieux mais n’oublie pas que tu m’as promis un énorme calin en vrai de vrai alors j’attends maintenant… Prend soin de toi ma belle est même si je ne te connait pas plus que ça je te le dis sincèrement : je t’aime… ❤ ❤ ❤

    1. J’ai mis du temps à pouvoir répondre à ton commentaire mon ptit chouchou, parce qu’il est très fort et il m’a énormément émue. Tout me touche beaucoup. Je suis à bout de souffle oui, mais j’ai des moments de mieux-être au milieu du reste (même si çà ne dure qu’1h, je vole tout..)
      Mon combat, au-dela de m’en sortir évidemment, c’est de faire changer les esprits et les regards sur ce genre de maladies, de mal-être. Qu’on ne les juge plus, qu’on ne comprenne pas forcément, mais qu’on se rende compte que ce sont des maladies à part entière qui sont compliquées à gérer pour tout le monde. Et quand j’ai lu ta phrase « tu es la 1ère… », j’ai pleuré et soufflé un coup, en me disant « tu as réussi… mes mots ont été assez clairs pour qu’on arrive à s’en faire au moins une idée et quand on est capable de changer d’avis, c’est qu’on a réfléchi en plus à tout çà. Alors çà m’a touchée à un point… Tu es quelqu’un de formidable et je l’ai déjà dit, mais je regrette de ne pas être venue à temps sur mon profil pour voir que tu m’y avais laissé ton mot. J’ai manqué une si belle personne pff…. Ne t’inquiète pas, il faudra me supporter encore, je me bats, essaie de croire en quelque chose de mieux. Et moi aussi je t’aime. Bien fort et un jour, tu l’auras ton câlin. Rien que pour rencontrer en vrai des personnes comme toi, mon combat mérite d’être vécu… Gs bisous mon ptit chouchou ❤

  10. Oui, je dormais au moment où tu as rédigé ta réponse, j’avais pris un léger somnifère, ça faisait longtemps que j’en n’avais pas pris 🙂 mais j’étais crevée, stressée, et j’ai préféré bien dormir pour éviter d’être trop crevée et que ça parte en cercle vicieux 🙂 J’ai pris un paquet de médicaments qui m’ont assommée sans jamais enlever le mal. Aujourd’hui je prends juste la dose minimale d’antidépresseur 😀

    Comme toi je profite à fond quand je vais bien (ce qui est quasiment tout le temps à présent!) pour me remplir d’énergie positive et je repense aux bons moments quand ça ne va pas.

    D’ailleurs je te trouve rayonnante sur cette photo!

    Une chose qui m’a fait du bien quand ça n’allait pas c’était d’occuper mes mains, j’ai commencé à apprendre la couture etc. Le cerveau se met en mode automatique et ça soulage!

    Je repense souvent à la chanson de Souchon « la vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie »

    Ne baisse pas les bras, on finit par s’en sortir, j’en suis la preuve (enfin, ça fait 1 an et demi que je vais bien, donc je pense que ça va durer et j’agis pour que ça dure :)), et je connais plusieurs personnes qui sont passées par des moments difficiles et qui vont bien 🙂

    N’aies pas peur d’être toi-même, de t’affirmer, vis ta vie pour toi, n’aies pas peur du futur.

    Prends soin de toi 🙂

  11. ce qui est positif est que tu as des reponses, des personnes qui te lisent !!
    d’autres avec des mots moins forts mais qui expriment le desarroi n’ont pas de reponses ..ou 1 ou 2 au grand maximum ..ce qui est encore plus violent que si on taisait en soi la violence de la vie qu’on exprime ..
    Ce qui est positif aussi ce sont les mots d’amour de ton père et de ta mère …d’autres qui font des TS ne reçoivent que du silence en retour et des ‘on ‘n’en parlera plus jamais’ …’il ne s’est rien passé’ ..
    Ne te culpabilise pas ..parfois on a -pense t-on- pas d’autres choix que de passer à l’acte pour exprimer une overdose de tant de douleurs ..
    Ce n’était pas ton heure ..une autre chance t’est donnée pour que tu puisses remonter à la surface ..reprendre le gout à la vie ..et tu sais en tout cas que tu as une famille qui t’aime et qui !!..te l’a exprimée ..c’est pas rien meme si ça fait pas tout ..
    mais c’est tout de meme mieux que l’indifférence ..affichée ..de sa famille quand on fait un ..deux ..passages à l’acte et qu’en retour il n’y a que du mepris (et du corps medical !!..) et de ‘ses proches’ …

  12. çà fait longtemps que je te suis (sur Auf), je t’avais perdue de vue quelques temps. ta maladie, tu l’as pas choisie, Delph. Pour moi, ce que tu as fait, ce n’est pas être lâche ou égoiste, c’est arriver à un point de désespoir et de fatigue où l’on a (ou on ne voit) pas d’autre choix et il faut un sacré courage pour aller au bout. La vie est très difficile et j’admire les gens pour qui elle semble plus facile. J’ai été hospitalisée en psychiatrie à trois reprises entre 2009 et 2011. Je connais un peu, tu vois. Maintenant je me bats contre un cancer du cerveau. J’espère qu’il y aura des jours meilleurs…
    je t’embrasse

    1. Coucou ma belle, je t’avais aussi perdue de vue et retrouvée par hasard, il y a plusieurs semaines. J’avais hésité à mettre un commentaire d’ailleurs et puis je m’étais lancée pour reprendre contact, suite à ce que j’avais lu malheureusement. Dans la blogosphère, il suffit de changer d’adresse et puis on se perd, c’est dommage. Ce geste, c’est ce que tu décris oui… on sent que tu as traversé la traversée du désert de la dépression, à travers tes mots 😦 j’envie aussi les personnes pour qui tout paraît simple, mais je crois que c’est juste en apparence, et puis je me dis que ce combat là, m’a permis de mieux comprendre certaines choses, sur les autres, sur leurs souffrances. Je ferais partie des personnes qui jugent un tel geste peut-être si çà se trouve, ou je ne comprendrais pas comment on peut se sentir si mal moralement. Du coup, on vient davantage me parler, parce qu’on me dit « je sais que tu comprends » et je me dis que mon combat n’a pas servi juste pour moi (on se console aussi parfois comme on peut je crois… 🙂 )
      J’espère qu’il y aura des jours meilleurs oui, que de combats tu mènes… çà m’a touchée de voir que tu combattais ce monstre là maintenant, comme si tu n’avais pas assez souffert déjà. Je suis avec toi de tout mon coeur en tout cas et je croise les doigts pour que tu sois enfin en paix. Je te fais de gs bisous ma belle ❤

  13. Bonsoir,
    Oh…. merci pour tes mots : oui, comme tu le dis, comment les proches, dans ces cas-là, ne « comprennent » pas que rester à côté d’eux est extrêmement difficile.
    La souffrance psychique est invisible mais peut être si intense, que l’on peut avoir envie de partir, définitivement parfois (2 fois pour moi : en 1997 et en 2010) ou juste quelques heures pour soulager la souffrance….
    Ce qui est formidable, c’est de finir par constater, enfin c’est mon cas, que finalement, l’horizon qui n’existait plus, qui ne pouvait plus exister, se dessine, que les nuages se dissipent, que même si chaque jour n’est pas si simple, l’humeur générale est meilleure et tolérable puis parfois carrément sympathique.
    Ne jamais oublier, qu’après la nuit, le jour finit toujours par se lever et la lumière nous éclairer.
    Crois-moi, le 10 janvier 2010, je n’y croyais plus du tout, et je n’arrivais pas à entendre ceux qui me l’assurait et qui ne pouvait « palper » ma douleur.

    Les suicidants, des « lâches » ? Qui est plus lâche : la société qui ne sait s’adapter au rythme de vie humain, ne sait apaiser et épauler les personnes avant le passage à l’acte ?

    Les « suicidants » sont des personnes qui souffrent, cela n’a rien d’heureux de se « mettre » à essayer de « séliminer ».
    Je fais la chasse aux cellules d’isolement suite à une TS et je suis de celle qui pense que rassurer et aider un suicidant passe par le dialogue, l’aide avec le coeur et l’esprit, sans violence.

    Courage et félicitations pour ton blog !

    Bien à toi

    1. Coucou,
      Les proches nous aiment, même si parfois, je leur en veux de vouloir me garder auprès d’eux. Je ne suis pas sûre que ce soit les suicidants, les égoïstes, parfois, j’avoue… et en même temps, sans eux, peut-être qu’on ne verrait pas ce fameux horizon dont tu parles. Cette lueur d’espoir qui nous manque. J’ai des jours meilleurs, puis d’un coup, je bascule dans le vide.
      Je suis d’accord avec toi, concernant la communication. Encore faut-il tomber sur les bons interlocuteurs, qui trouvent les mots à temps. Finalement, je pense, que seules les personnes passées par là peuvent trouver ces fameux mots, mais c’est triste de se le dire…
      Et de notre côté, encore faut il aussi pouvoir entendre à temps… pareil que toi, ce jour là, rien ne m’aurait retenue. Ne plus souffrir, c’était la seule chose qui comptait…
      Merci pour ton mot, bisous

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