Combats qui me touchent

Comment j’ai vécu la dépression

Pas beaucoup l’ont vu cette photo… 1 semaine après on m hospitalisait pendant 1 mois. C’était une période où les coups fusaient aussi, et que l’automutilation était quotidienne. Ce qui n’arrangeait rien… (sept 2007)

Je me rends compte avoir très peu parlé de mes sombres périodes de dépression, en dehors de celles vécues depuis que ce petit blog vit en tout cas, mais il y en a eu de nombreuses auparavant. Des dépressions légères, des profondes, des courtes, des longues, des sans hospitalisation, des avec hospitalisation, des avec idées noires voire suicidaires, des juste beaucoup de larmes. Dans tous les cas, il m’a fallu une aide extérieure, parce que je n’étais pas assez forte émotionnellement pour gérer, même si j’ai mis du temps en parallèle à accepter le mot dépression et ses conséquences sur mon esprit mais aussi sur mon corps. On oublie souvent que les deux fonctionnent ensemble. Si on ne soigne pas le corps, l’esprit va mal. Si on ne guérit pas l’esprit, le corps envoie des signaux de détresse en mode « oh qu’est ce qu’il devient Monsieur Cerveau, il ne semble pas aller super bien et je vais montrer que je suis solidaire, paf prends toi ça, tu t’occuperas peut-être mieux de nous 2 si on s’y met ensemble ! »

La première période date de mes 19 ans. J’étais tombée dans la boulimie, mon corps en manque se rebellait et me faisait avaler tout ce que mes mains trouvaient sur leur passage. Du sucre, du gras, tout ce que je m’interdisais durant la restriction. Le trouble borderline était à son apogée, mon visage et mon corps n’étaient qu’hématomes et trainées de sang sur mes poignets. Je prenais en plus un neuroleptique qui me faisait prendre du poids. En un mois, j’avais pris 5 kgs, on m’a réhospitalisée en urgence pour changer mon traitement. Je n’arriverais pas à savoir si c’était déjà la dépression qui faisait son bonhomme de chemin ou si c’était la dénutrition et le trouble qui entraînaient de telles conséquences psychologiques. J’ai été encore plus fragilisée par cette période de plusieurs mois dans tous les cas. Ce qui m’a « aidée » à aller mieux est que mon cerveau a choisi la route inverse de nouveau, l’anorexie et son contrôle. Mais c’était la 1ère fois où je sentais cette immense tristesse en moi, ce vide alors que je remplissais mon estomac à en vomir. L’envie de rien, juste bouffer comme une merde et un porc. A ce moment là je tenais un cahier avec le nombre de calories ingérées, le sport que je faisais pour me dépenser, le nombre de laxatifs ingurgités. Je ne compte pas le nombre de dessins de moi toute ronde que je faisais, avec des mots loin d’être bienveillants envers celle que j’étais. Une fois l’anorexie revenue, je me sentais mieux… ce n’était qu’un leurre bien évidemment…

J’ai eu d’autres périodes similaires où j’arrivais à dire que je n’étais plus pareille, mais bien incapable de mettre des mots dessus. 

Et puis il y a eu septembre 2007, où la dépression profonde a fait son apparition. J’étais une loque, je peinais à me lever le matin, me réfugiais dans le sommeil autant que je pouvais, et puis il a fallu que je remplisse un jour des documents administratifs parce que la sécurité sociale était en train de faire les démarches pour me mettre en invalidité. Tout devait se faire dans l’urgence parce que je m’y étais prise trop tard évidemment. Je me vois encore avec tous mes papiers de toutes sortes éparpillés sur ma table et les formulaires à remplir. Je pleurais dessus en m’apercevant ne plus réussir à compléter la partie d’état civil. En gros il fallait que je réfléchisse à comment je m’appelais et que je trouve la force de tout inscrire dans leurs cases. Depuis un moment je conservais tout mon traitement -que je ne prenais donc plus…- (pour rappel, ne jamais arrêter un médicament et encore moins plusieurs à la fois, seule, sans l’accord du médecin, c’est très dangereux), me suis retrouvée en décompensation psychique et j’admirais mon sachet rempli de pilules de toutes les couleurs. C’était ma sécurité d’être libre si je ne supportais plus ce vacarme dans ma tête, de tout avaler. Le sachet grossissait pendant que je maigrissais et n’étais plus que l’ombre de moi-même, à me foutre de tout, à avoir la sensation que je ne ressentais plus rien et paradoxalement à avoir l’impression que j’étais à fleur de peau et que tout me touchait. J’étais morte tout en étant vivante, même si prendre de l’air oppressait ma poitrine, parce que je souffrais de grosses crises d’angoisse qui laissaient un énorme poids sur mes côtes et arrachaient le plexus en passant. Je me regardais dans le miroir et me demandais qui était cette étrangère que j’avais devant moi. J’ai appris plus tard qu’il s’agissait de dépersonnalisation et de déréalisation. J’étais paniquée d’être devenue une incapable pour les choses banales du quotidien. C’est là que j’ai compris le calvaire d’une de mes compagnes de chambre dans la clinique où j’avais été quelques années auparavant. Elle dormait toute la journée, ne parlait que par bribes, pleurait, ne se lavait plus. Pendant ma propre période de descente en enfer, j’ai essayé de me souvenir ce qu’il ne fallait pas que je fasse, en gros. Je n’ai jamais arrêté de me doucher. Chaque douche était une victoire contre la maladie et sans doute un mieux-être pour moi même si je ne percevais plus rien de ce qui pouvait me faire du bien. J’ai toujours eu des vêtements propres sur moi aussi, je ne suis jamais restée en pyjama toute une journée, je savais que ça pourrait empirer les choses. Mais le reste, je n’avais aucun pouvoir. Je n’étais plus rien, j’avais un trou béant dans le coeur, au point de me demander si j’avais toujours de l’amour pour mes proches et me sentais monstrueuse de penser de telles choses. J’étais vide de toute substance, une ombre qui se traînait d’un coin à l’autre de son appart, à essayer de garder un contact avec les autres, même si je le perdais. Chaque geste m’épuisait et me laissait vide de tout ce qui faisait « moi » encore 2 mois auparavant. Je n’étais plus rien, à part une merde, un morceau de viande sans âme. Un corps rattaché à une tête par un fil tellement infime que plus aucun courant ne passait entre eux pour communiquer ensemble. Chaque partie de mon corps et de ma tête faisait sa vie dans son coin et j’étais au milieu, l’âme en peine, les yeux avec des larmes en continu. Le silence quand on me posait une question ou qu’on se trouvait en face de moi. Plus aucune capacité d’analyse, de compréhension et puis j’étais lasse de toute façon, il fallait juste me laisser tranquille. Qu’on me foute surtout la paix, c’était ma seule volonté s’il fallait en avoir au moins une, à ce moment là. La décision d’hospitalisation a été faite à la demande d’une tièrce personne, le médecin. Elle aura lutté contre moi pendant plusieurs séances pour m’expliquer que je ne pouvais pas rester comme ça. Je ne voulais pas, on va à l’hôpital quand on est malade et autant j’avais accepté que l’anorexie était une pathologie, autant la dépression me laissait de marbre, on me triturait chaque parcelle de mon esprit, mais sinon tout allait formidablement bien. Un soir, que mon meilleur ami de l’époque était venu, j’ai craqué, un sursaut de vie m’a habité un très court instant, mais assez pour récupérer mon sachet rempli de médicaments et lui donner en pleurs, en lui expliquant qu’il ne fallait pas me laisser avec. Il n’a jamais jugé, il n’était pas du genre à le faire de toute façon, aussi compliquées que pouvaient être les situations avec moi… 1 semaine après j’étais hospitalisée, chaque jour on me faisait couler une perfusion de valium assez fort en dosage mais pas trop pour que je puisse bouger encore et ça m’allait. Je dormais enfin et m’en donnais le droit et faisais des activités toutes les après-midi, je voyais une psychologue plusieurs fois dans la semaine. Au bout de 2 semaines, j’étais déjà plus reposée, ça n’avait pas arrangé le côté dépression, mais j’étais plus objective sur le sujet au moins.

J’en aurais d’autres des périodes comme ça, mais ce serait bien long et pas forcément utile. Mon message à travers ce post, est surtout de dire que peu importe la « gravité » d’une dépression, c’est important de demander de l’aide dès qu’on sent des symptômes qui pourraient y faire penser. Une dépression sèvère aurait pu être plus légère si par exemple une prise en charge avait eu lieu plus tôt. C’est pour ça que maintenant, j’essaie de le dire dès que je ressens que je pourrais me faire rattraper, parce que la dépression est quelque chose qui est devenu chronique avec le temps. Donc pour limiter les dégâts si déjà il faut qu’il y en ait, je n’ai plus honte depuis longtemps de dire « non ça ne va pas moralement, je n’arrive plus à « être » tout simplement. Prenez soin de vous et n’oubliez pas que demander de l’aide n’est pas une faiblesse, c’est au contraire une force. Avec l’automne, il y a toujours un risque plus grand aussi. Ce n’est pas à négliger non plus. Chaque personne se tournera vers ce qui sera le mieux adapté pour elle, mais l’essentiel est de le faire à temps. 

J’ai toujours appelé la dépression, le cancer de l’âme, parce qu’elle grignote et pourrit aussi chacune de nos cellules et on peut parfois lutter, mais parfois on n’a pas le temps de dire ouf, qu’elle est déjà bien installée et plus on la laisse prendre ses aises, plus elle s’éparpille en nous et plus on met du temps à sortir du gouffre dans lequel elle nous plonge. Evitez les personnes aussi qui au lieu de vous aider, vous noient encore plus. « Quand on veut on peut » est une phrase stupide dans ce domaine. Quand on est happées dans ce tourbillon sans fin, on ne veut plus rien et on peut encore moins… 

Et ne minimisez pas votre état. Il n’y a pas de petite souffrance, il y a des souffrances tout court… Parfois on a envie de relativiser sans doute, en se disant que ce n’est pas grand chose et c’est pourtant ce qui peut conduire à la perte de sa vie quand on la laisse s’enliser en nous, sans plus pouvoir faire grand chose pour s’en débarrasser. 

 

A Pierre… 13 ans fin août qu’il s’est suicidé durant une période dépressive (il était bipolaire). Je n’ai rien pu faire pour l’aider. Même les médecins l’ont vu s’éteindre. Il ne parlait plus, ne souriait plus, son regard devenait mortel de jour en jour. Ils l’ont laissé sortir, il avait sans doute donné le change quelques jours. Il s’est tiré une balle dans cette tête qui l’avait tant étouffé…  Je ne l’oublie pas, il a été mon pilier dans la clinique où j’ai été envoyée pour la 1ère fois à Marseille et était devenu un ami au fil du temps.

 

Combats qui me touchent

Ces moments à gérer

Je t’aime ma paupiette… parce que j’ai le droit d’être moi-même avec toi…

Il est tard dans la nuit, même si pour moi il est tôt par rapport à l’heure à laquelle j’ai pu m’endormir. A peine endormie que déjà réveillée. Parce que j’ai juste voulu me retourner, mais que je n’arrive plus à bouger ce foutu pied qui semble cassé. Comment c’est possible de se casser le pied en dormant ?? et putain que ça fait mal…. en pleurs sous le coup de la douleur, j’essaie de bouger mon articulation doucement et je me rendors à peu près. Pour être réveillée de nouveau une 1/2h après pour la même sensation de cassure mais à mon coude et je n’arrive plus à bouger mon bras, mes doigts eux aussi sont cassés. Putain. J’ai mal et je suis si fatiguée… Je me rendors après avoir senti que mon articulation s’était remise à fonctionner. Et ainsi de suite va la nuit. A mes côtés, ma Happy qui me regarde dès que j’ouvre les yeux à nouveau en gémissant parfois tellement ça fait mal. A moitié réveillée, j’entends bien que je pleure et râle. Mais c’est peut-être un rêve alors que je fais ? Oui c’est ça ! Je rêve que je me suis cassée l’articulation du pied, des doigts, des coudes, des genoux ! Ouf c’est juste un rêve, je vais pouvoir me rendormir. Mais… mais… c’est étrange que ce rêve soit récurrent aussi ponctuellement dans la nuit non ? Et puis c’est dès que je veux bouger, c’est « marrant » comme rêve. Happy me regarde toujours, elle ne dort jamais ?! Elle est collée à moi, semble veiller, intriguée par les bruits émis par sa maman d’adoption. Je la caresse, lui dis « j’ai mal ma Happy… », pleure, me camoufle en elle comme un enfant serrerait son doudou pour éviter de faire de mauvais rêves. 

Sauf que ce n’est pas un mauvais rêve. Ce n’est pas un rêve tout court. Même si parfois je m’empêche de dormir parce que j’ai peur de faire des cauchemars, qui comme les « cassures » gâchent aussi mes nuits. 

J’ai du mal à me lever le matin, je me sens épuisée juste d’essayer d’ouvrir les paupières. Mais c’est juste peut-être parce que j’ai tout fait pour me maintenir en vie et ne pas vouloir quitter ma coquille remplie de douleurs qui ressemblent à des os cassés au point de remettre du temps à les faire bouger parce que j’ai peur qu’un jour, je ne puisse plus les bouger du tout. Et parce que ce n’est pas cassé. Mes articulations sont juste rouillées avant l’heure, elles ne sont plus huilées correctement et ça arrache des cris de douleur dans cette nuit que j’essaie de vivre, même si l’envie de tout oublier et surtout de ne plus souffrir est parfois plus forte que la vie. Parce que chaque nuit ressemble à la précédente, les jours se suivent et se ressemblent dans un immense fracas parfois. Souvent. Jamais de répit. La nuit est juste une continuité de mon combat du jour. Dans tout mon corps. Pas une parcelle ne passe à la trappe. Pas un os n’est en paix. Je n’arrive plus à me réconforter en me disant « mais tu n’as pas mal là », parce que ce n’est pas le cas. 

Alors quand on m’en veut d’être celle que je suis devenue ou qu’on me laisse finalement tomber, je n’ai plus envie de me défendre, de me justifier, de présenter des excuses. Parce que personne n’est là la nuit pour me dire que tout ira bien, que le lendemain matin, je n’aurai pas de souci pour marcher, que ça va se déverrouiller de nouveau. Et le jour, j’essaie de me taire parce que ça doit être bien chiant quelqu’un qui dit toujours qu’elle a mal. Et parfois c’est trop pour moi toute seule. Il y a ma Happy, toujours pareille avec moi, que je sois un tout petit mieux ou que je sois si mal comme cette nuit de trop. Happy qui me fait sentir qu’elle m’aime et à qui je peux dire que j’ai mal sans qu’elle me laisse tomber. Que j’ai envie de partir parce que je n’en peux plus de vivre comme ça, sans qu’elle me fasse la morale ou me tourne le dos parce que c’est trop difficile à comprendre et à supporter. 

Peut-être que je comprends que ça puisse devenir pénible pour des personnes qui nous aiment, mais ce n’est pas parce qu’on comprend que ça ne touche pas de voir ce qu’on représente au final pour les gens. Je comprends aussi les petites vieilles qui finissent seules avec leurs chats. Parce qu’à part les aimer, leur donner à manger, à boire, prendre soin d’eux, ils ne jugent rien, ne demandent pas à ce qu’on soit souriant du matin au soir. 

Je deviens asociale (dans ma vie réelle) avec les douleurs…. Et j’en souffre autant que les douleurs et mon moral qui flanche à tout bout de champ…. 

Combats qui me touchent

Ce qui pousse un jour à désirer s’envoler…

Source image : site futura santé

!!!!!! Attention au moral pas très bon et aux âmes sensibles, je ne vous en voudrai pas de ne pas lire cet article là ❤ J’ai besoin de tout cracher ce soir et me connaissant ce ne sera pas dans la dentelle que je le ferai, mais me rends compte que c’est le seul endroit où j’ai le droit de le faire… D’où le petit avertissement habituel, quand je n’écris pas quelque chose de pas bien gai, pour les personnes qui viennent de rejoindre mon univers (merci d’ailleurs surtout dans un tel moment….)

10 jours déjà sont passés depuis que j’ai fait ce geste, pour la 3ème fois. La gravité de la situation comparée aux autres 2 autres TS c’est que cette fois-çi tout était planifié. En fait, j’avais beau essayer de parler de tout et de rien, depuis mon anniversaire, j’allais de plus en plus mal. Les douleurs de l’hiver étaient trop dures à gérer, je ne voyais plus comment m’en sortir en ayant fait tous les protocoles possibles actuellement, me tourner vers qui et quoi, en sachant que je ne crois pas aux guérisseurs et autres charlatans qu’on a voulu me faire rencontrer (pourquoi tant de malades en souffrance si ces gens là existent ??……..) et beaucoup de médecines parallèles ne sont pas prises en charge. Une impasse qui durait depuis des mois. J’avais la sensation de perdre pieds à tous les niveaux. D’être réduite sur tous les plans à cause de cette mobilité de merde et ces douleurs.

En janvier, j’ai commencé à écrire des lettres à mes proches, au cas où je ne tiendrais pas le coup, parce que je me sentais prête à craquer à tout bout de champ. Un besoin de lâcher qui me hantait parfois de jour comme de nuit et puis par moments, les journées étaient plus calmes. Je sais maintenant que ces jours là, c’était seulement parce que je savais que d’ici peu, je serais enfin libérée. Mon blog m’a beaucoup maintenue, avec ma famille, c’était souvent mon seul lien avec l’extérieur, je vous lisais, commentais quand je pouvais et c’était mon oxygène…. jusqu’à ce que mon corps dise stop au bout d’1h parce que je devenais trop douloureuse de rester sur mon pc. Je sortais de moins en moins, de peur d’avoir un malaise comme c’était souvent le cas chez moi à cause de pics trop forts. Je m’isolais, avec la sensation de ne plus rien pouvoir apporter aux rares ami(e)s qui avaient pu rester dans ma vie, même si c’était loin d’être toujours bien rose. Entre protéger les êtres qu’on aime, mais ne pas se sentir protégée contre quoique se soit, çà peut provoquer un vide en soi. Et quand on va mal, on devient très vite négative sur l’image qu’on renvoie et je ne voulais pas la véhiculer, quitte à me sentir seule. Et puis souvent, juste répondre à un sms était hors de portée de mon cerveau qui semblait se décomposer. Certaines personnes ont compris mon silence, d’autres non, à l’heure actuelle, j’ai besoin de reconstruction et me fous bien de ce qu’on peut penser. J’essaie de me concentrer sur les personnes qui ont compris mon geste aussi, sans me sortir des phrases pas terribles il faut bien le dire. J’ai honte pour elles…. 

Et puis comme dans un état second, ce jeudi là, j’ai décidé que c’était la nuit là que je partirais. J’ai rangé le maximum de mes affaires, fini les lettres commencées en janvier, les ai imprimées, toujours comme si j’étais dédoublé en moi. Le soir, j’étais convaincue que ce serait la dernière fois que j’entendais mes parents. Les comprimés se sont alignés doucement sur la table. Tout était planifié. Jusqu’à la protection de ma Happy… celle que je vois comme la petite fille que je n’aurai jamais… S’il m’arrivait quoique se soit, qui s’en occuperait, quand on ne voit pas grand monde, on peut vite se dire que personne ne saurait qu’il est arrivé quelque chose et que j’ai entraîné ma minette avec moi, alors que c’était bien la dernière chose que je souhaitais. Cà aussi, m’a hanté, jusqu’au jour où j’avais trouvé un moyen. Je savais que mes 2 amis les plus proches avaient des doubles de mes clés et qu’ils pourraient entrer chez moi du coup, pour la récupérer… les premiers comprimés ont été avalés et j’ai vite été somnolente, je pensais à Happy, avec la peur de m’endormir trop vite. Alors j’ai suivi le plan tellement réfléchi… j’ai envoyé 2 sms où j’expliquais que je ne supportais plus de souffrir autant, mais qu’il fallait s’occuper de ma petite fille et ne pas la laisser seule… en pleine nuit, je me disais que mes amis dormaient et ne verraient que mes sms le matin. Trop tard en gros, pour moi mais pour ma Happy…. 😦 Qui comprenait que quelque chose n’allait pas, elle était agitée et miaulait en me regardant faire mon 2nd cocktail. J’ai senti que je m’endormais doucement, mais pas assez, alors j’en ai repris et je me suis enfin allongée. A la recherche du doux coton que j’avais ressenti la 2ème fois, quand mon coeur s’était arrêté à peine quelques secondes juste assez pour m’envoyer dans un monde tellement doux, où je ne souffrais plus, où je rejoignais les personnes qui me manquaient tant. Et j’avais ressenti des coups bizarres dans la poitrine, le coton avait disparu, tout était sombre comme des ténèbres sans fin et le froid m’avait envahi. 

Là je m’endormais, sentant mon corps se paralyser doucement, incapable de bouger, pourtant j’ai entendu les appels des pompiers qui ont fini par passer par mon balcon. Mes sms avaient été lus… j’avais foiré mon plan… 

Je suis restée 10h aux urgences générales avec des fils reliés à un EEG en permanence pour surveiller le coeur, un brassard qui prenait ma tension toutes les je ne sais combien de mns… on perd la notion de temps… surtout que je dormais…. et me réveillait quand on venait me stimuler en gros. Une perfusion coulait durant ces 10h. 

Puis on m’a sortie du box au bout de 8h et j’ai passé les 2h suivantes dans un autre endroit, en attendant que je sois transférée. Sauf que je ne savais pas qu’on me transférerait… du coup, entre mon corps douloureux, la solitude depuis le matin, mes nerfs ont fini par lâcher. On m’a expliqué que la dose était importante, que ce que j’avais pris n’était pas anodin et que je ne rentrerai pas chez moi ce soir là. 

J’ai fini par être transférée aux urgences psy, titubant et plus que sédatée encore. J’ai eu un entretien avec une infirmière qui m’a bien aidée heureusement… sans lunettes et sans portable, difficile de demander de l’aide. Personne n’avait prévenu mes parents en plus, du coup, c’est moi qui sédatée et n’ayant pas les idées bien claires a parlé que j’avais fait une ts, en pensant qu’ils étaient au courant… pff… 😦 L’infirmière et mes parents ont tout fait pour qu’on puisse trouver quelqu’un qui pouvait m’apporter des affaires.

J’avais vu la psy de garde entretemps qui a refusé la signature de la décharge et était prête à signer ce qu’on appelait avant une Hospitalisation à la Demande d’un Tiers. Maintenant en cas d’urgence, d’insécurité pour la personne, le tiers peut être le médecin. Alors je suis restée 5 jours, le temps de me remettre, de me surveiller moralement et d’attendre mes parents pour pouvoir sortir en leur compagnie. 5 jours à dormir, à récupérer. Donc je suis chez moi depuis mardi soir. J’ai mis du temps à évacuer les médicaments, çà fait seulement depuis hier, que je tiens vraiment debout plus d’1h sans avoir l’impression de tomber. Le 30, je vois ma propre psy et sais que certaines décisions seront prises en espérant qu’on entende que m’enfermer n’est peut-être pas la bonne solution. Leur idéal à eux est de m’hospitaliser en service de semaine (on reste toute la semaine nuit et jour et on peut sortir le w-e, si on est surveillées à l’extérieur et si notre état le  permet). Autant dire que que je ne serai pas dehors, parce que je ne vois pas qui pourrait rester avec moi le w-e. Chaque semaine c’est réévalué. On peut rester du coup 1 semaine, 2, 3, 4, tout dépend de l’avancée. Revoir aussi le traitement et être encadrée si jamais j’ai des soucis avec. Mais j’ai peur…. on a abusé de moi dans ce genre d’endroits et même si les portes se ferment à clé de l’intérieur et que le soir, je demandais aux infirmières de nuit de fermer la porte à chacune de leur ronde, je n’ai pas arrêté d’y repenser et je n’avais pas besoin de çà… 

Comment je me sens… çà dépend des moments, j’essaie de profiter de mes parents, on essaie de sortir autant que je le peux. Mais je fatigue vite. J’essaie aussi de les rassurer, en vain, je le sais, mais bon… j’ai besoin de liberté, d’espace et j’arrive à me trouver sereine dans la nature au moins. 

Vos mots m’ont énormément touchée et je sais que ce n’est pas un geste facile à saisir, alors merci doublement de ne pas avoir porté de jugement. J’ai imprimé ou copié les mots que vous m’avez laissés. Ceux qui doivent faire en sorte qu’il ne faut pas que j’oublie qui je suis. Ce que je suis capable d’apporter malgré les douleurs et cette sensation en moi, permanente, de ne plus me reconnaître. D’être une autre. Merci pour cette chaîne de solidarité qui s’est formé sur HC, je pense avoir raté certaines choses, et j’en suis désolée si c’est le cas. Je rattrape mon retard très doucement. Je ne sais pas ce qui m’attend et j’angoisse beaucoup, ne dors pas beaucoup la nuit à force de cogiter. Je ne suis ni fière de mon geste, ni d’avoir provoqué un cataclysme chez la personne qui malheureusement a lu mon sms à un moment où elle n’aurait pas dû. Je comprends qu’on m’en veuille, çà ne veut pas dire que je cautionne tous propos en tout cas… 

Je sais que l’une de ces amies physiques qui restent, passera peut-être par ici, alors merci encore ma Vi ❤ et l’autre amie est venue chaque jour apporter ce qui manquait, des petites gourmandises pour essayer de me rendre mieux et elles ont adouci ces 5 jours dans ce service, calme, pourtant, mais qui respire la souffrance ce qui est normal dans un tel endroit….

J’ai beau ne pas être fière de mon geste, je ne le regrette pas. J’ai espoir qu’il me redonne une seconde vie, une deuxième chance et qu’il me fasse réaliser que tout n’est pas foutu… qu’il faut encore me supporter… Mais j’avoue… pour moi tout était fini ce jeudi, il y a 10 jours même si je me bats contre ces idées au quotidien depuis que c’est arrivé. 

** Si je raconte tout çà, c’est pour faire attention si vous avez des proches qui insinuent des plans un peu spéciaux, des propos qui peuvent laisser penser au pire. On dit parfois que ce sont ceux qui en parlent le moins qui passent le plus à l’acte. De mon côté, on savait que j’en avais marre, que je souffrais beaucoup ces derniers temps et que la dépression s’était réinvitée. Mais beaucoup ont été surpris de ne pas avoir pu voir ou entendre. Personne ne savait que je faisais tous ces plans depuis janvier. Que je pensais à sauver Happy. 

Il faut mieux s’inquiéter pour « rien » que d’avoir des doutes et passer à côté de l’irréparable. Je me dis que mon corps et mon coeur sont solides, il doit y avoir quelque chose qui ne veut pas me faire atteindre l’au-delà… mais d’autres avec la même quantité auraient pu s’envoler avec un coeur moins solide… 

Le suicide est un sujet tabou, je le sais. Et pourtant, le problème est là et on est combien à souffrir de vouloir disparaître de la surface de la terre… en silence (oui j’ai regretté mes sms………) Cà faisait 6 mois que je préparais tout, et qui s’en serait douté, même si je glissais parfois que la mort était la seule chose libératrice à mes yeux, mais on a l’habitude me l’entendre dire, par ras le bol.

Et pour les personnes concernées, je n’ai aucun conseil, sais que le but n’est pas de demander de l’aide dans ce genre de moments… Je serais mal placée de dire « n’hésitez pas à demander de l’aide, quand vous sentez que vous glissez ». Je sais qu’on veut juste la paix… et partir tranquillement sans qu’on le sache… Mes lettres à mes proches sont dans mon dossier, lues par les pompiers et les urgences psy, alors que je parlais de choses personnelles, pour voir si c’était un appel au secours, ce qui n’était pas le cas, loin de là d’où le fait qu’on m’ait tenue dans ce service où je devais restée 2 semaines si mes parents n’avaient pas été là pour me faire sortir et me « surveiller »… Ma carte de donneuse d’organes était à côté de mes lettres, une autre lettre était écrite pour qu’on ne me réanime pas et que je ne reste pas branchée. En espérant que je n’avais pas endommagé tous les organes et qu’ils puissent servir à d’autres… ceux qui aimaient la vie et sauraient en profiter en gros…. çà allait loin… 

La seule chose que je pourrais dire, c’est de ne pas rester seul(e) face à la dépression tant que vous êtes conscients qu’il peut se passer quelque chose de grave. Et si vous avez un(e) confident(e), n’hésitez pas à parler de votre mal-être aussi, c’est important. Les démarches qu’on ne peut plus faire soi-même pour demander de l’aide, peuvent être faites par des personnes de confiance aussi **

Avec mes parents, mon frère et ma belle-soeur, elles ont depuis leur naissance, été ma raison de vivre…. parfois la souffrance fait oublier ce qu’on possède de plus précieux…. ne la laissez pas vous envahir au point d’inconsciemment « oublier »… (c’est juste que çà arrange parfois d’oublier, pour partir plus facilement…)
Je suis devenue craintive de les montrer sur le net (c’est d’ailleurs pour çà que vous ne les avez jamais vraiment vues, d’où les petits émoticones, mais j’avais besoin de les avoir avec moi, ce soir… parce que je n’aimerai jamais personne autant qu’elles… et pourtant j’ai voulu ne plus vouloir les voir grandir. C’est pour montrer à quel point, tout peut être plus fort que l’amour. Reçu et donné.

C’est décousu, j’ai voulu écrire tout çà, pour montrer cette détresse invisible que je ne suis pas seule à vivre loin de là bien malheureusement… et le pire c’est qu’on ne saura jamais quelles sont mes réelles pensées à l’heure actuelle. Seule moi sait. Comme je le savais depuis janvier que çà finirait par arriver ce jour là. 

Merci d’être celles et celui (pour Bernie) que vous êtes. J’ai lu des dédicaces encore ce soir qui m’ont bouleversée et j’essaie de vous entendre au maximum pour me remonter. Il y a encore des choses à partager au moins entre nous. Avec ma famille. Mes nièces. Les amies qui resteront, ceux qui partiront et les nouvelles personnes qui feront partie de ma vie, parce qu’il faut que je réapprenne à faire confiance aussi…. 

Je vous embrasse tou(te)s et faites attention à vous et ceux que vous aimez… 

Combats qui me touchent

Elle nous a mis devant la réalité…

Photo : Pinterest

Elle s’appelait Corine, souffrait de fibromyalgie depuis 20 ans. Elle avait perdu beaucoup de choses à cause d’elle, la dépression l’avait envahie, comme beaucoup d’entre nous, je pense… elle avait des douleurs très fortes, s’était retrouvée à un moment de sa vie dans un fauteuil roulant, puis elle avait fait face, avec l’aide de quelqu’un en qui elle avait confiance. Elle faisait des sorties sur ovs, où je l’avais rencontrée virtuellement, c’était la 1ère à m’adresser la parole d’ailleurs, parce qu’elle savait que j’en souffrais aussi. Je n’ai jamais oublié l’espoir qu’elle m’avait donné. Il y avait des moments aussi où elle parlait d’en finir et puis elle revenait… 

Jusqu’à la nuit de lundi à mardi… elle a arrêté son combat et on a perdu son joli sourire… Sa lutte contre la douleur est terminée, elle a abrégé ses souffrances. Elle aurait eu 56 ans dans une semaine. 

Elle nous a mis devant la réalité des choses. Que la douleur peut être tellement forte qu’on finit par y laisser nos plumes. La force, le courage et la vie y passent. C’est notre réalité en tant que douloureux chroniques même si à la base, la fibromyalgie n’est pas physiologiquement une maladie qui entraîne les décès, la dépression qu’elle entraîne, elle, provoque des suicides et c’est finalement le même résultat que toute autre maladie. 

Elle se battait pour trouver la sérénité sur Terre, à travers des activités. Ce n’était pas assez pour la maintenir à la surface, elle se sentait toujours aussi seule face à ses douleurs. 

Elle avait vu une photo que j’avais mise de moi sur facebook, de mon baptême en parapente. C’était aussi son rêve, on en avait parlé, elle avait peur, pendant un moment je lui avais parlé de l’association qui avait été géniale avec moi et qu’ils m’avaient permis de réaliser mon rêve malgré les circonstances. J’étais contente qu’elle me dise qu’elle le ferait au printemps… Le printemps est là, les airs l’attendaient, à la place, elle a traversé les nuages et rejoint ces étoiles qui se font beaucoup trop nombreuses à force…. 😦 

Je me suis demandé si on avait fait assez pour la soutenir au sein du groupe, si moi de mon côté, j’avais pu être assez présente pour elle, si je n’aurais pas dû aller davantage vers elle pour lui dire que je la comprenais, qu’elle n’était pas seule, même si elle le savait, l’écouter davantage… Mais il fallait seulement accepter que c’était trop lourd et que rien de plus n’aurait pu l’aider, à part lui retirer toute douleur. Et accepter son choix et son besoin de s’échapper. Tout simplement. L’accompagner vers cette nouvelle demeure qu’est la sienne dorénavant.

« Respire… sois sereine et vole vers ta liberté ma Coco… j’ai toujours compris tes mots / maux… je comprends ton geste… Repose enfin en paix » 

Combats qui me touchent

Les coulisses d’un service de psychiatrie

Psychiatry-fr_nuage_de_mots-clés.svg

Je mets mes fameux !!! pour montrer qu’âme sensible s’abstenir Je vais parler positivement des personnes qu’on rencontre dans ce genre de service (le mot « psychiatrie » donne des frissons à beaucoup et si on rajoute le mot « service » devant, on perd du monde… et mon combat a souvent été de dénoncer certaines pratiques ou réalités, dans ces établissements mais c’est important d’évoquer aussi l’envers du décor, plus positif, autant qu’il peut l’être, vues les circonstances, on va dire). Mais j’aborde aussi quelque chose en rapport avec moi qui n’est pas forcément gai d’où les !!! malgré tout, du coup. Je ne me censure plus depuis longtemps mais préfère toujours prévenir…

* Ce couloir là est le 1er que j’ai traversé pendant plusieurs mois entre 2004 et 2006. Une clinique psy. Où il m’est arrivé ce qu’on sait si on me suit depuis un moment…

cypres_equipes2_v_Variation_1

* Puis à partir de 2006, c’est par là que j’ai aussi passé de nombreux mois. Un jour, j’ai pris tous mes bulletins d’hospitalisation, pour compter le nombre de mois que j’avais passé dans ces 2 endroits réunis. 27 mois sur 5 années environ. Pour moi une éternité… Au fond, les murs bétonnés sont en fait les couleurs qui mènent aux services comme des sortes de souterrains. On dirait une taupinière. Un service plus dur, je n’ai jamais su pourquoi, parce que j’y ai vu autant de souffrances. Des cas plus lourds, plus dangereux aussi, peut-être, je ne sais pas. Il y a une unité spéciale pour malades dangereux et j’avoue que même en la sachant fermée et protégée, certains patients sortent de ce service là quand ils ne sont plus en crise et du coup, ils sont mélangés avec nous, dans les unités « ouvertes ». Il y a peut-être plus d’angoisse aussi du coup… C’est là que je vais tous les 15 jours pour une consultation psy et je dépends de l’unité qui traite les psychoses débutantes. 

21

C’est le genre d’endroits qui marque. Chez moi c’est gravé au fer rouge, parce que j’ai perdu du monde dans ces combats, mais j’ai aussi rencontré des personnes que je n’ai jamais oubliées et on y vit tout plus intensément aussi bizarrement. La souffrance évidemment mais les moments où on arrive à dépasser la maladie et à se retrouver nous-mêmes, en tant qu’individu. Comme dit, quelque soit le degré de gravité et la maladie dont on souffre, on reste des êtres humains avant tout.

– T. une jeune ado qui venait toujours près de moi, elle était en recherche d’affection et me voyait un peu comme la grande soeur à qui on pouvait se confier. Elle venait se jeter dans mes bras ou posait sa ptite tête contre moi quand j’étais installée dans la salle commune sur un fauteuil le soir quand on s’y retrouvait tous. Elle a fait tourner les médecins en bourrique lol un jour, on l’a cherchée partout pensant qu’elle avait fuguée et en fait elle était restée dans son placard et est réapparue comme une fleur le soir. Et puis un jour, elle est venue dans ma chambre en me demandant si je ne trouvais pas qu’elle avait pris du ventre. Je lui ai répondu que oui, un peu, mais c’est parfois l’effet des neuroleptiques. Je la voyais dormir plus souvent, son ventre s’arrondir un peu trop. Puis je ne l’ai pas vue pendant plusieurs jours, quand elle est revenue, elle a repris ses habitudes près de moi et pendant qu’on mangeait, elle s’est confiée à moi (j’étais toujours la dernière à table à cette époque mouais), m’a dit qu’on l’avait forcée à perdre son bébé… Son ventre arrondi n’était pas dû aux neuroleptiques, elle avait été violée et à 16 ans s’apprêtait à être maman… Les soignants la voyant toujours collée à moi ont jugé que ce n’était pas bon qu’elle s’attache de trop à moi, parce que le jour où elle partirait ou que moi je quitterais le service, elle risquait d’aller plus mal. Elle me regardait de loin les larmes aux yeux, tenant sa distance. De mon côté, je n’ai jamais regretté de lui avoir donné ce que j’avais pu. Il y a 1 an, j’ai eu un sms d’elle, 3 ans après elle ne m’avait pas oubliée et çà m’a touchée. D’autant plus quand elle m’a dit qu’elle avait rencontré quelqu’un, qu’elle était heureuse et qu’elle était maman 🙂 Puis elle m’a envoyé des photos de son ptit bout de chou qui avait 1 an. 

– Les personnes qu’on y trouve sont souvent démunies autant affectivement que financièrement et du coup, le moindre geste prend une ampleur qu’on ne rencontre pas forcément à l’extérieur. Quand je vois les gens mécontents de ce qu’ils ont pu avoir comme cadeau, je me souviens au plaisir que j’ai eu d’offrir un carnet de dessin, 1 crayon de papier, 1 gomme et 1 taille crayon, à D. un patient sdf. « Tout çà pour moi ??? » avec un grand sourire édenté. Il était heureux… 

– Il y a ces liens qu’on tisse parce qu’on se comprend, parce qu’on est aussi 24h/24 ensemble. Ces soirées où on se rassemblait tous. J’entends souvent le rire de B. qui riait en lisant « Ensemble c’est tout », je n’ai jamais oublié l’affection portée aux personnes qui en avaient besoin, me moquant bien si je faisais mal ou bien. Certains sont morts à l’heure actuelle, je regrette encore moins de ne pas avoir fait attention. C’est là aussi que j’ai rencontré J-F qui m’a aidée à emménager dans mon 1er appart, le seul ami que j’avais quand je suis arrivée à Marseille pour emménager ce coup-çi et non pas pour être hospitalisée. On allait rendre visite à M-P qui avait été transférée à la timone pour faire des électrochocs (qui l’ont sortie de sa mélancolie). On pleurait, on riait, toutes les émotions étaient mélangées. C’était mon ancienne compagne de chambre à l’époque de la clinique, elle me voyait laver mon linge à la main (je n’avais aucune famille ici et ne connaissais personne à Marseille, du coup, je lavais mes jeans, mes pulls dans la douche), quand elle pleurait et que j’allais m’installer près d’elle pour lui parler, elle me disait « tu sens toujours bon, tu prends soin de toi, tu changes d’habits souvent, alors que tu laves tout à la main, tu es toute jolie toujours » Je lui ai expliqué que c’était important de garder çà, même si c’était parfois dur. Elle a été prendre une douche, se changer, des gestes qui pour elle, dans son état, étaient compliqués. Et quand elle est ressortie, elle avait un grand sourire en me disant « tu as raison, çà fait du bien ». J’étais heureuse de cette mini victoire pour elle.

Je me suis jurée que la dépression ne m’emmènerait jamais aussi bas. Moi j’étais là pour anorexie, la dépression était là mais pas au point de maintenant. Ces derniers temps j’y pense beaucoup à elle, quand le matin, je n’arrive pas à me lever, que je me force à me préparer mais que çà demande un effort qu’on ne soupçonne pas si on n’a jamais connu cet état. Me doucher parfois est pareil, une corvée, mais je tiens ma promesse, je ne laisse pas mon corps à la dépression, même si çà me coûte cher… surtout qu’il y a aussi les douleurs qui empêchent certains mouvements.

– j’y ai rencontrée quelqu’un qui m’a beaucoup aidée côté soignant. Il m’a appris à parler, à retrouver ma féminité par des exercices qui remuaient mais que je ne regrettai jamais d’avoir faits. Je n’oublierai jamais ses mots non plus qui m’ont aidée à aller de l’avant. Je n’avais jamais pleuré devant personne à 27 ans. J’aurais pu être gênée vis à vis de lui, il avait à peine 2 ans de plus que moi et son regard était tellement expressif que je savais ce qu’il pensait. Un jour, il m’a demandé comment je gérais les séances et comment je me sentais après. En rigolant, je lui ai dit que souvent je rasais les murs pour remonter dans ma chambre dès la sortie de la salle d’ergothérapie parce que c’était beaucoup d’émotions à gérer et que souvent j’évacuais sans avoir le temps d’être dans ma chambre. Mais je ne voulais que personne ne voie mes larmes, d’où le rasage de murs. En sortant de la salle, j’étais en vrac comme d’habitude, il a eu le malheur de m’appeler… j’étais en pleurs, je lui en ai voulu sur le moment, parce que je venais de lui dire que je ne supportais pas qu’on me voie comme çà, il n’avait rien compris…. ! Si… Je me retourne donc… pitoyable avec mes yeux rouges, mon nez de la même couleur… « A demain Delphine, 14h… », avec un sourire, l’air de dire « ce n’est pas grave, vous avez le droit de pleurer devant moi » (rien que de me rappeler de çà j’ai les larmes aux yeux, on vient de me perdre…). Je le voyais tous les jours, il m’avait dit que c’était la 1ère fois qu’il travaillait autant avec une patiente, du coup c’était pas compliqué de savoir les jours et les heures, c’était la peine de me rappeler pour çà, le vilain. Et effectivement, les fois suivantes, j’ouvrais les vannes, assise par terre avec lui, il avait ouvert une porte ce jour là… il attendait que çà passe en me donnant le droit de me laisser aller, à mes côtés. Je ne me suis jamais sentie seule un instant avec lui en tant que soignant, contrairement à beaucoup d’autres. Il m’a appris à mettre des mots sur ma souffrance, il a su me montrer qui j’étais. 

– il y a eu F. qui a beaucoup compté, le confident, le double au masculin. Il était capitaine dans l’armée de terre, avait fait une dépression et une ts. Avec lui, j’ai appris le dépassement de soi. « Le mental permet beaucoup de choses » et il m’a aidée à m’en convaincre et m’a convaincue… du haut de mes 37kgs de l’époque, aucun appareil de la salle de kiné n’a été épargnée, je fixais les collines que j’avais en face de moi et je pensais à ses mots « pense à ton mental, il est capable de prendre le pas sur le corps » Il a cru en moi aussi. Il m’a montré des exercices de Qi Qong, lui qui était adepte. On passait nos journées ensemble, le soir j’avais une perfusion d’un anxiolytique, il restait à mes côtés le temps qu’elle coule. C’était là en général qu’il me parlait de lui, qu’il se confiait. Il est sorti au bout de 3 semaines, chaque w-e pendant mes permissions de sortie, il venait me chercher malgré la fatigue de sa semaine, il faisait 2h30 de route aller/retour pour que je passe le dimanche avec lui et sa ptite famille. Pareil, je ne les ai jamais oubliés, ils font partie de mon combat et ont contribué à ce que je me tire de mon enfer. 

Mon post part dans tous les sens, j’en suis désolée :/ Ils m’ont mis de la vie en moi tous ces petits anges rencontrés au détour de couloirs d’hôpitaux. Et mieux, ils m’ont prouvé que je pouvais en mettre en eux aussi. 

Pourquoi je raconte çà, pourquoi j’y pense un peu plus en ce moment… Je ris sous vos articles, je parle, je me rends vivante au maximum pour qu’on ne voit pas ce côté obscur sans arrêt chez moi, mais au fond de moi, je me sens complètement éteinte et vide. C’est une galère pour me faire sortir, prendre soin de moi. J’ai renoncé à tous les traitements pour la fibro parce que je n’ai plus espoir. Cà fait 3 mois environ que je suis retombée dans une dépression avec idées plus que noires. Mon absence il y a 3 semaines, quand j’avais programmé mes articles, était due à une surdose de médicaments, elle était programmée tout autant que mes articles, mais je ne voulais pas faire la même erreur qu’il y a 1 an et demi, quand sous le coup des médicaments justement, j’avais mis un message d’adieu par ici. Cà m’a valu de dormir discrètement pendant 2 jours et de revenir lentement. Je ne sais malheureusement pas mentir, j’ai voulu le cacher, mais je ne peux pas, parce que c’est trop lourd à porter. Deux amis le savent mais on n’en parle pas et ma famille ne sait pas. Mes parents entendent au téléphone les soirs où je ne peux pas masquer les choses et où je n’ai pas forcément envie de parler non plus que je ne suis pas au top de ma forme, mais j’ai voulu les protéger encore. 

La souffrance physique et psychologique… je ne le vois pas comme une ts, je crois que j’avais juste besoin de me mettre un peu en veille… oublier mon cerveau qui n’arrête jamais de fonctionner quoique je fasse. Il ne tait aucune pensée et je m’épuise… le corps lui souffre du froid et de l’humidité, il a à peine le temps de se remettre qu’il fait de nouveau mauvais et çà recommence inlassablement… et au delà de çà, il y a ce sentiment de solitude qu’on peut ressentir parfois en soi, ce vide intérieur comme je l’ai parfois appelé dans d’autres posts. 

Je pense à ma famille, c’est la seule chose qui me permet d’avoir encore un repère, un moyen de garder les pieds sur terre, dans tous les sens du terme… même quand parfois j’ai la main trop lourde sur certains médicaments… Je les aime plus que tout au monde… mais en parallèle j’ai cette souffrance qui ne s’éteint jamais elle, contrairement à moi qui ne peut plus vraiment m’allumer de l’intérieur depuis un moment. J’ai souvent dit que derrière un écran, on ne pouvait pas savoir comment était la personne… 

Je vais m’arrêter là, j’ai mon corps qui tiraille dans tous les sens, il n’a pas apprécié le temps passé à raconter tout çà malheureusement. Prenez soin de vous, je me dis de plus en plus que tout est en nous, qu’on a la clé quelque part et qu’on est seuls face à soi-même. Pour combler ce vide qui bousille tout… Pour aimer la vie à temps complet et pas vouloir la quitter tous les 36 du mois ou parfois l’éviter un temps au moins… 

Combats qui me touchent

La bipolarité me l’a volé…

!!!! S’abstenir de lire au cas où le moral n’est pas solide, ce n’est pas gai comme article… La suite des vacances viendra derrière le plus rapidement possible… J’avais besoin de parler de lui, en cette date anniversaire…

 

Au-delà des nuages, il y a toi et tous les autres...
Au-delà des nuages, il y a toi et tous les autres…

Il s’appelait Pierre, avait 46 ans et était bipolaire. Je l’ai connu dans la 1ère clinique où j’ai été hospitalisée à Marseille. J’avais débarqué là, à 800kms de ma famille, je ne connaissais rien ni personne, c’était l’inconnu et avec d’autres patients, il avait été présent pour moi. J’avais 26 ans, il aurait pu être mon père. On était un groupe soudé souvent ensemble, on passait les soirées longues, tous réunis dans la salle fumeurs, même moi qui étais sans doute la seule à ne pas fumer dans le service, j’y mettais mon nez, juste pour être avec eux tous. Beaucoup de souffrance et des rires malgré tout, pour essayer d’être plus forts que la maladie toujours. Le 1er endroit où j’ai été entendue et comprise par le corps médical et les patients.

Il avait dit à une patiente en me voyant au loin, du haut de mes 37 kgs, que j’étais adorable, pleine de douceur, que je semblais fragile et qu’on avait envie de me protéger. Quand j’ai su çà, je me suis dit qu’il donnait l’impression de la même chose. Alors on s’est soutenus et protégés mutuellement, avec nos fragilités respectives. Il me voyait dehors, toujours avec mon livre sous le bras, il venait, s’installait, parlait peu et IRL, si on n’engage pas la conversation, je ne suis pas bavarde, j’ai besoin d’un coup de pouce pour m’y mettre. J’avais toujours peur qu’il s’ennuie du coup, à mes côtés, il était parfois dans son autre monde et quand je m’en apercevais, j’essayais de surmonter ma peur de ne pas être intéressante et je lui parlais de son fils. Il était un peu plus jeune que moi et à chaque fois qu’il l’évoquait, ses yeux se remplissaient de vie à nouveau, il en bégayait comme c’était le cas quand il était ému de quelque chose. Il en était fier de son fils et on aurait dit que lui seul pouvait encore le tirer de ses démons. Souvent on restait silencieux, à regarder la vie de la clinique, tourner autour de nous, les cigales chantaient, finalement, il ne semblait pas avoir besoin de davantage… moi non plus… 

Je suis sortie de la clinique parce que je voulais recommencer à travailler, le psy était contre, mais il m’avait dit que si j’avais un problème, il ne fallait pas que j’hésite à le recontacter, alors je suis partie rassurée malgré tout. Le jour de mon départ, il y avait une patiente, Pierre que je n’arrivais plus à lâcher et Julien l’ergothérapeute qui m’a tant aidée là-bas. Le taxi m’a emmenée à la gare pour rejoindre ma famille et j’ai vu leurs 3 mains s’agiter au loin. Deux mois passés en kiné et balnéo avec eux, en ergo, dans les salles communes, dehors. On avait vécu tant de choses ensemble. Les pleurs, les coups pour moi, la restriction alimentaire, l’état psychotique de Pierre qui le conduisait dans des gros bas et des hauts maniaques. J’ai tenu un mois, un jour, je me suis enfermée dans les toilettes et j’ai frappé, frappé encore et encore. Mes veines de mes poignets qui n’avaient pas eu le temps de cicatriser ont projeté du sang sur les murs. Quand je suis « revenue » à mon état « normal », j’étais entourée de sang. J’ai nettoyé la moindre goutte, en pleurs, ne sachant plus quoi faire de moi. J’ai appelé le psy, et 1 semaine après, je refaisais 800kms, pour repartir hospitalisée dans cette clinique (sans certaines personnes à l’intérieur, je ne sais pas où j’en serais j’avoue…) Le destin ne m’a pas envoyée pour rien à Marseille en tout cas… 

Durant ce mois, les patientes avec lesquelles j’étais restée en contact et Pierre m’appelaient. Un jour il m’a dit « depuis que le noyau est parti, ce n’est plus pareil ». Je n’ai pas compris pourquoi il disait çà, il n’y avait que moi qui étais sortie durant le mois… mais pour lui, c’était moi en fait le noyau du groupe qu’il s’était constitué pour essayer de se maintenir à la surface, dans sa maladie et au sein de cet établissement qui recevait toutes nos âmes cassées voire davantage… Je suis restée plusieurs moi à me battre contre l’anorexie, la dépression et mon trouble. Mon état physique s’est dégradé au début de l’été, il fallait que je sois hospitalisée dans un milieu médicalisé et psy, à la fois. J’ai été transférée dans un centre en Alsace. En milieu fermé, avec un contrat poids. Je n’avais pas droit aux visites tant que je ne prenais pas de poids et ne sortais dans le parc que quelques instants, accompagnée d’un soignant, puis la porte se refermait derrière moi. Je n’avais pas droit à mon portable, un peu menti sur ce coup là, ma mère a acceptée de dire qu’elle me l’avait repris… les sms défilaient, Pierre toujours présent malgré la distance, malgré l’état dans lequel je l’avais laissé 😦 

Il ne parlait plus, se renfermait, ne souriait plus, il continuait ses tours de cartes et la contrée, le soir, mais allait se coucher de plus en plus tôt. Le lithium ne faisait pas l’effet escompté et on lui avait changé son traitement, j’avais l’impression de le voir décliner de jour en jour. Je pensais qu’il n’avait pas envie de parler tout simplement, alors je le laissais tranquille. Il continuait à venir s’asseoir à côté de moi, dans un grand silence, le regard vide. Il me souriait si faiblement qu’on avait l’impression que çà lui coutait un bras de le faire, ce qui devait être le cas réellement, mais c’était mon ami, c’était mon Pierre et son changement de comportement ne m’a jamais fait perdre de vue qui il était. C’était sa maladie qui le rongeait, qui le rendait fantôme. Je me sentais impuissante, mais sais que j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir, même s’il m’arrive souvent de me demander si j’ai tout fait pour lui vraiment. Si je ne suis pas passée à côté de quelque chose et que ce ptit truc aurait changé la donne peut-être. Mais sa psychose était aussi forte que notre amitié. Elle l’a détruit, pendant que notre amitié, elle, se renforçait de mois en mois.

Le 1er que j’ai prévenu que j’étais sortie d’isolement, c’est lui. Je me suis empressée de lui envoyer un sms, en lui disant que j’avais pris assez de poids, pour qu’on m’autorise les visites et les sorties seule dans le parc. Il ne fallait pas que je me dépense trop, alors je marchais un peu et m’asseyais, avec un livre. J’étais libre, pendant que lui, sa maladie finissait de lui faire perdre justement cette liberté. Il avait le cerveau plein de sa bipolarité. Ses mots m’accompagnaient, il était fier de moi, çà me donnait le courage de continuer toujours. 

Puis à partir de fin août, plus rien… J’ai cru qu’il m’avait abandonné, qu’il était sorti de la clinique et continué sa vie et qu’il m’avait oubliée… J’ai continué à me battre, j’étais aussi dans les démarches pour partir vivre à Marseille, une décision mûrement réfléchie durant des mois. En octobre 2005, j’ai emménagé ici, toujours pas de nouvelles de Pierre, alors que je lui annonçais que çà y’est, j’étais là et que j’espérais qu’on pourrait se voir. Rien… En février, j’ai dû être réhospitalisée. J’ai revu des patient(e)s avec lesquel(le)s, j’avais déjà été hospitalisée. Mon réflexe a été de demander après Pierre. La personne a levé la tête en montrant le ciel, on ne m’avait pas prévenue dans l’espoir que je ne le sache jamais. On avait préféré soi disant me protéger, mais me laisser croire qu’il m’avait laisser tomber, alors qu’il était mort. Mon Pierre était mort 😦 Il s’était tiré une balle le 27 août et je l’apprenais 6 mois après… 

Pas un jour ne passe sans que j’aie une pensée pour lui. Cà fait 9 ans et pourtant, il m’accompagne toujours. Beaucoup sont morts entretemps, des mêmes sortes de saloperies. Je n’ai jamais oublié qu’il m’a traitée comme si j’avais été sa fille. Qu’il a pris soin de moi pendant que j’étais loin de ma famille. Lors de ma 1ère ts, au moment où j’ai senti que je basculais, que mon coeur commençait à se fatiguer et que j’étais comme dans du coton, il était là, avec un grand sourire, j’ai aperçu tous mes disparus derrière lui, je me suis sentie sereine, heureuse. Puis tout est devenu plus obscur et j’ai senti que je revenais, que mon coeur repartait un peu, suffisamment pour me maintenir ici… Je donnerais beaucoup pour avoir l’occasion d’être juste assise à côté de lui, dans le silence, mais là… Il me manque, sa présence physique me manque… 

Il se passe des choses bizarres quand la vie commence à se mélanger à la mort… J’ai espoir qu’il soit enfin serein et qu’il ait trouvé la paix. Quand je rentre moi-même dans le silence, je pense à lui et comprends mieux ce qu’il signifie… A notre amitié d’âmes cassées mon Pierre… 

Profitez des personnes qui vous sont chères avant qu’il ne soit trop tard. Il y a des moments qu’on penserait anodins qui deviennent essentiels une fois la personne disparue… 

Combats qui me touchent

Quand la vie a l’intention de s’échapper

Un 20 février 2010, j’ai décidé que la vie était trop compliquée. Que je ne l’aimais plus suffisamment pour y faire face et que mes combats pour y survivre étaient insupportables. J’ai des morceaux entiers de ma vie qui sont partis hors de ma mémoire, mais celui-là est intact à mon grand regret…

J’ai serré le meilleur ami comme jamais, ce soir là, muette, parce que dans ma tête, c’était la dernière fois que je le voyais et que je sentais sa chaleur et son odeur. Il m’a dit « tu ne fais pas de bêtise hein ma ptite Delph ?? tu m’appelles si çà ne va pas ?? ». Evidemment que j’ai dit oui… évidemment que j’ai pensé non…Je l’ai vu tourbillonner dans les escaliers à me regarder comme s’il sentait lui-même que c’était la dernière fois… 

Décapsuler tous les comprimés des plaquettes. Mettre sur ma table toutes les lettres pour les plus proches de moi. Ecrire en gros que je ne voulais pas être réanimée si on me retrouvait à temps. Commencer à prendre les médicaments, rapidement pour que les 1ers absorbés n’aient pas le temps d’agir et me fassent dormir avant d’avoir pris tous les cachets. M’allonger pour éviter les vertiges et les nausées, le pire était que je les vomisse. Les heures ont passées, je me suis rendue compte que j’étais là, pas bien du tout, mais là quand même… j’ai repris ce qui me restait, me suis recouchée. Je me suis retrouvée dans du coton, j’étais heureuse comme je ne l’ai jamais été. Si légère… j’étais libre et je ne souffrais plus… enfin…

Dans ma poitrine, au moment où j’ai ressenti le coton tout en voyant des mains qui se tendaient vers moi avec des visages souriants et si chaleureux de personnes qui nous avaient quittés déjà, mon coeur a arrêté de battre quelques secondes et je me suis sentie enfin partir. Je souriais. Je n’ai aucune idée du temps qui est passé. La sensation s’est dissipée, je sentais mon coeur battre de façon anormale, mais je n’avais pas peur, étais tombée dans une sorte de sommeil où je ressentais tout et voyais tout d’une d’autre façon comme si quelque chose s’était détachée de moi. J’étais sereine, c’était bon signe de le ressentir en train de ramer, il allait s’arrêter pour de bon mon petit coeur… j’étais sur le point de partir de ce monde là, rempli de souffrances. 

Le temps a passé, j’ai été dans une forme de coma léger pendant 3 jours. C’était trop tard pour faire passer le charbon dans mon estomac, les médicaments étaient dans mon sang et il fallait attendre… Puis je me suis réveillée pour de bon. Calme au début encore à moitié sous le coup des médicaments et puis je me suis réveillée bien plus agitée d’un coup et j’ai hurlé de me foutre la paix, que je ne devrais plus être là, que je m’étais ratée, que je ne voulais pas être hospitalisée, que j’en avais rien à cirer s’il m’arrivait quoique se soit. J’ai fini 3 mois en psychiatrie finalement. Ma conscience et ma raison avaient refait leur apparition en moi, en réalisant que j’étais en danger. Mon coeur, lui, en a subi les conséquences. Pendant plusieurs mois, il a gardé son arythmie et à chaque fois que je le ressentais, je lui en voulais de ne pas s’être stoppé cette nuit là.

J’ai hésité à écrire ce post, ce soir, déjà parce que je ne vais pas très bien moralement ces temps-çi, même si, j’essaie de le camoufler (derrière un écran, c’est si facile de ne pas savoir comment je vais réellement et de me consacrer à des choses qui sont importantes…) et puis je n’avais pas envie d’entendre certains mots. Les mots lâche, égoïste, « pense à tes proches » etc… je n’en veux pas. Je ne me suis jamais considérée comme telle, parce que j’étais à bout de tout, déjà et puis je veux qu’on comprenne que çà peut arriver à tout le monde. Comme dirait mon papa, il suffit de tirer sur la bonne ficelle pour faire craquer quelqu’un. Et chez moi, la ficelle s’était rompue pour un tas de raisons qui ne sont pas à juger, parce qu’on n’est pas dans la vie, dans la tête des gens pour se permettre de dire que c’est un geste lâche ou égoïste. Ce n’est pas un geste qu’on fait sans raison, il faut avoir une souffrance en soi qui ne permet pas de réagir d’une autre façon.

Parfois c’est planifié, parfois c’est une pulsion. J’ai souvent repris des médicaments par la suite. Une pulsion que je ne contrôlais pas, mais ce n’était pas pour disparaître, c’était pour me faire dormir, pour ne plus penser à rien comme si je m’étais droguée ou que je m’étais noyée dans l’alcool. Moi c’était (c’est…) les médicaments. A aucun moment je n’ai cessé de penser à la souffrance de mes parents et de mes proches. Jamais. Mais il y avait aussi ma souffrance à gérer et au bout d’un moment, c’est moi qui les ai trouvé égoïstes de vouloir me garder auprès d’eux dans ces conditions là. On s’aimait tout simplement.. Il m’arrive parfois de craquer maintenant, même si je cache beaucoup de choses, j’ai une voix qui me trahie facilement… Mon papa m’a dit, il y a un mois au moment où j’ai fait la décompensation quand il a senti que je pouvais recommencer ce geste là, « ne nous laisses pas, on a besoin de toi, on t’aime »,  je pleurais au bout du fil, j’ai répondu « mais non ne t’inquiète pas, je vous aime trop pour çà ». Et quand il me dit qu’il se sent impuissant et qu’il aimerait tant faire plus pour moi, je lui réponds qu’ils me maintiennent à la surface et que c’est déjà beaucoup… (je vous rassure, on rigole aussi au téléphone hein, mais il y a des moments comme çà, où moi je suis à l’ouest, incapable de les rassurer comme je voudrais et eux qui ne savent pas quoi faire.

Et quand ma maman me dit qu’ils parlent entre eux, en se demandant comment je fais toujours pour être là, çà me ronge, parce que çà veut dire que malgré les non-dits, ils ont conscience que cette vie me paraît bien trop difficile, alors j’essaie de donner le change… ptiteDelph sourit, raconte les bêtises de Happy, le peu de sorties que je peux faire, les amis, les films que je leur conseille de voir et les écoute raconter ce qu’ils font. Et puis on oublie tout pendant un moment et une nouvelle période apparaît et il faut de nouveau arriver à vivre… et à montrer que j’en suis capable… pour eux… pour moi surtout…

Comment je me sens aujourd’hui par rapport à tout çà… Si j’y pense autant, c’est que je ne suis pas guérie et que la vie, je l’aime sans doute pour tout faire ce que je peux pour y rester, mais d’un autre côté, je suis incapable de m’y suspendre vraiment et je me sens très fragile dans cet espace qui m’est attribué, parait t-il dans cette fameuse vie….

Je me suis toujours culpabilisée, en pensant à des personnes qui avaient des maladies qu’ils n’avaient pas choisies et que moi avec mes ptits problèmes, je n’avais pas le droit de lâcher, là où d’autres avaient envie de vivre. Et puis j’ai réalisé que ma maladie était différente, que je ne l’avais pas choisie non plus, que je gérais tout çà bien mal et que surtout, c’était tout aussi mortel, puisque la preuve, elle me faisait tant souffrir que ce 20 février 2010, j’avais choisi d’y mettre fin. Je m’en veux de m’être ratée parfois… à d’autres moments, je me dis que çà m’a renforcée… en ce moment, en étant dans un creux un peu identique qu’à l’époque, je ne dirai pas ce que je pense du coup… Ce qu’il y a à se rappeler de moi, c’est que je m’accroche. Pas toujours bien comme il faudrait parce que je m’épuise à vouloir me battre, que parfois, je me sens loin de tout. Parce que l’envie n’est pas au rv, le goût non plus, juste un épuisement d’avoir constamment mal et de ne jamais dormir plus de 3-4h dans la nuit. Et gérer ce trouble qui me ronge de l’intérieur aussi.

Je me rends compte que je ne suis pas guérie de la façon de me percevoir à travers le regard des autres et c’est ce qui pouvait m’arriver de plus destructeur en ce moment… mais je m’accroche… (et çà me fait de belles jambes…). Ma phrase préférée et si magnifique (un peu d’ironie dans ce post ne fera pas de mal…), c’est que la vie tournerait tout aussi bien sans moi, qu’il y aura d’autres Delphine, que moi j’arrive en bout de course et que je ne suis pas d’une folle utilité. Au-delà de ces mots, se cachent mes maux… 

Happy bad birthday…..

Combats qui me touchent

Etre borderline, c’est…

Cà résume, verbalement et visuellement….

Je ne vais sortir ni dico, ni wikipédia, ni aucun autre site de Google, je vais en parler de la façon dont moi je vis avec, parce que les théories, c’est bien beau, mais en pratique, comment on vit exactement avec… Et puis surtout, chaque personne est différente. Je peux le vivre d’une façon, alors qu’une autre le vivra différemment. Je le vis très mal, çà c’est certain…

C’est un trouble de la personnalité. Borderline ou état-limite, c’est kiffe kiffe bourricot. C’est la frontière entre la névrose (tout ce qui angoisses, phobies) et la psychose (tout ce qui relève davantage de l’irréalité). Cà se rapproche beaucoup de la bipolarité (depuis quelques temps, j’ai le bonheur de connaître des phases de celle-çi et de savoir qu’il existe plusieurs sortes de bipolarité et c’est encore moins rose. J’oscille entre un état mixte et un état dépressif, de mon côté. Mon humeur va être quasi normale tout en restant fragile et d’un coup, sans savoir pourquoi je vais plonger dans un état que connaissent tous les dépressifs. Etat que j’ai moi-même connu évidemment, à temps plein, plusieurs fois, pendant plusieurs mois. Sauf que maintenant, à 13h, je peux rire comme une folle, parler comme si de rien n’était (c’est mon état « normal » pour moi on va dire. Mixte.), à 13h30, je vais pleurer toutes les larmes de mon corps, me torturer l’esprit avec des questions, des peurs infondées sauf que moi, je les crois fondées…. du coup, il y a un duel permanent dans ma tête. A 14h, je peux me remettre à parler vie, à voir de belles choses… bref… je ne suis plus et on n’arrive plus à me suivre. C’est très dur de gérer ce changement d’humeur, parce qu’on ne sait jamais où çà peut mener et puis moi de ne pas savoir ce qui me rend si triste d’un coup, ben, je n’y comprends rien. Et les cycles se répètent inlassablement… Certains jours, les phases sont plus amples ou j’ai juste des périodes « à peu près bien » ou alors j’ai juste des périodes « très noires, suicidaires » et là, il faut monter toute l’artillerie, pour me sécuriser…

Ensuite, je suis dans un état d’angoisse quasi permanent pour tout. La moindre petite chose peut me faire paniquer selon comme je suis. Des crises de panique où j’ai la sensation que je peux mourir à tout moment. Du coup, je vis souvent dans un sentiment d’insécurité, des situations banales où pour moi, je vais me sentir en danger. J’ai vraiment besoin de prendre sur moi pour effectuer des trucs vraiment anodins, ridicules. Beaucoup de travail d’autopersuasion comme je le fais avec ma phobie de vomir. A m’autorassurer du mieux que je peux. Le valium est mon pote en toutes circonstances.

La peur de l’abandon, du rejet qu’on a sûrement tous, je pense, est décuplé chez moi et me mets dans des états pas possibles, à devoir être rassurée constamment sur l’amitié qu’on me porte, sur l’amour qu’on me donne, sur celle que je suis, parce que je ne le sais pas finalement dans ces périodes où je vois tout en mode « bizarre et irréel ». On va me dire « je t’aime Delph », je vais l’entendre, l’assimiler et 2 secondes après, je vais me dire « oui, mais… pourquoi la personne a dit çà ou fait çà alors ?, si elle m’aimait vraiment, elle aurait fait çà, donc je peux douter de ce qu’on vient de me dire »… et inlassablement, çà tourne en boucle. J’ai une mémoire de merde depuis que je suis fibro, par contre, je suis capable de ressortir chaque mot d’une conversation et de tout décortiquer et évidemment, j’y trouverai du négatif.

Le trouble borderline aime le négatif. Je n’ai jamais été quelqu’un de très positif et optimiste, mais là, c’est le pompom. La cerise (y a tout le cerisier d’ailleurs tiens !) sur le gâteau.

Il y a la destruction. J’ai commencé par être borderline et l’anorexie est venu s’installer dessus. Beaucoup d’addictions se mettent par dessus le trouble. Chez moi, çà été l’anorexie/boulimie et la tendance aux surdoses de médicaments comme une drogue, d’autres, ce sera l’alcool, la drogue, le sexe (on pourrait croire que c’est sympa cette addiction là, mais ce n’est pas le cas hein, parce que tout ce qui passe y passe, dans un but destructeur du corps), le jeu ou autres, que sais-je encore. Des addictions à hauts risques, on n’y va pas avec le dos de la cuillère (grosse la cuillère hein, pas une petite….)

L’automutilation. Chez moi, les coups violents sur moi, dont j’ai déjà fait allusion. Les coupures sur les poignets.

Le danger dans tout çà, c’est le passage à l’acte. Que les idées noire et suicidaires passent le cap et qu’on n’arrive plus à gérer. D’où la surveillance un peu étroite du moment, parce que je sais que je peux basculer à tout moment dans la partie la plus obscure que j’ai en moi, c’est à dire la mort…

Pourquoi on devient borderline… c’est un mystère je pense pour la majorité même si chez moi, c’est un peu décelé, à force de parler avec la psy et la thérapie a permis de faire ressortir des traits précis et à comprendre pourquoi certaines choses s’étaient créées. Il aurait commencé à la pré-adolescence, du coup, j’ai construit mon adolescence sur des choses qui n’étaient pas fondées et j’ai continué avec ma vie de jeune fille, sombré dans l’anorexie pour pouvoir mieux gérer tout ce bordel (c’est ironique…) et ma vie de jeune femme.

Dans ma tête, j’ai les idées d’une jeune femme de 35 ans, la maturité, mais quand le trouble se renforce, je redeviens un enfant. A « faire la tête » parce que quelque chose m’a énervée alors que çà ne m’aurait pas touchée du tout si je n’avais pas été dans une de ces phases là. A crier sur tout ce qui bouge, à taper dans les murs, à vouloir me fracasser la tête contre les murs dans le sens propre du terme d’où les urgences et les entorses aux poignets régulièrement

On ne contrôle pas grand chose de ce trouble finalement. On subit, on vit avec, on apprend à gérer. Je passe parfois des journées et des nuits, à me dire « non, tu sais que c’est faux ce que tu penses, tu sais que c’est lui qui te fait voir les choses de cette façon erronée, tu le sais bordel de merde ! hein tu le sais !! » Et c’est très dur pour les personnes proches, parce que le moindre mot peut vite être mal pris et çà peut partir dans tous les sens. Je vais interpréter tout mal.

Le neuroleptique est destiné à réguler la barrière névrose/psychose, d’où son autre nom. Antipsychotique. Le mien est d’une nouvelle génération (les effets indésirables sont moins pénibles qu’avec d’autres qui sont infernaux. On ne tient pas en place à cause d’impatience dans les jambes, on nous donne souvent un antiparkinsonien pour essayer d’éviter çà, mais pff… la sensation d’avoir besoin de dormir, mais en fait c’est un sommeil très agité et on n’arrive pas à dormir) et surtout il est fait pour me donner un coup de fouet en gros. Mais c’est difficile de trouver le compromis. Sédater ou dynamiser le patient… parfois, il faut les 2… ce qui est un peu mon cas.

J’en ai un autre, aussi, dans les moments où on peut craindre le pire. Le fameux Tercian tant redouté. 5 gouttes et je plonge dans un sommeil artificiel pour que je ne souffre plus. Mais dans le quotidien, on ne peut pas vivre avec çà.

On dit souvent que les personnes borderline ont du mal à créer des relations avec les autres et surtout à les conserver. Je me suis toujours donné les moyens pour me mettre dans un groupe même si c’est très dur pour moi, à un point qu’on ne peut pas imaginer, parce que malgré ma timidité, je pense qu’on peut me trouver sociable, alors que c’est un effort constant pour moi d’aller vers les autres et justement de maintenir les liens. Si les personnes qui m’entourent vraiment, celle qui font partie de mon quotidien, qui tiennent à moi même si je les rends dingues, ne tenaient justement pas à moi, de mon côté, je laisserais tout filer et me retrouverais seule, parce que c’est difficile de gérer. Et c’est que je tiens également à elles, parce que je peux vite virer les gens de ma vie si on touche à un point sensible de mon trouble….

Moments de dépersonnalisation où je ne vais plus être capable de faire le lien entre le moi intérieur et le moi extérieur. En gros, je vois une étrangère dans le miroir. Ce n’est pas mon reflet. Moments de décompensation, où tous les symptômes vont revenir en vrac et encore plus forts que d’habitude. C’est souvent quand j’ai eu une période un peu d’accalmie et que d’un coup, le monstre revient en vitesse. Avec toujours plus de puissance. Ce sentiment de vide intérieur que je ressens aussi, comme si le coeur ne ressentait plus aucune émotion, comme si j’étais une machine froide et vidée de tout sentiment.

Hypersensibilité, hyperémotivité, dévalorisation.

Beaucoup n’ont personne, de mon côté, j’ai cette chance là que je gâche bien souvent, parce que je me mets dans des états pas possibles et que c’est dur de me voir balafrée, entaillée, dans un autre monde, dans ma bulle, avec des pensées irréelles que je sors de façon inadaptée finalement. C’est lourd pour tout le monde. Je fais attention, mais pareil, parfois, çà me demande une énergie pas possible. Même en étant occupée, c’est présent en moi. Combien de fois j’ai quitté la salle de formation pour aller aux toilettes parce que je ne gérais pas le bruit, ou l’angoisse, ou la violence que je sentais monter en moi sans forcément de raison et qu’il fallait que j’évite de faire sortir à tout prix (la fibro m’aide bien… « grâce » à  elle, je ne peux plus assouvir mon besoin des coups, pour soulager l’esprit)

On ne le voit pas de l’extérieur çà, pour la plupart du monde je suis quelqu’un de réservée et timide, traits de caractère, mais c’est aussi parce que je suis très méfiante et les relations dans lesquelles je me mets, elles mettent du temps à prendre leur place, pour ne pas souffrir. Je m’assure que je ne vais pas être abandonnée (même si on ne peut pas tout prévoir…), qu’on tient vraiment à moi, sans que moi je m’attache trop et qu’ensuite je souffre après, donc j’ai toujours des barrières qui m’empêchent d’aller vers les gens. Une protection. Mais on a tous besoin des uns et des autres, alors cette protection, j’essaie de la lever et de passer outre le trouble.

10% des personnes borderline arrivent à leurs fins… 70 % feront des tentatives des suicides..

Pourquoi… parce que c’est très douloureux à vivre peut-être hein ?……

  • « Les personnes passent leur temps à contrôler plus ou moins des émotions qu’elles ne contrôlent pas vraiment ou ne comprennent pas toujours ».
  • « Leur capacité à cacher leur maladie fait que bien souvent l’entourage ne voit rien, alors que leur vie est une souffrance et un véritable enfer dissimulé »

La fibromyalgie est aussi violente en moi, aussi à cause de çà. Ma zone émotions ne sait pas gérer ce qui se passe en moi (on me demande parfois ce que je ressens… ben je n’en sais rien, parce qu’incapable de dire si je suis triste, en colère, déçue, frustrée… c’est un méli-mélo sans nom qui en ressort). Elle est hyperactive dans mon cerveau cette zone là et elle « frotte » contre la zone douleurs qui est juste à côté, d’où l’intensité de la fibromyalgie me concernant. En plus de l’aspect physique, responsable des douleurs. 

J’y arriverai… ou pas… parfois, je ne me sens pas de vivre constamment comme çà. Avec les 2 à gérer. Je me dis toujours qu’il y a tellement pire, je pense que j’ai toujours avancé de cette façon, à toujours voir les autres maladies plus graves. Cà m’aide à relativiser, mais au final, je me rends compte que c’est tout aussi mortel…. et puis surtout, malgré mes sourires, mes rires, mon humeur agréable, je souffre en permanence mentalement et physiquement… Malgré mes sourires, mes rires, mon humeur qu’on reconnait agréable, apaisante et douce, au fond……

Demain, je reviens avec un article plus gai, promis… c’est dur, ce soir, à gérer et ce combat que je mène au quotidien pour me bagarrer contre ce trouble, s’il peut servir à quelqu’un, j’aime autant partager. 

Combats qui me touchent

Ceux qui décident de partir..

!!!!! Je préfère prévenir que mon article est dur et qu’il vaut mieux s’abstenir de le lire, si le moral n’est pas au rv. Le thème en étant le suicide. J’ai voulu tenter d’y aller mollo dans mes propos, mais je ne peux pas. Mes mots vont être tout aussi violents que les maux qui entraînent vers mon sujet…
 
Soprano, « Puisqu’il faut vivre »
 
Voilà qui est dit, je vais lâcher les mots tels que je les vis au quotidien, tels qu’ils naviguent en moi et tels je les ai vécus à travers d’autres. 
 
Comment commencer… J’ai un trouble de la personnalité, je l’aurais apparemment, depuis mes 12 ans environ (mon histoire racontée a permis de remonter à cet âge là), mais j’ai été seulement diagnostiquée quand j’ai commencé le suivi psy pour l’anorexie et comme il n’a pas été traité avant, il s’est empiré et s’est développé et je me suis construite sur çà. Borderline. Etat limite. Le but n’est pas d’en parler dans cet article, j’expliquerai ce que je ressens avec et surtout comment je vis avec, dans un autre article.
 
Avec ce trouble, je vois la vie en noir et en blanc. Contrairement à mon titre de blog, je ne vois pas de couleurs, vraiment. Soit la vie m’attire, soit la mort m’appelle, pour résumer… J’adore rire et la moindre occasion de le faire, je le fais. Je suis souriante pour les autres et agréable à leurs yeux. Parce que je mets un masque la plupart du temps, mais seule moi le sait. Je pense que vous avez pu vous en rendre compte à travers certains de mes mots et de mes bêtises dites un peu partout, que je ne parle pas toujours de mort ou de trucs sombres. En parallèle, j’ai des périodes plus ou moins longues où le besoin de partir est si fort que je dois me forcer à lutter pour ne pas commettre l’irréparable. En général, quand je ne suis pas très présente par ici, çà peut être due à la fatigue ou à la douleur, mais la plupart du temps, c’est parce que je suis tellement obsédée par l’idée de partir que je ne perçois plus rien autour de moi.
 
Le suicide… J’ai tenté de partir en février 2010, par médicaments. Le ciel n’a pas voulu de moi. Pourquoi j’ai voulu m’envoler ? La raison est si simple… je ne supportais plus de souffrir dans ma tête et dans mon corps. Quand on ne gère plus rien, qu’on est seule à le gérer, parce qu’il n’y a personne pour comprendre ce qu’on vit, ni une épaule sur laquelle se reposer au quotidien, quand on en a ras le bol. Quand l’administration s’y met et qu’on se demande comment on va faire pour vivre avec si peu de moyens financiers. La sensation de n’être plus rien, juste un objet dénué de sentiments pour qui que se soit. Enfermée dans le silence, parce que c’est interdit de parler de ce sujet, surtout quand il nous concerne. Cà fait fuir. Cà fait peur. Je comprends, sans comprendre, en réalité… 
 
La semaine dernière, dans le groupe, quelqu’un qui connait pas mal de choses sur moi, pour avoir parlé avec lui, m’a dit « tu es une amie qui compte beaucoup pour moi, çà me rend déjà mal de te voir souffrir autant et je me sens impuissant (pourtant, il me connait avec le sourire, les 3/4 du temps et c’est avec lui que je rigole le plus chaque jour, donc, il ne voit pas que le côté physique et les difficultés que çà entraînent…), mais si tu continues à aller dans la direction de vouloir partir, je ne supporterai pas de te perdre, parce que j’ai perdu du monde encore récemment et que si tu continues, attends toi à me perdre avant de perdre la vie. C’est peut-être égoïste, mais c’est comme çà » (vendredi dernier, il a compris pourquoi j’avais été absente la veille…. je passerai sur la raison, je pense qu’elle est largement compréhensible… :-() il a été le seul à le savoir ce jour là, j’étais encore vaseuse, ne tenais pas bien debout et j’ai craqué quand il m’a demandé si çà allait, d’où ses mots).
 
Qu’est ce que je pouvais répondre… déjà j’ai regretté d’avoir craqué devant lui et de lui avoir avoué ce que j’avais par moments dans la tête. Je n’ai pas expliqué pourquoi c’était comme çà, il ne l’aurait pas entendu, c’était inutile de rajouter quoi que se soit au mal-être qui était en moi, ce jour-là et je ne voulais pas lui faire plus de mal non plus… j’ai dit que je le comprenais, que ce n’était pas égoïste loin de là, que moi aussi j’étais obligée de me protéger parfois, face à certaines situations. Que je ne parlerais plus de çà et que je ferais tout pour penser à la vie (en sachant très bien que c’est bien plus compliqué que çà…).
 
Quand je suis rentrée chez moi, j’étais très mal en plus du reste et je me suis jurée qu’oser avouer un mal-être, était la dernière fois que je l’évoquais… Et à ce moment là, je me suis posé bien des questions.
 
Je suis dangereuse, dans le sens où on s’attache rapidement à moi. Je ne sais pas pourquoi c’est comme çà, mais le 1er mot qui vient en 1er, quand on parle de moi, c’est que je suis attachante et que ma présence apporte un côté serein et agréable, parce que je suis (en apparence), quelqu’un de posée et de calme et toujours avec mon fameux sourire pourri. Je ne sais pas ce que je dégage pour qu’on me perçoive de cette façon et qu’on soit amenés à me dire que je peux vite manquer si je ne suis pas là. Ce sont des choses qui me touchent évidemment, mais, c’est peut-être difficile à comprendre, comme tout le reste d’ailleurs, mais parfois, j’aimerais autant qu’on ne m’aime pas, que je sois ignoble et qu’on me déteste… S’attacher à moi, signifie que moi je me sens encore plus seule, parce que je ne me donne pas le droit de dire tout ce qui se passe en moi, pour ne pas faire de mal aux personnes qui tiennent à moi du coup. Je mens, cache, trafique la vérité, mets un masque à fond la caisse. On a peur de me perdre… je l’entends et comprends évidemment, mais demain, je peux me faire écraser en traversant une rue et partir aussi… La perte sera identique et la souffrance sera pareille. Alors comment on fait, on ne s’attache à plus personne, de peur de perdre les gens ?? Parce que tout le monde peut partir demain finalement…
 
La maladie m’a fragilisée énormément, mais elle m’a appris une chose, parmi tant d’autres. Qu’il faut profiter des gens qu’on aime au maximum, parce qu’on ne sait justement pas de quoi est fait demain et que se réveiller avec des regrets, du genre « si j’avais su, j’aurais été la voir plus souvent », « si j’avais su, je ne l’aurais pas laissé tomber, parce qu’elle me manque et j’aurais dû en profiter ». C’est valable pour tout le monde et encore davantage quand la personne est mal, quelque soit la maladie. La personne dont je parle est malade et c’est dégénératif, je connais sa fin en gros…, c’est comme si je lui avais dit que je voulais me protéger et m’éloigner de peur de souffrir le jour J de sa disparition. J’ai envie de profiter de lui, de rire avec lui, de parler, d’échanger, d’être là, tout simplement. Le jour J, il partira, mais je n’ai pas envie qu’il se sente aussi seule que moi, parce que justement on a peur de s’attacher à lui et que du coup, on l’évite…
 
Il y a 1 mois, çà fait 7 ans que j’ai perdu un ami de cette façon. Il était bipolaire et je voyais qu’il souffrait même s’il ne disait plus rien les derniers temps, mais mon amitié, je lui ai donné jusqu’au bout, parce que je l’aimais. D’autres m’ont dit « je veux mourir », ils ont tout fait pour arriver à leurs fins, se sont ratés de peu, je n’ai jamais laissé tomber pour autant. Je me disais qu’un jour, c’était certains ils arriveraient à se foutre en l’air, et que j’étais largement impuissante pour l’éviter. Mais j’ai juste été là, à écouter, à être présente physiquement, à surveiller aussi, de loin parfois et j’ai voulu profiter de la vie avec eux, dans le cas où dans leur tête, l’appel de la mort serait trop forte un jour. J’ai connu une petite blogueuse, il y a quelques années. Anorexique, boulimique, elle a tenté X fois de s’en aller. J’avais arrêté de dire quoique se soit, parce que j’avais conscience qu’elle n’était déjà plus là et que finalement, je lui souhaitais de partir pour achever sa souffrance. Elle est partie, çà a fait 1 an en août.
 
Beaucoup de personnes qui ont un proche qui disparaît ainsi, disent « il ne disait rien, qu’est ce qui pouvait présager qu’il ferait un tel geste, il souriait toujours, était plein de vie, on ne comprend pas »…. mais pourquoi on n’en parle pas ? Parce qu’on nous dit de nous taire quand on évoque ce genre de mal-être, alors on se la ferme de peur d’être jugée, d’être incomprise. Et pour que personne ne vienne entraver les plans. Combien de fois, j’ai entendu que c’était lâche et égoïste. « Pense à ta famille, pense à tes amis, pense aux personnes qui t’aiment ». Mais je ne fais que çà put*** !!! et j’en arrive à m’épuiser de passer mes journées et mes nuits à me dire « arrête, çà va aller ptite Delph, tiens le coup, tiens bon, tu n’as pas le droit, tu emmènes tous ceux que tu aimes avec toi si tu fais çà, çà va passer… accroche toi, allez, la vie est belle…. » Alors je suis égoïste à me tourner ces phrases en boucle sans cesse dans ce genre de périodes ? Je ne pense pas, non…. Quant à être lâche, je suis dans les maladies et les hôpitaux depuis mes 19 ans, à me tirer de l’anorexie, à apprendre à vivre avec mes gros bas, la dépression et maintenant la fibro. Cà fait 15 ans que je lutte contre moi-même….. Si j’avais été lâche, j’aurais quitté ce monde, la 1ère année que j’ai subi l’anorexie et quand elle m’a lancé le 1er signal de mort, je ne l’aurais pas combattu, je l’aurais laissé m’emporter. C’était si simple de crever de faim, pas besoin d’aller plus loin dans la destruction, çà suffisait pour partir.
 
La souffrance n’aura jamais de mots assez forts pour comprendre ce qu’on supporte parfois. Je sais que le jugement n’apportera jamais rien et çà sert à quoi de se mentir. On a beau ne pas vouloir entendre qu’une personne souffre dans sa tête au point de vouloir mourir, elle se tait, mais au fond, qu’est ce que çà change ? Elle reste avec ses pensées et se cache dès qu’elles sont trop prenantes. Dans ces moments là, il m’arrive de ne pas répondre sur mon portable, de peur de craquer, de peur de crier au meilleur ami « laisse moi partir, j’en peux plus, donne moi le droit de m’en aller, arrête de vouloir me retenir auprès de toi », alors je laisse sonner, je garde le silence et m’isole. Et çà va super mieux de devoir faire çà, c’est certain…. C’est ironique évidemment…
 
De mon côté, je préfère qu’on me dise « çà me fait souffrir au point de penser au suicide », plutôt que de garder la personne face à sa détresse. La politique de l’autruche n’a jamais rien donnée. On voit, mais on ne dit rien. Mouais… On ne sauve pas la personne, mais on peut au moins l’accompagner. Et l’engueuler en lui disant « çà va pas non, faut pas penser à çà, pense à Pierre, Paul, Jacques, ne soit ni lâche, ni égoïste » ne donnera qu’un effet très négatif sur la personne en détresse : la conduire dans ses derniers retranchements. L’air de dire « ok, je ne dis rien, ne montre rien, mais je partirai malgré tout »
 
Il faut beaucoup de compréhension, de non jugement et de tolérance pour aborder ce sujet. Pour moi, il m’a fallu m’y attaquer à plusieurs reprises, pour essayer de trouver les bons mots et surtout me mettre à nue encore plus que davantage… 
 
Si vous avez des personnes qui sont proches de vous qui commencent à avoir un comportement inhabituel, qui se replie sur lui-même, qui ne parle plus, incitez le à se faire aider. Plus les idées noires sont prises en charge rapidement, plus les chances de s’en sortir sont importantes. De mon côté, j’ai la sensation d’être née comme çà avec, mes pensées sont devenues chroniques et font partie de moi.
 
J’aime la vie, mais je suis plus attirée par la volonté de vouloir m’envoler. Je ne veux pas le cacher. Tout le monde peut un jour, se retrouver confronter à ce genre de pensées. Perte d’un emploi et difficultés financières qui vont avec. Départ d’un compagnon ou conjoint. Problèmes familiaux. Décès d’un être cher, petit ou grand. On prend plusieurs situations, on les imbrique et on demande à la personne qui vit tout çà en même temps, je ne suis pas sûre qu’elle voit la vie d’un autre oeil, mais qu’elle soit plutôt sur le point de la voir en noir. Un moment de solitude de trop et on commet l’irréparables. Personne n’est à l’abri.
 
Vous avez le droit de me juger, de me détester, de penser lâcheté et égoïsme, mais comme ce sont des choses que je connais déjà, je ne veux aucun commentaire du style « pense à ceux qui t’aiment, ne sois pas égoïste ou lâche, tu n’as pas le droit », je préfère que vous gardiez le silence. Le but de cet article est de faire comprendre ce qu’on peut ressentir quand on est dans cet enfer et qu’on ne fait surtout pas exprès d’être telle qu’on est. Il suffit d’être plus fragilisée, d’être plus sensible. Donc c’est plus compliqué qu’une simple volonté à vouloir vivre. Lutter contre le suicide est un combat récurrent, qui épuise, on se bat contre nos idées comme quelqu’un qui se bat contre une autre maladie et j’aimerais qu’on arrive à en prendre enfin conscience.
 
Pour ce qui est de moi, je suis dans une période comme çà, où tout est dur à supporter et que parfois, le soir, j’aimerais bien me décharger de mes problèmes sur quelqu’un, pouvoir mettre ma tête contre une poitrine rassurante qui puisse me dire « je suis là, ne t’inquiète pas, çà va aller ».
 
Les personnes dans cet état se sentent largement seules déjà, ne les mettez pas à l’écart davantage. Cà peut arriver à n’importe qui. A un de vos enfants, un de vos parents, un frère, une soeur. Vous ne les laisseriez pas seuls avec leur souffrance, même si vous ne comprenez pas, alors soyez aussi indulgentes pour des personnes qui comme moi, vous parlent de ce thème tellement tabou.
 
Il y a des raisons à tout, même si on ne les comprend pas. Avoir besoin de partir, suppose une dose de souffrances accumulées que la personne est incapable de gérer.
 
La vie est belle, allez…. J’ai voulu fermer les commentaires, mais les laissent finalement ouverts, en n’acceptant que ceux qui sont constructifs… pas de lâcheté ou d’égoïsme, pas de « pense à ta famille », pas de « pense à ceux qui souffrent encore + et qui sont malades » (mouais super….. la souffrance est unique à la personne, on ne pourra jamais arriver à dire, toi, tu souffres comme çà et l’autre comme çi, et ce, quelque soit la maladie)