Youhou !! 🙂

J’avais dit que je disparaîtrais momentanément, justement pour terminer ce fameux projet qui me tient tant à coeur. Mais j’ai besoin de partager tout çà avec vous aussi, alors je fais une petite coupure.
Projet qui me bouffe beaucoup d’énergie, qui remue plein de choses. Belles, moins belles, tristes, terribles.. Parfois je suis obligée de tout stopper, parce que je sens une vague d’angoisse et les larmes aux yeux sur le point d’atterrir sur mon clavier et ma prise électrique où est branchée en permanence ma pauvre batterie qui est épuisée (ce serait malin de ne plus avoir de portable et d’en plus, provoquer un court-circuit dans tout l’immeuble ttss 🙂 ) (j’ai déjà manqué foutre le feu dans mon ancien studio, avec un sèche-cheveux, c’est dire le pouvoir que j’ai, quand on m’approche d’une source électrique hihi)
Ce projet date de 2002 déjà (je vais expliquer pourquoi il est aussi ancien). Je l’ai commencé quand je travaillais en maison d’accueil spécialisée. Une période mal vécue parce que j’étais en plein dans l’anorexie et bien vécue à la fois, parce que j’adorais me retrouver au milieu des résidents lourdement handicapés, qui m’ont tant appris sur eux, sur moi, sur la vie, sur la capacité à entendre sans qu’ils puissent parler. Ils ne pouvaient pas dire ce qu’ils ressentaient vraiment, parler de leurs difficultés au quotidien, ni de leurs combats contre le handicap mental et physique, parce qu’ils n’en avaient sans doute pas conscience pour la plupart. D’autres en avaient conscience, mais ne pouvaient pas l’exprimer et les derniers, je pense qu’ils se rendaient compte de bien des choses, mais que peu de monde le soupçonnait en fait…..
J’étais au milieu de tout cela, en tout, j’y ai passée 2 ans, dans le coin administratif, mais je les cotoyais au quotidien, même si je ne faisais (malheureusement…) pas partie du personnel soignant, je les aimés, ils m’ont fait rire, pleurer, me suis attachés à eux. Je n’arrêtais pas de parler d’eux, j’étais à la M.A.S 24h/24 en fait.
Et je combattais ce démon en moi, présent depuis 6 années déjà, à cette époque là. Je suivais les 1ers soins en ambulatoire, en centre d’accueil thérapeutique à temps partiel. Psychologue, infirmières, psychiatre.
Je me suis toujours un peu réfugiée dans l’écriture, mais pour juste écrire des broutilles, l’état du jour, l’humeur du moment. Un carnet de bord, en somme. Et en voyant les résidents murés dans le silence de la parole et de l’écriture, j’ai réalisé que moi, je pouvais parler de mon combat, contrairement à eux et qu’il fallait que j’en profite. Et j’ai commencé à organiser un peu mieux un simple document Word où j’expliquais tout. Et je me suis jurée qu’un jour, il sortirait en livre. Cà m’a aidé aussi à évacuer ce que je ressentais. Vue la longueur de mes articles, souvent, on pourrait croire que je suis bavarde lol, mais en fait, je parle juste pour dire le minimum, le strict nécessaire, j’envie les personnes qui, là, où elles font une phrase de 20 mots, moi j’en mets 10x fois :-s… Mon papa me dit parfois « tout le monde parle en même temps, mais personne n’écoute, il y a juste toi, qui essaie d’entendre tout en même temps, pour suivre ce que chacun dit ». Mouais… sauf que ce n’est pas toujours bon pour moi de ne pas pouvoir ouvrir la bouche quand il le faut… j’apprends avec des personnes qui ont le pouvoir d’écouter justement, où il y a un échange. Mais je n’aime pas parler, c’est un effort de taper la discut, parfois. J’aime bien les personnes qui ont toujours quelque chose à dire du coup. Comme çà, il n’y a pas de blanc ^-^
2002 çà semble long comme projet. J’ai arrêté des années, heureusement qu’il y a mon blog commencé en 2006 pour me souvenir. J’ai repris il y a 4 mois, quand j’ai terminé ma formation en centre de rééducation professionnelle. Les médecins ont préconisé un arrêt temporaire pour me remettre des 6 mois de formation qui m’avaient un peu lessivée… Sauf que je ne suis pas restée inactive bien longtemps. Un peu dans l’ombre, pour ne décevoir personne, en parlant de ce que je faisais, j’ai continué à travailler ce que j’avais réappris en formation, moi qui ne voulais plus entendre parler de comptabilité, je me suis dit que si je revoyais un peu malgré tout, mon « passé comptable » au moins le minimum, çà m’apportait un plus, lors de ma recherche d’emploi. Et ce projet qui prend plusieurs heures par jour et par nuit. Je voulais le terminer pour le 14 février, jour de mon anniversaire, comme une date symbolique, mais je savais bien que je n’en viendrais pas à bout. Mes bras m’ont lâchés des milliers de fois, ce qui a ralenti l’écriture, il m’aurait fallu une dactylo 🙂 donc, il ne sortira pas le 14, mais d’ici début mars, voire avril (les lectrices de HC qui ont un secret en leur possession, se taisent, merci ;-)….). Tant d’années, parce que tout simplement, j’attendais la chose ultime, pour qu’il soit rempli d’espoir à bloc. La guérison. Je ne me voyais pas finir sur une touche d’anorexie chronique. J’ai attendu d’être sûre que j’étais bien sortie de là, pour me remettre en route.
Il sera auto-publié sur 3 sites, dont l’un qui permet de le faire découvrir sur Amazon, ce qui n’est pas négligeable. De savoir qu’il sera sur papier, qu’il y aura mon combat dans ces pages, une couverture avec ma photo et mon nom, de prendre qu’il sera lu et que je me mettrai à nu, que des personnes proches, voire très proches ne savent pas, j’ai à la fois peur de ne pas être parvenue au résultat que je désirais, de ne pas avoir fait passer le message d’espoir que j’espère faire traverser, que mon style différent de celui de mon blog ne plaise pas, qu’on s’ennuie en le lisant, ce qui serait le plus dramatique je crois… et d’avoir peur du regard que pourront porter les personnes qui le liront, qui me connaissent, mais pas sous cet angle là. Peur aussi de faire mal avec mes mots souvent crus, violents. Et en même temps, je suis excitée de dire « çà y ‘est c’est fini !!! »
Que contiendra ce livre… J’y raconte comment je suis tombée dans l’anorexie, j’y parle des bagages qu’elle amène avec elle.., sans forcément raconter mon histoire ni tous les évènements qui ont pu provoquer ce mal-être. Non seulement pour conserver une certaine pudeur et un respect, mais aussi pour que toutes les personnes qui vivent avec çà, puissent se retrouver dans mes écrits. Les hospitalisations, les mots retranscrits de ma famille, de mes amis, des thérapeutes. Ce que moi j’ai pensé devant toutes ces étapes entre la dégringolade dedans, les tentatives d’en sortir et finalement ce qui m’a permis de remonter. Comment j’ai recommencé à manger, comment je me perçois à tous les niveaux. Je fais allusion à la fibro, mais très peu, parce que j’ai choisi de m’arrêter au moment où j’ai senti que l’anorexie quittait mon corps et mon esprit.
Je trie, réécris, retranscris, mon style a changé durant toutes ces années donc pour garder une certaine homogénéité dans le style et les propos, j’ai décidé de tout réécrire comme si je l’avais étalé d’une traite sur le papier. C’est dur… pesant… libérateur… je me rends compte du chemin parcouru… des rencontres qui m’ont sauvée de là… Tout çà y figure aussi et j’espère qu’il servira surtout. S’il peut donner espoir à au moins 2-3 personnes, j’en serais déjà heureuse.
Voilà, il est 1h30 du matin et je vais m’y remettre. La pause est finie… Et même s’il est nul et ennuyeux, moi de mon côté, je saurai que j’y ai mis tout mon coeur à trouver les bons mots pour expliquer au mieux, ce que moi-même, je n’ai pas toujours bien saisi. Et quoiqu’il arrive, bientôt, je tourne une page, sereinement, je me libère de tout ce poids, je crache tout ce que j’ai vécu, vu, entendu et je réouvrirai un autre livre à écrire, celui de la vie… ou alors sur la fibro et le trouble borderline qui ne me rendent plus dingo… on ne sait jamais, paraît que l’espoir fait vivre lol. La page anorexie sera tournée pour de bon, en tout cas.
un projet comme une gestation , un accouchement,
ton article est très beau, et ton livre sans aucun doute magnifique