
J’aurai mis le temps à m’y mettre à ce post. Il faut dire que je ne pourrai pas faire plus intime, même si je vais essayer de parler de façon neutre au maximum. Mais j’ai besoin de m’impliquer un peu personnellement, parce que c’est mon expérience, le handicap n’est pas le même qu’un autre, les difficultés également, donc je ne peux que parler que de ce que je connais.
Quand j’ai rencontré J., il y a eu deux « soucis » en sachant très bien qu’on irait plus loin à un moment donné et le stress est monté. Je savais que d’avoir abusé de moi, même si c’était il y a longtemps (jamais assez pour ce genre de cas…) pourrait me provoquer plein de blocages. Au point de parler de vaginisme secondaire à un moment donné, suite à un traumatisme. Et puis il y avait les douleurs et la mobilité à gérer en parallèle. Je n’ai évidemment pas parler de ça tout de suite, j’ai attendu de le connaître mieux et de fil en aiguille, comme la fibromyalgie m’empêchait d’être présente près de lui, il a fallu lui expliquer ce qui se passait pour qu’il ne pense pas que je ne voulais pas le voir et que si j’annulais nos sorties, ce n’était pas lié à lui. J’ai dit que mon côté droit manquait de mobilité, que la dystonie était aussi à droite et que les douleurs étaient partout… Ca a dressé un tableau assez explicite pour entrapercevoir les éventuelles difficultés le jour où on choisirait d’aller plus loin. Et puis il a fallu raconter le pire. Que j’aurai l’impression de coucher avec l’ombre de l’autre aussi et que ça pourrait réellement coincé. Il m’a rassurée en me disant qu’on n’était pas des robots, mais juste humains, qu’on prendrait le temps. Qu’il comprenait en tout cas, même sans réaliser la mesure des douleurs et des soucis de mobilité.
Alors qu’est ce qui m’a aidée au final… On a eu besoin d’ingrédients « basiques » on va dire, tels qu’une douceur extrême, une patience en même quantité, de l’humour pour dédramatiser la honte que je pouvais ressentir parfois, me faire rire pour me décontracter, des caresses, des préliminaires à rallonge. Et puis il y a eu besoin d’ingrédients plus « spécifiques ». Des coussins pour m’adosser, des positions plus adaptées quitte à changer pour que je ne fatigue pas trop. Parce que finalement qu’elles sont mes difficultés dans ce domaine intime. Mes muscles qui lâchent, l’impossibilité de par exemple m’appuyer sur mes bras, avoir les cervicales malmenées, qu’il m’écrase parfois ma pauvre cage thoracique dont les côtes sont très douloureuses en se mettant sur moi etc… mon côté droit n’étant pas très actif, je me mets à sa gauche du coup pour avoir le maximum d’amplitude pour lui faire profiter de mes caresses avec la main qui fonctionne mieux quand même. Parfois il suffit de modifier un peu l’inclinaison aussi de mon corps, d’où les coussins sous mon bassin pour que je n’aie pas les lombaires cassées en petits morceaux. Un coussin entre mes 2 jambes pour arriver à me pénétrer plus facilement sinon je me retrouve avec les 2 jambes l’une sur l’autre et c’est un peu compliqué. Je ne peux pas faire d’acrobaties, je fatigue vite et on peut supprimer beaucoup d’exercices du kamasutra ^^ On dit que le corps délivre des endorphines qui peuvent faire baisser les douleurs, c’est réellement le cas, mais c’est un danger un peu, dans le sens où le désir et dans l’action, j’utilise mes « ingrédients » mais parfois ce n’est pas contrôlable et heureusement sinon je pourrais me lasser et lui aussi. Le plaisir ressenti prend le dessus sur la douleur et le corps suit ou pas, je sens parfois ma jambe qui galère, qui voudrait serrer son corps en l’entourant mais rien ne répond, alors ça peut être frustrant en plus de ressentir une gêne et d’en oublier presque le reste. Je lui dis souvent que ce n’est pas à l’endroit à la limite où je pourrais avoir des douleurs après les rapports que j’ai mal, mais que ce sont mes jambes et mes bras qui ne suivent pas ^^ Mais on en rit. Et on en parle, parce que c’est important la communication. Il est attentif et attentionné et j’apprécie quand il me dit dans le feu de l’action « tu es bien, tu ne veux pas mettre encore ce coussin là à un autre endroit ». Ca me met en confiance, je sais qu’il ne comprend pas forcément parce qu’il a l’honnêteté de me le dire, mais je ne suis pas seule à me battre avec mes difficultés pendant que nos corps se mélangent et ne font plus qu’un.
Quand je l’ai rencontrée et que je savais qu’on irait plus loin au bout d’un moment, je me suis jurée que la fibro n’aurait pas mon corps. Je ne savais pas encore ni comment, ni dans quelles conditions, mais le fait de parler avec lui, ça s’est mis en place et s’il y a un souci, je lui en parle, je ne subis pas la douleur, quelqu’elle soit. Je tiens à rester dans l’idée de plaisir et de sentir que le désir monte et qu’il n’est pas interrompu par une douleur ou un truc qui se coince en moi.
Dans tous les cas, il me libère, je me sens épanouie, j’aimerais sans doute être plus active et en forme, mais j’essaie de trouver des alternatives pour que lui s’y retrouve aussi et ces 2 mois ont été magiques. Je me sens femme à part entière malgré mes bouts de corps émiettés par ça par là.
Le handicap et la sexualité ne sont pas toujours mis en avant, par pudeur, par honte aussi sans doute. Mon handicap est « suffisamment léger », on va dire côté moteur pour me permettre de dire ce qui m’aide, ce que je veux et ne veux plus. Subir pour que l’autre prenne son plaisir, je ne le souhaite plus. Quand j’ai vraiment trop mal, je stoppe tout en essayant de trouver autre chose pour ne pas avoir l’impression non plus de donner un morceau de chocolat à quelqu’un qui est diabétique et de le laisser sur sa faim. Mais c’est rarement arrivé, parce qu’on parle avant en s’assurant de mon état, pendant pour voir si je suis bien et après pour faire le constat de ce qui a été et ce qui était légèrement plus pénible pour moi, pour trouver un moyen d’adoucir pour la fois suivante. Et on y arrive.
J’aime notre complicité, on est pourtant très pudiques, au point que je ne peux pas encore lui dire certains mots même s’ils démangent mes lèvres… mais avec mon corps ralentit et douloureux, il arrive à me rendre épanouie, heureuse, me valorise aussi sur ce corps que parfois je hais tant par la douleur qu’il provoque justement. Et lui, vient mettre un baume cicatrisant et réconfortant avec ses mains que j’aime tant, m’attend, parce que certains médicaments endorment aussi ma libido parfois et que je suis un peu plus lente, mais il est là, patient, il profite de ce moment pour voir mon corps pas abîmé et pour ça aussi je l’aime beaucoup. Qu’il me voit derrière la maladie. Qu’il ne s’arrête pas à mes difficultés. Il a creusé avant de pouvoir accéder à mon monde intérieur pour être sûre qu’il était digne de confiance au vu de mon vécu et de mes difficultés. Et même si souvent je suis courbaturée et donc plus douloureuse pendant 2-3 jours, je me dis qu’au moins c’est le prix du plaisir et que je suis prête à le payer si c’est pour être heureuse entre ses bras.
A 40 ans, je n’ai jamais été en aussi mauvais état physiquement, il faut le reconnaître… l’intérieur s’y met et je fatigue encore plus vite. Mais à 40 ans, en parallèle, je n’ai jamais été aussi épanouie, respectée et heureuse sur ce plan là (comme dans d’autres évidemment quand ça le concerne)
Le handicap peut vite mettre des barrières, j’en avais mises et je lui ai expliqué un jour que j’étais tellement bien avec lui que je tentais de faire sauter toutes mes barrières mentales et physiques, qu’il faudrait du temps pour certaines, mais qu’on pourrait profiter du reste que j’arrive à donner. Et à recevoir. J’aurais pu me sentir salie aussi. Mais c’est lui. C’est J. Parfois je le regarde, en me disant « lâche prise, profite, c’est J., ce n’est pas l’autre » et c’est là que je m’ouvre, laisse mon corps se relâcher au maximum de ce que je suis capable de faire physiquement cette fois-çi.
Ne passez pas à côté de l’amour en pensant qu’on ne vous aimera pas si vous avez telles difficultés. Il y aura toujours ceux qui ne comprendront pas, ce sera mieux alors de les laisser partir d’où ils viennent, mais il y en a aussi d’autres, qui accompagnent et avec lesquels on ne fait qu’un dans tous les sens du terme. Ne perdez pas espoir, même si je l’ai perdu plus d’une fois… mais à l’heure actuelle je me dis que j’ai bien fait de persévérer pour trouver la perle qui ouvrirait mon coeur et mon intimité.
Soyez heureux(ses), avec ou sans handicap, avec ou sans vécu compliqué qui peut bloquer. Communiquer sera le mot clé de toute relation je pense. Un peu davantage sans doute quand il y a eu ou qu’il y a des difficultés, mais on ne parlera jamais de trop. Ce sont les non-dits qui détruisent surtout les relations. Pas le fait d’avoir parlé de trop de ce qu’on pouvait ressentir en bien ou en mal.
J’espère ne pas avoir choquée avec mes mots en tout cas… Ca me tenait à coeur depuis longtemps mais c’est vrai que c’est dur de rester un peu en dehors de son histoire malgré tout pour qu’on puisse peut-être s’y retrouver et que ça aide si des personnes au même stade, sont pétrifiées tout comme je l’étais au moment de devoir lui parler de tout ça et au moment où on s’est retrouvés tous les deux plus proches l’un de l’autre intimement parlant.
Pas évident tout ça… mais quel beau témoignage plein d’amour… Gros bisous Delph, je suis heureuse pour toi ❤
Merci ma belle, ça suppose d’avoir des coussins de toutes dimensions ^^ c’est parfois folklorique il faut le reconnaître, il a une sacrée patience le pauvre ^^ Je tiens beaucoup à lui oui… :p de gs bisous ❤
Un très beau billet …qui prouve qu’avec de l’amour de la douceur de la patience on peut aller au de la de ses souffrances et se libérer de son handicap pour s’épanouir Gros bisous
Merci Cath 🙂 Ce sont des ingrédients primordiaux oui, sans ça je n’aurais accéder à rien vues les circonstances passées et les douleurs d’aujourd’hui. Parfois je veux tenter des acrobaties et ça me fait mal, alors j’en ris, on attend et on recommence autrement. Ca accentue la complicité. Il me fait dépasser mes limites aussi, mais dans le bon sens du terme. Je sors de ma zone de confort et à chaque fois ce sont de nouvelles découvertes, de moi, de lui, de nous. Gs bisous ❤
MERCI et BRAVO pour ce bel article Delphine!
Je suis heureuse que tu ai pu écrire ces mots et surtout que tu te sentes pleinement épanouie dans ta relation et ta sexualité. C’est si important, on l’oublie.
Il ne faut pas avoir peur de se mettre à nu, quand c’est la bonne personne en face, elle comprend, écoute, encourage, reste attentive.
Il faut du temps pour dépasser le passé, ses peurs et dans ton cas les douleurs. Tu en as fait du chemin ma belle depuis quelques mois et ce n’est que du positif.
Je t’embrasse bien fort et oui continue à aimer, à vivre, à être heureuse.
Arlo t’envoie aussi tout plein d’amour.
Merci ma Marie, j’avoue que tu me guides à travers tes propres mots. Tu m’as donné espoir, puis je me suis retrouvée dans certains mots concernant justement des difficultés à dire certaines choses du coup j’ai pu relativiser en me disant que ça viendrait quand ça viendrait. On en a parlé en tout cas de ces mots jamais franchis. Un regard suffit parfois à deviner en tout cas ce que l’autre ressent je pense. L’un comme l’autre d’ailleurs. Mes yeux doivent s’illuminer dans tous les sens quand il me regarde ^^ Ca m’a donné la force de m’accrocher à cette naissance de nous 2, en te lisant, j’avais envie d’y croire de la même façon que je te sentais y croire. Un peu comme une guide qui m’aurait accompagnée dans mes côtés obscurs et mon passé ^^ Le corps se rappelle en tout cas, à chaque fois, il y a le réflexe de vouloir tout refermer et je me souviens que c’est lui. Il a remis de la vie dans la machine que je pensais éteinte et cassée à jamais… Sois heureuse toi aussi ma Marie et continue de nous influer tout cet amour. Tellement d’espoir à lire et de possibles malgré les épreuves de la vie. C’est précieux ❤ Je vous fais de gs bisous à tous les deux et pense très fort à vous. Plein d'amour pour vous deux aussi
Magnifique ce témoignage. C’est grandiose et si délicat à la fois.
Merci beaucoup, c’est touchant comme commentaire 🙂
je ne vois rien de choquant dans ce que tu dis, au contraire, c’est vraiment touchant et c’est beau ! Cet homme est une personne de qualité et toi tu as su lui exprimer tes doutes, tes préoccupations. l’on sent beaucoup de complicité et d’amour dans tout ça et c’est ce que je retiens a la fin… merci Delphine pour ce témoignage. Bisous
Merci ma Kathou ^^ Ouf je suis rassurée si ce n’est pas choquant alors, j’ai essayé de faire attention à mes mots pour ne pas être trop crue, mais finalement ma pudeur m’a limitée toute seule. Je lui ai fait confiance au fil des semaines, voire des mois oui, j’ai été longue à démarrer pourtant il m’a plu dès les 1ers sms échangés et la 1ère rencontre et ça s’est confirmé dans le temps. 2 mois qu’on a passé le cap de notre intimité et il a accompli des miracles pour panser mes plaies. Parfois j’ai des restes de fantômes, mais je crois qu’il a compris mes limites, ce que je ne pouvais pas faire et que ça viendrait en temps voulu. Il est précieux en tout cas oui et je peux dire par ici au moins que je l’aime de plus en plus, à défaut de pouvoir lui dire directement même si ça commence à arriver doucement. Des bisous
C’est un très beau témoignage, de courage et d’espoir, pour tout le monde…
Merci ma belle, c’est important de rappeler parfois ces moments intimes sûrement oui, avec ou sans handicap d’ailleurs. De gs bisous ❤
J’arrive ici par l’intermédiaire de Marie. Que c’est beau et précieux de lire ça !
Je pourrais en écrire des tartines, mais je vais me contenter de ça : Merci.
Merci à toi Rozie 🙂 Et bienvenue dans mon petit monde ^^ Je t’embrasse
Je suis tellement heureuse de lire ces lignes.
Je t’embrasse fort <3<3<3
Merci ma belle ❤ De gs bisous pour toi, passe un bon w-e
ton témoignage est très touchant… Bon courage ❤ Je t'envoie plein d'ondes positives ❤
Merci beaucoup c’est adorable 🙂 bisous et bon w-e ❤