Source de la photo de la bulle de base : Pinterest
Juste un petit mot si ça vous dit de nous rejoindre par là-bas, pour présenter un peu ce que contiendra le groupe fermé « Entre bonheurs et tourbillons – Blog PtiteDelph »que j’ai créé hier en remplacement de la page que j’avais faite pour y transférer mes posts de blog. Certaines personnes m’avaient contactée en disant qu’elles participeraient davantage si leurs contacts ne voyaient pas ce qu’elles écrivaient et j’ai bien compris cette demande puisque moi-même, je ne commente pas très souvent les pages, parce que j’estime qu’il y a des choses qui représentent mon cocon à moi et que c’est mon jardin un peu secret aussi. D’où la naissance de ce groupe où on ose y parler davantage, je me rends compte déjà en une seule journée. Ce que j’ai envie qu’il se passe dans ce groupe :
je continuerai à transférer mes posts, positifs ou négatifs, parce que ça représente aussi celle que je suis entre positif et négatif. Comme toute vie finalement.
chaque soir, une petite rubrique « Soleils quotidiens » sera mise en place pour que tout le monde puisse s’exprimer en commentaire sur les petits bonheurs du jour, peu importe la nature, la quantité. Je demanderai juste d’attendre le statut, pour que ce soit un peu organisé jour par jour et que je puisse surtout vous répondre, sinon j’ai des notifications d’un peu partout et je ne suis pas encore douée pour gérer un groupe…
que chaque personne se sente assez bien pour parler de certaines difficultés si on peut apporter quelque chose de positif
j’aimerais bien qu’il y ait des rubriques « bien-être, relaxation, reiki, qi qong, méditation, yoga, asmr » ou tout ce qui permet, je mettrai un petit dessin et demanderai si vous avez des moyens à ce niveau là de pouvoir donner des astuces, conseiller des livres, des sites, des chaînes youtube
que chacun(e) puisse parler de ses passions et de ses projets
de mon côté, j’aimerais y inclure des vidéos de mes balades sans devoir passer par youtube
mettre des petites vidéos sous forme snapchat pour parler un peu plus face à face, soit pour dire des bêtises, soit pour passer des messages, soit juste pour rendre plus vivant le groupe en m’entendant parler, en dehors des écrits, ce que je n’ose pas faire autre part. Complexée par ma voix, snapchat est pratique pour ça ^^
je n’oublie pas que mes combats comme l’anorexie, la dépression et la fibromyalgie en feront partie aussi, dont mon projet d’écrire mon combat contre l’anorexie. Je me dis que si parfois je fais des points sur le groupe sur l’avancée du chantier, ça me donnera la force de continuer à l’écrire parce que je l’ai perdue, ainsi que ma motivation
Voilà en gros. Je vais essayer d’intégrer le groupe à la barre latérale, par ici, j’espère que vous serez nombreux(ses) à venir taper à la porte du groupe pour demander à entrer 🙂 Sur la page, j’avais commencé à appeler les membres, les « Bulles », parce qu’une bulle, c’est plein de couleurs, de douceur, de légèreté, d’oxygène et le but de ce groupe est justement de montrer qu’on peut encore avoir ce genre de moments malgré les maladies qu’on peut avoir et que c’est important de ne pas oublier qui on est justement à travers les passions, les projets, ce qu’on aime, pour ne pas juste s’identifier en tant que « malade ».
Je ne vais pas faire attention au mien, de vocabulaire, par contre pour une fois. Si vous êtes sensibles à la langue française et à la politesse, abstenez-vous de lire ce qui suit. Des noms d’oiseaux risquent de voler.
On ne peut pas dire que je respire la joie de vivre depuis 10 jours. Entre les douleurs à gérer, le fait que je me sois fait mal au dos par dessus m’a mise sur le carreau physiquement et moralement. Et dans ma tête, il y a une bulle qui s’est formée en même temps, j’ai senti que mes émotions et mes sentiments se cassaient la figure et que je ne pourrais pas les récupérer. Je suis incapable de dire où sont passés tous ces jours où j’ai lutté pour ne pas avaler tous mes médicaments histoire d’être débarrassée de moi en entier. Je ne tenais pas en place assise, debout c’était l’enfer et couchée c’était encore pire, alors qu’est ce qui reste… En parallèle, j’ai dû tenter de canaliser cette violence qui existe en moi, liée au trouble borderline qui a pu être très destructeur en moi déjà. Tout se mélange dans un tourbillon qui donne le vertige même quand on y est habituée, parce que chaque « crise » est malgré tout différente et ma crainte a toujours été de ne pas revenir parmi les vivants. Je vois le mal partout, ne supporte rien même pas le moindre petit bruit. Je suis plus violente dans mes propos et surtout il n’y a pas de filtre (en gros, je ne ferme pas ma gueule là où d’autres fois je la bouclerais pour ne pas faire d’esclandres). Depuis quelques années, soit j’ai la douleur et ses lourdes conséquences psychologiques et le côté dépression qui ressort davantage à m’occuper, soit j’ai le trouble qui se fait plus fort, mais peut-être que je souffre tellement mentalement que je minimise du coup le côté physique. Sauf qu’il y a parfois comme ces 10 derniers jours, les 2 de façon intense. Et ça m’embarque dans des contrées lointaines. Je n’ai parlé à personne c’est dire. Mes parents ont eu droit à des « oui… non… » et je n’ai pas répondu de suite aux 2 sms reçus. Je suis du genre à ne pas dire clairement que ça ne va plus du tout. Quand on s’en rend compte c’est que je suis déjà en train de calculer combien de comprimés pourraient bien me faire dormir pour l’éternité, en gros.
Mon compte fb était désactivé pour que je ne sois pas tentée de me plaindre trop. Et on ne peut pas dire que je suis du genre à prendre le téléphone pour dire « hhééé ohhh je coule au secours ». Pourtant paradoxalement, j’aurais bien besoin de juste voir qu’on pense à moi malgré mon absence à travers des messages même si je ne suis pas capable d’y répondre tout de suite, je le fais quand je sens que les gros nuages noirs se dégagent et je les lis pendant ma « disparition » en m’y imprégnant. Parce que c’est sûrement des moments où je me sens vide à un point que je ne pourrai jamais dire avec des mots, tellement le gouffre est sidéral. Des instants où je peux me sentir bien seule face à toute cette souffrance accumulée dans mon corps et ma tête, mais que je tais parce que tout le monde a ses emmerdes et que la vie m’a bien fait réaliser aussi qu’être un boulet d’une façon ou d’une autre dans la vie de quelqu’un, n’était pas mon plus gros kiff… quitte à renforcer la sensation d’isolement, ce qui est encore plus mauvais, parce que je ne parle plus du coup. Et autant dire que pour parler positivisme ou chose gaie, il faudra repasser parce que je n’arrive plus pour l’instant, parce que je suis éreintée de tout et que la seule chose que je tente de faire, n’est même pas de vivre, mais juste survivre. Me lever le matin, me coucher le soir, en priant pour tenir le coup et ne pas faire ce que beaucoup jugent d’égoïste. C’est dire l’ambition qui m’habite. Mais je sens que ça se décante, que le gouffre est moins grand sous mes pieds. Sans savoir pourquoi je suis tombée au milieu des flots qui ressemblaient à une tornade que je ne maîtrisais plus et comment tout s’éclaire de nouveau. Je ne l’ai jamais su de toute façon. Je crois que j’essaie de faire du mieux que je peux quand ça arrive. L’endroit où je m’étais fait mal commence à aller mieux aussi et je pense que ça m’a aidée également.
Bref, mon compte fb est réactivé pour essayer de me réintégrer de nouveau dans la vie et surtout MA vie. Au milieu du fil d’actualités, j’ai ces pages qui me permettent de rester connectées comme on dit maintenant. Et je suis tombée sur la Une de la Provence et j’en ai perdu le peu de calme que je possédais. « Comment la société les gère… les barjots, les schizos et les autres… »
Déjà, si on veut parler d’une pathologie dans un tel journal, on l’écrit en entier. Sauf si on ne sait pas si c’est un F ou PH peut-être, qui suit le O ? Vu le vocabulaire de cette superbe Une, on peut se poser la question. Qui est ce co**ard qui a pondu ça ? Qui peut se permettre de parler de cette façon d’un sujet aussi grave ? C’est à cause de ce genre de propos qu’on est sans arrêt mis dans des cases de déglingués, de fous, de dingues. Il est bien difficile de définir ce qu’est une maladie mentale et les degrés de gravité pour la personne ou pour son entourage. C’est lourd et blessant et ça renforce l’isolement dont je parle plus haut, parce que toutes ces choses psys qui peuvent pourrir une vie sont tellement mal vues et mal connues par la société et pire par les médias, parce qu’il ne peut pas en être autrement pour se taper un titre pareil. Ou alors on oublie trop facilement qu’on peut vite tomber dans un engrenage infernal au milieu des neurones qui ne sont plus bien connectés pour plein de raisons et que personne n’est à l’abri de dégringoler.
J’ai compté tous ces mois passés en psychiatrie, dans des services pas toujours faciles dont certains fermés où on entend sans arrêt des clés qui ferment et ouvrent le service. Je n’ai pas oublié les personnes que j’y ai rencontrées. Les cas plus légers comme les plus graves. Grave au point que les infirmières ne pouvaient plus accéder à la chambre d’isolement capitonné parce que le patient était costaud, qu’il était en crise et qu’elles risquaient de se faire assommer. On était dans une salle à part pour ne pas être au milieu, on entendait D. hurler, frapper et toutes les équipes réunies pour le maintenir pour lui faire une pîqure qui d’un coup a rendu tout silencieux autour de nous, sauf dans nos esprits et nos coeurs en vrac de savoir qu’on pouvait être mal à ce point sans en avoir conscience. Quelques jours après, le patient revenait avec nous manger, regarder la télé commune. Il était malade…
Je n’ai pas oublié cette chambre qui conservait bien en sécurité (pour elle comme pour nous) une patiente qui avait des pulsions de meurtre et qui ressortait pareil quelques jours après, aussi douce que je l’avais connue. Elle était malade…
Et évidemment, j’ai encore moins oublié ceux avec lesquels j’ai tissé des liens forts. Avec toutes les maladies que peut comporter la psychiatrie. Ces mêmes maladies qui les ont tués parce qu’elles étaient trop lourdes à porter. Ils sont morts et j’ai perdu des amis chers. L’un d’entre eux, ça a fait 12 ans fin août et il est toujours avec moi. Il était malade…
Ils et elles étaient malades. Et à l’heure actuelle, je m’aperçois qu’on ne fait plus la différence entre ceux qui se font passer pour des malades pour commettre des actes barbares et ceux qui le font pour espérer se tirer plus facilement de la prison et passer pour « fou » comme on dit maintenant. Ce que je ne tolère pas, ce n’est pas pour autant que je me permettrais un titre de merde de ce type. Par respect pour ceux qui sont réellement en détresse un peu plus chaque jour dans leur coin parce qu’à force de voir ces genres de titres et de propos, je me dis que personnellement, de moins en moins de personnes sauront ce qui se passe, à ma petite échelle. Je suppose que j’ai voulu toujours expliquer pour qu’on ne pense pas que ce soit mon caractère, mais quelque chose qui venait le troubler qui pouvait faire comprendre pourquoi mes réactions étaient celles qu’elles étaient parfois, sauf que les médias n’aident pas à modifier le regard des maladies psys de toutes sortes et que ça se véhicule dans la société comme une traînée de poudre. Et il faut reconnaître que plus j’en ai parlé autour de moi, plus ça m’est retombé sur la tronche, il faut dire.
Je n’ai pas oublié cet imbécile qui était face à moi lors d’un repas de Noël et qui en plein milieu d’une conversation a dit que les personnes qui étaient dans ces services psys devraient se faire exterminer. Sauf que je venais de sortir de 3 mois d’hospitalisation, que ma sensibilité était au maximum parce que je ne suis jamais ressortie indemne de tout ça, d’autant plus de voir justement toute cette souffrance mentale autour de moi que la mienne que je considérais comme moindre par rapport à certain(e)s. Et puis le suicide avait déjà fait des dégâts, je n’étais pas en mesure d’entendre ça et qu’il l’a su…
J’imagine, cher journal La Provence, qu’avec vos titres de merde et aussi c**s que ceux ou celles qui les dégottent, nous aurons de plus en plus de propos de ce style ? Merci du fond du coeur alors… enfin en réalité en bonne barjot que je suis moi-même à mes heures perdues et à mon niveau, je vous emmerde (en général, je m’adresse de la même façon que je me sens touchée par quelque chose. Avec le plus grand des respects, là en l’occurence -c’est ironique- évidemment… ) Valable pour ce journal, tous comme les 3/4 de leurs cons-frères journalistes du même style. Si jamais c’était un concours à celui qui souhaite provoquer le plus d’esclandres au niveau titres des articles, vous vous situez bien dans le top 3 depuis plusieurs semaines.
Un petit post adressé à toutes les personnes qui tombent sur mon blog en cherchant des infos sur le trouble borderline. Il y a un post que j’avais écrit il y a quelques temps, où les commentaires font part de témoignages, que j’avoue ne pas valider tout le temps quand j’estime que ça va trop loin, surtout quand on parle d’autres personnes que soi-même… Du coup je tiens à rappeler des petites choses.
Je ne souhaite pas que mon blog devienne un forum. Je suis sûre qu’il y a des groupes facebook pour en parler en long, en large et en travers. Des forums sur doctissimo ou autres. J’apporte mon témoignage sur quelque chose qui me fait souffrir davantage par périodes selon comme je suis, mais n’ai aucune solution à donner et je sais qu’il peut y avoir aussi des débordements dans certains propos et ce n’est pas gérable pour moi.
De plus, je ne suis ni médecin, ni psychiatre, ni psychologue pour pouvoir être en mesure de dire si je pense que telle personne de votre entourage a une personnalité borderline. Et je n’approuve pas non plus qu’on en parle en public d’ailleurs, parce que je n’aimerais pas qu’on parle de mon « cas » sur un blog en ne le sachant pas… Par respect et par politesse. Selon comme le commentaire est tourné, il m’est arrivé de dire que j’étais joignable par mail, mais je n’ai pas l’énergie pour ça, pour le faire chaque jour et autant souffrir de ce trouble jusqu’au bout, soit je le fais pour tout le monde, soit pour personne. Et j’ai choisi la 2nde possibilité. On m’a tenue responsable d’une tentative de suicide dans un autre contexte, il y a quelques années et je n’ai pas oublié le fils de la personne au bout du fil qui gueulait que c’était de ma faute. En matière de responsabilités j’ai déjà bien assez à faire malheureusement avec moi toute seule…
Et puis ne voyez pas des personnalités borderline partout non plus… Il y a des personnes qui ont un caractère merdique il faut le reconnaître, ce qui ne veut pas dire qu’il y a ce trouble derrière. J’ai souvent dit que mon caractère était à l’opposé de ce que le trouble peut donner comme image. Mais il y en a qui n’ont aucun trouble, ils sont juste invivables de nature 😀 Et si le doute est vraiment là, incitez les à consulter…
Et enfin, comme tout trouble et toute maladie, on est tous différents. Je ne me reconnais pas dans tout ce que cite le fameux site de l’Aapel que je n’approuve pas d’ailleurs à cause de ça, parce qu’il nous réduit finalement à une étiquette pas jolie-jolie… Et toutes les personnes borderline ne sont pas drogués, alcooliques, à coucher avec le 1er venu etc… On a chacun(e) notre façon de gérer le trouble, que ce soit dans ses symptômes, que dans sa façon de vivre avec, ou que dans son traitement aussi.
Je suis incapable de donner des conseils à ce sujet. Je peux juste mettre des mots sur des maux que d’autres ne possèdent pas ou n’osent pas évoquer, mais ça s’arrête là. Et si on se reconnait dans mes mots justement, mon réflexe sera toujours de dire d’aller chercher de l’aide, parce que je sais que seule, sans traitement médicamenteux et sans psychothérapie, je n’aurais pas pu dépasser certaines choses.
Mon post ne se veut pas méchant, mais j’avoue que les derniers commentaires sur ce post en question ont pu me mettre mal à l’aise… et je vois bien dans les recherches qui sont faites que le trouble borderline ressort, du coup, avec un peu de chances, les personnes qui tomberont sur mon blog sauront mes propres limites du coup… Ce qui n’empêche pas évidemment de poser des questions si quelque chose n’est pas forcément clair ou si vous êtes directement concerné(e)s et que vous en souffrez, parce que le but initial est malgré tout de permettre aux gens de se sentir moins seul(e)s s’ils se retrouvent dans mes propos ou que ça permet de mieux comprendre ce mécanisme. Mais ce qui peut me gêner le plus, c’est que des tierces personnes soient au milieu de commentaires, alors qu’elles ne le savent pas et on ne peut pas dire qu’on parle d’elles en toute douceur parfois, surtout… c’est ça que je ne souhaite pas. Parce que vous n’aimeriez pas qu’on écrive que vous êtes invivables ou que la situation avec vous est ingérable dans une relation à cause de ce supposé trouble (si trouble il y a, encore, comme dit… parce que je pense qu’il peut avoir bon dos aussi le pauvre…)
Voilà… et bon courage aux personnes qui en souffrent et à leur entourage… Prenez soin de vous…
Entre la Terre et mon autre dimension… Source photo : pinterest
Bien trois semaines que je n’ai pas écrit ici. Dont 10 jours où je me suis volatilisée de la surface de la terre en ne parlant plus, en me rangeant dans un coin, seule dans ma tête et ailleurs finalement. Quand je réalise le nombre de jours où j’ai été autant coupée du monde et où personne ne sait si je suis toujours là et dans quel état, ça me fait mal et c’est encore autre chose à ressentir.
La douleur qui était très haute qu’il fallait gérer déjà avec les idées pas bien claires qui vont avec quand le seuil est celui de l’insupportable. Et il y a un retour de beaucoup de symptômes du trouble borderline et de la dépression qui me sont revenus en pleine tronche subitement, sans que j’aie eu le temps de ressentir grand chose. Tout s’est fait en silence pour les autres parce que personne ne savait rien mais très fort et violemment dans tous les sens du terme pour moi. Je ne me reconnaissais plus moi-même dans le miroir, les perceptions de mon corps et de mon visage qui me sont complètement différentes au point de ne plus savoir qui je suis, autant extérieurement qu’intérieurement. Mais, quand, même autour de soi devient étranger et que les dimensions sont étranges, ça aussi il faut pouvoir le gérer et ça provoque d’énormes angoisses dont je ne suis pas ressortie indemne. Et puis il y a cette fameuse réalité complètement bouleversée et à l’envers. Toutes les relations, tous les sentiments, tout le vécu, tout ce que j’ai vu et entendu avant de « disparaître », tout mouline inlassablement entre mes neurones, sauf que ça fait des noeuds et un labyrinthe. Je tourne autour sans arriver à défaire et ne trouve plus la sortie. Qu’est ce qui est vrai dans celle que je suis. Qu’est ce qui est faux. Qu’est ce qui est juste dans les mots des personnes qui me connaissent. Et si je me trompais. Où est la réalité. Pas en moi en tout cas dans ces moments là.
Et puis je quitte cette dimension disproportionnée à tous les niveaux, le brouillard devient moins épais et je brasse avec mes bras pour récupérer la surface. Je compte le nombre de jours d’absence et réalise le silence. Je ne demande jamais d’aide, déjà parce que je ne peux plus à ce stade là, c’est déjà trop tard, j’en perds de ma lucidité. Les moments où j’arrive à dire que je me sens mal sont les moments où ma tête est à la surface de l’eau mais que je sens que j’ai du mal à revenir. Comme quelqu’un qui se noie vraiment et qui agite les bras pour avoir le réflexe de dire « ouhou ça ne va pas du tout ». Mais ce coup-çi, 10 jours se sont écoulés avant que je puisse le faire et la suite n’est pas joyeuse, parce que je pense qu’il était un peu tard. Suis restée encore quelques jours entre deux eaux, c’est le cas de le dire. Et si j’étais morte durant ce temps. Si j’avais perdu ma lucidité au point de ne plus avoir cet instinct de survie qui m’habite régulièrement (souvent). Si on m’oubliait au point de ne pas savoir si je suis toujours bien en vie. L’abandon, l’oubli, le rejet, tout sur ce dont je me suis construite pour diverses raisons, sont eux aussi démultipliés et la tristesse m’envahit toujours. La question « qui je suis » qui revient inexorablement. Bref, c’est mon enfer sur lequel j’ai bien du mal à poser des mots dessus. Il rend très seule en tout cas. Ne valorise pas. N’est pas ce qu’il y a de plus « vivant ».
Je suis un peu le mix de « Interstellar » et « Seul sur Mars » pour le coup, dans ces périodes que je ne peux pas redouter avant puisqu’elles ne sont pas ressenties. C’est juste un gouffre qui s’ouvre sous mes pieds. Par contre, le retour est tout autant rude, parce que c’est épuisant de se faire vivre et de continuer de donner un sens à ce qu’on est et qui on est. A nos yeux mais aussi aux yeux des autres. Pour le moment je me sens en carton dans tous les domaines. Amie, fille, soeur, tatie et apprentie secrétaire médicale en carton. Avec une valeur estimée à des notes inférieures à 0. A ne plus rien pouvoir apporter de bon. De tout faire sauf ce qu’il faut pour soi et pour les autres.
J’ai été mieux pendant quelques jours où j’ai pu respirer et sortir un peu et aujourd’hui, mon corps était tellement flingué par le temps que le moral n’était de nouveau plus au rv. Mais c’était lié à la douleur. J’espère du moins…
Prenez soin de vous. Ce sera toujours ma phrase de fin, parce qu’on est seuls à pouvoir vraiment le faire. Seuls en soi et face à soi.
On dit à cette jeune femme qu’on voit un peu partout, qu’on côtoie au quotidien, que ce soit dans son travail, à la maison, au milieu d’amis « tu es douce, tu ressembles à un petit ange (oui…), tu es toute discrète, on ne t’entend pas ». Comme à son habitude, elle dit « oui c’est dans ma nature », mais pense au fond de ses tripes qui font des castagnettes tellement elles sont remuées dans tous les sens « si vous saviez le monstre que je deviens quand tout s’installe en moi pour exprimer ce que les mots ne suffisent plus à dire. L’ange est loin dans ces moments là. Même moi je ne me reconnais plus ». Et elle se sent seule, parce que c’est quasi son quotidien et qu’elle ne dit rien. Pire elle ment parce que dire la vérité reviendrait à avouer l’inacceptable et une vérité qui effraie. Et puis comment expliquer ce démon intérieur. Alors elle sourit, même si c’est de moins en moins, pour tenter de changer le change, parce que finalement, qu’est ce qu’elle y comprend de plus, elle, à ce cerveau qui par moments débloque au point de l’embarquer pour un aller-retour vers le monde parallèle, là où tout est fait d’obscurité, de pensées à côté de la plaque mais qu’elle pense réelles. Dénouer le vrai du faux, se convaincre du vrai quand elle croit que ce qu’elle pense est en fait faux. Le passage dans l’autre monde, un pied dans la partie réelle de son cerveau, l’autre qui flotte au beau milieu de la partie psychotique.
Seule, souvent le soir, à l’abri des oreilles et des regards, lumière éteinte, elle passera de longs moments le poing fermé à frapper de toutes ses forces sur son visage. Coups après coups de plus en forts, faisant ressortir toute la douleur morale qu’elle emmagasine et qu’il faut qu’elle fasse exploser pour ne pas devenir cinglée complètement. Sans ressentir aucune douleur, qu’elle n’entend (malheureusement) pas, le corps est anesthésié sous le coup de ses gestes de folie qu’elle ne capte pas, parce qu’elle n’est plus du coup connectée au monde réel et dans l’autre monde, tout s’éteint. C’est l’épuisement des gestes qui fera tout stopper même si l’état second restera encore un moment après. Même si le monde parallèle ne disparaîtra pas tout de suite non plus, parce que c’est plus rapide et avec très peu de signes annonceurs de dégâts qu’on descend dans cet enfer là, que le retour dans le vrai monde (même si parfois, pendant des jours, elle ne saura pas à quel monde elle appartient parce que l’absence sera plus longue, plus compliquée à gérer).
Puis viendra ensuite la douleur de son visage tuméfié, rempli de bleus, l’oeil qui ne s’ouvre plus parce qu’elle aura tapé trop près, la pommette défoncée et l’os qui double de volume, quand elle reviendra à la surface de nouveau. Et penser aux mensonges à inventer pour le lendemain. Elle est fatiguée d’expliquer l’inexplicable. Plus tard, elle frappera aussi le corps parce que son trouble se sera amplifié et puis sur son corps personne ne verra qu’elle est remplie de bleus au moins et elle n’aura plus rien à justifier.
La jeune femme prend un médicament antipsychotique depuis qu’on a posé ce diagnostic qui l’aide sans doute à tenir le cap même si parfois son poing est prêt à partir, mais elle a fait du chemin aussi. Elle est « abstinente » de coups (non elle n’était pas une femme battue comme on a pu lui demander les fois où les urgences l’ont accueillie parce qu’elle avait perdu connaissance pour avoir frappé trop fort. La force décuplée qui fait des ravages sur son corps d’à peine 37kgs, au pire de l’anorexie combinée à l’état limite… Suspiscion de traumatismes crâniens si souvent. Les nuits passées aux urgences pour surveillance, réveillée chaque heure par une infirmière pour voir les constantes et vérifier qu’elle était bien consciente et ne tombait pas dans le coma à cause d’un mauvais coup à la tête. Tout ça pour des coups qu’elle ne gérait pas. Lamentable qu’elle se sentait….
Cette jeune femme c’est évidemment moi. Ca fait bien 5 ans que mon poing n’est pas parti, pourtant, je suis souvent dans le monde parallèle, mais mon corps souffre tellement que les pensées sont peut-être plus violentes qu’avant et que parfois je me sens étouffée dans ma propre merde, parce que je n’ai plus le moyen d’évacuer avec ma « drogue » de l’époque, tout simplement parce que mes bras ne le permettent plus (parfois je me dis que ma mobilité s’est réduite inconsciemment pour me protéger de moi-même…) et mon corps est dans un tel état de souffrance que j’essaie de faire passer les périodes comme ça avec d’autres moyens qui me soulagent sûrement moins bien qu’un poing dans la gueule… mais qui à terme me renforce et m’aide à lutter contre ce trouble qui altère ma personnalité.
Si j’y pense souvent en ce moment, c’est « simplement » parce que j’ai des douleurs de plus en plus importantes depuis cette dernière année, au niveau de la mâchoire avec des difficultés à mâcher, ouvrir la bouche, parler parfois quand c’est vraiment aigu comme douleur. Cette après-midi, j’avais rv dans un service d’odontologie à la timone, la dentiste suspecte un Sadam, un dysfonctionnement de l’articulation qui entraîne à lui tout seul de nombreuses douleurs dans d’autres endroits que la mâchoire. J’attends de voir un spécialiste qui confirmera ou pas. Il se traduit aussi par des craquements au niveau de la fameuse articulation et quand la dentiste m’a dit que c’était surtout à droite, évidemment que j’ai pensé à tous ces coups… je n’ai pas pu en parler, à part la psy, personne du corps médical ne sait mes antécédents à ce niveau là, la peur qu’on ne comprenne pas ou qu’on me prenne pour une folle est bien trop grande. Mais je me dis que mon corps se souviendra à vie tout ce qu’il a enduré et même si je suis sortie des tca, le prix à subir est présent… Il y a la culpabilité en sachant en parallèle que le contrôle n’existe plus quand les émotions elles-mêmes ne sont plus qu’un ramassis de choses qu’on est bien incapables de gérer. Pire, de les nommer. J’apprends ce qu’est la colère, la tristesse, la joie.. pour moi c’est un sentiment quasiment identique, juste capable de dire « je ne vais pas bien » ou « oui je vais bien ». Mais il n’y pas de nuances réellement. Et quand j’arrive à les nommer, leur intensité est au centuple de ce que je devrais ressentir et qu’est ce que j’en souffre, parce qu’il y a juste des vagues de sentiments et d’émotions éparpillés qui me viennent en pleine tronche et je ne sais pas quoi en faire. Je ne sais pas dans quel tiroir de mon cerveau les caser.
Je n’oublierai jamais ce massacre, ni les mensonges, ni les poches de glace, ni l’odeur du synthol ou de l’arnica, les yeux au beurre noir, le visage bleu/noir qui passe par toutes les couleurs. La douleur. Parfois je la ressens sur les os de mon visage comme à l’époque. Souvent je me dis que je n’ai pas à me plaindre de certaines douleurs parce que je l’aurai bien mérité. Mais ce n’est pas si simple de me juger à ce point. Si j’en suis arrivée là, c’est que dans ma tête, il y avait une sacrée souffrance à ces moments là. Dans tous les cas, le mot « douleur » est présent. Et faut faire avec maintenant… Réparer les dégâts sur ce corps qui a sûrement bien enregistré chacun des coups donnés et qui continue à me le faire payer sans doute.
Il m’arrive de ne plus savoir qui je suis, ce que je suis, d’être là sans l’être vraiment. Même le mot « être » ne convient plus. « Errer » serait bien mieux. Au milieu des gens, au milieu des choses, au milieu de ce que je ne comprends pas ou plus. Si la force d’arriver à comprendre encore quelque chose est encore présente d’ailleurs. Plus envie, plus le courage, plus la force. Mon corps et mon esprit sont deux machins qui se côtoient comme un vieux couple qui passerait son temps à se chamailler pour tout et rien. J’ai du mal à croire, à avoir confiance. En moi, en tout le monde. Cà sert à quoi de vider son coeur si c’est pour qu’on le referme. Cà sert à quoi de passer son temps à expliquer si c’est bouché en face de soi. Parler dans le vide et vouloir se taire du coup, pour ne pas se fatiguer physiquement encore plus. J’aimerais m’en foutre de tout et pourtant, tout me touche à un point dont personne ne saura jamais l’intensité. La moindre bricole prend une dimension tellement grande que je me sens envahie, absorbée et étouffée. J’essaie d’être là, je cherche à être présente, mais c’est comme le reste, çà ne sert à rien. Alors je m’efface, parce que c’est quelque chose que j’ai toujours su bien faire au moins. J’ai le contrôle au moins sur mes paroles et sur mon silence. Les pensées, les sensations, les ressentis, eux ne s’arrêtent jamais, le contrôle n’existe pas pour eux même si ce n’est pas faute d’essayer par différentes techniques, par contre, je peux choisir de parler ou de me taire. Même si bien souvent ce n’est pas vraiment conscient ce silence en moi, bien ancré.
Il y a 10 ans, on m’apprenait à parler, à pleurer, à me dire qu’il fallait tout lâcher si je voulais espérer que l’anorexie sorte de moi. Je n’ai jamais oublié cette salle d’ergothérapie où tout a été évacué souvent avec violence. Verbale, mais aussi physique. Maintenant j’apprends de nouveau à me fermer, à me taire et surtout j’ai encore moins confiance en celle que je suis, qu’à l’époque, pourtant je ne brillais déjà pas dans l’estime que je me portais. Parfois l’impression d’être amnésique et d’avoir perdu notions de ce que j’étais vraiment au fond de moi, d’avoir perdu mon identité au milieu de tout ce bordel en moi et autour de moi.
Je me décroche. En silence. Mais le résultat est identique, on me perd.
… C’est surtout de SE retrouver… Source image : Pinterest
Je me suis demandé si j’étais bien placée pour faire ce genre de post, vues les circonstances que sont les miennes depuis plusieurs mois. Mais après réflexion, je me dis que c’est surtout un échange de ce que j’ai pu tester et découvrir et je parle en connaissance de cause pour le coup. Après, on dit souvent que les conseilleurs sont souvent les plus mauvais payeurs, c’est pour cette raison que j’ai préféré utiliser le mot « astuces » que « conseils » qui était un terme trop fort pour moi. La dépression, me concernant est chronique (liée au trouble borderline qui entraîne un mode de pensées pas toujours bien gai… et les douleurs qui renforcent tout ce joyeux bordel…), mais il y a des périodes où j’ai de sacrés pics vers le bas pendant lesquels je me sens encore plus mal, du coup et c’est là que les idées suicidaires sont tellement compliquées à surmonter, en gros…
Des astuces que je ne suis pas toujours apte à tenir malheureusement selon les jours. Et physiquement parfois, c’est aussi infaisable. Mais on va dire que j’essaie de les appliquer parce que je me suis aperçue qu’elles amenaient un léger mieux, surtout quand je suis dans une « phase habituelle de dépression » on va dire
1- Prendre soin de soi est important. Parfois prendre une douche et s’habiller est un effort qu’on ne peut pas soupçonner si on n’a jamais été dans ce gouffre là. Je ne reste jamais en pyjama, me force à m’habiller, même quand je sais que pour des raisons physiques, je passerai davantage de temps allongée que debout (ce que j’évite au maximum pour le côté fibro, mais parfois tout mélangé, on fait comme on peut…). Soins du visage, des cheveux, du corps. Sentir les odeurs des produits utilisés, se parfumer. Le but étant de ne pas augmenter la mauvaise estime de soi qu’on peut avoir dans ce genre de moments, en se regardant dans le miroir et avoir un reflet qui nous dégoûte encore davantage… Si on prend soin du corps, on prend soin de l’esprit aussi par la même occasion… Les sensations peuvent être temporaires évidemment, mais dans ce combat, chaque minute de répit est une bouffée d’oxygène à voler. Et quand on arrive à se sentir au moins un tout petit peu jolie, c’est agréable.
2- Ranger, nettoyer au fur et à mesure. J’ai remarqué que quand mon petit chez moi est propre et assez bien rangé à mes yeux, c’est comme si on rangeait quelque chose dans ma tête (alors dit comme çà, je conçois que c’est étrange…) Personne ne se sent bien au milieu d’un bordel monstre, surtout que la pagaille est souvent déjà dans notre tête, alors on libère et nettoie ce qui peut l’être. Je me sentirais plus mal si je voyais mon lit rempli de choses, ma table pareil et mes meubles dans le même état et sales en plus, pour résumer.
Un petit bout de moi, au milieu de mes bibelots, de photos. Je ne suis pas déco du tout, j’ai davantage besoin d’un cocon que d’un studio sorti d’un magazine…
3- Chaque matin, écrire des petites choses à faire durant la journée(selon les possibilités du moment, ce n’est pas la peine de faire une liste géante dont on saura très bien qu’on est incapable de faire les 3/4). Mais par exemple, faire quelque chose qui nous tient à coeur si on travaille sur un projet par exemple, ranger des papiers etc… tout dépend de la vie de chacun après. Et barrer dès que cette fameuse chose est faite. Le coup de crayon sur ce qu’on vient de réussir à réaliser, fait du bien. L’idéal étant qu’à la fin de la journée, la liste soit complètement barrée, c’est valorisant. Personnellement je me dis que j’ai quand même été capable de faire quelque chose, je vais moins me traiter de « salemerde » (oui je peux être très sympa avec moi, c’est d’ailleurs une astuce à rajouter, de se montrer plus sympa envers soi… mais je ne peux pas pour le moment, d’où le fait qu’elle ne fasse pas partie de cette liste…). C’est une satisfaction personnelle, parce que seule nous savons à quel point elle a pu nous coûter en efforts, cette astuce là…
4- Sur la même lancée, ne pas remettre au lendemain ce qui est possible de faire le jour même (oui je fais partie des personnes qui procrastinent mais je me soigne humhum…). Plus on entasse, moins on aura le courage d’affronter le tas de papiers à faire et rien ne disparaîtra d’un coup de baguette de magie. Harry Potter n’est pas encore passé par là, zut ^^ (chaque mois, je bénis les prélèvements automatiques, sinon à l’heure actuelle, je serais dehors pour retard de paiement de loyers ou sans électricité, sans internet et sans téléphone. Là je sais que tout se fait et que j’ai juste à vérifier mon compte pour surveiller que tout a été fait correctement). C’est valable pour les papiers mais aussi pour tout ce qui représente une corvée finalement. Et puis au moins on est débarrassée une fois que c’est fait et çà libère de la place dans la tête au lieu de sans arrêt se dire « ohlala j’ai çà à faire et puis çà, hannn et puis çà » et pour le coup, le moral prend encore un sale coup, quand on s’aperçoit, qu’on n’arrivera jamais au bout de ce qui nous attend.
5- Se faire des petites plaisirs. Manger quelque chose qu’on aime, jouer avec le petit compagnon à 4 pattes de la maison ^^, lire, écouter de la musique, lire (si on arrive à se concentrer…), regarder un film, dessiner. Déjà çà occupe l’esprit et ce sont des petits plaisirs accessibles à tous financièrement, pas besoin d’aller dévaliser les magasins pour y trouver du réconfort (même si çà ne fait pas de mal non plus de temps en temps quand on peut ^^ mais si on peut éviter de s’endetter avec des achats compulsifs, ce n’est pas plus mal hein, pour sortir de la dépression). Et à la fin de la journée, noter ces plaisirs. J’ai un petit carnet où je les inscris, ainsi que les petits bonheurs qui ont mis de la couleur à la journée. A relire dans les moments dans lesquels on est au plus mal, en se disant que c’était possible à un certain moment et que c’est possible que cela revienne…
6- Se ressourcer dans la nature. J’aime regarder mes arbres devant chez moi et mes fleurs sur mon balcon, respirerl’air frais la nuit, sentir le soleil sur ma peau et dès que je peux physiquement, je prends mes jambes à mon cou pour aller dans un endroit que j’aime. La mer ou à proximité des collines, la plupart du temps. Un endroit où je peux être tranquille déjà côté sonore (coucou l’hyperacousie ^^) et être face à moi-même et ne faire qu’une avec la nature. C’est sûrement le seul endroit où je trouve un peu de sérénité, camouflée derrière mon appareil photo
Dame Nature, ma meilleure amie… Etangs d’Echenans, Doubs, Eté 2013
7- Avoir toujours ses projets à portée de main.Les miens sont notés en grand sur une feuille que j’ai pris soin de faire toute jolie pour la rendre agréable à regarder et ils me permettent de me rappeler la raison de mes combats… Même ceux qui ne seront pas forcément réalisables pour différentes raisons. Tant qu’on n’est pas sûre, il vaut mieux les tenir écrits quelque part 😉 Cà peut aller du plus petit projet au plus important. De mon côté, c’est aussi différents défis à relever dans certains domaines. Je n’en dis pas plus parce qu’il est prévu que j’en parle dans un autre post.
8- Accepter les amie(e)s et les sorties qu’ils/elles proposent. Je m’isole beaucoup et à force d’entendre les uns et les autres entendre « je vais essayer de trouver le temps » et on n’en voit jamais la couleur, par contre, on tombe sur des photos ou des statuts fb et ils avaient du temps pour d’autres ami(e)s mais bon… c’est un autre sujet aussi… mais ce n’est pas valorisant dans tous les cas et j’ai tendance à me renfermer sur moi-même encore davantage parce que je me dis que çà veut dire que je n’apporte plus rien, ou pire que je ne manque pas et qu’on ne veut plus me voir. Je me dis que je ne sert à rien pour les gens pour lesquels je pensais avoir au moins un peu d’importance. Du coup, quand quelqu’un a envie de me voir, j’essaie d’être là maintenant, même si physiquement je ne suis pas forcément au top, j’ai au moins l’impression d’avoir été vivante. Samedi dernier, j’ai fait une très belle rencontre, mais je sais que si j’avais écouté mon corps et mon moral, j’aurais annulé pour la Xième fois. Et j’ai été loin de regretter le fait d’avoir pris sur mon corps et mes pensées négatives « je suis nulle », parce que c’était une après-midi tellement agréable 🙂 C’est là que j’ai pris conscience de mon isolement finalement… Et qu’on a tous besoin des uns et des autres pour avoir un regard extérieur sur soi
9- Se forcer à sortir ne serait-ce qu’un 1/4 d’h (là c’est l’hôpital qui se fout de la charité, parce que je ne suis pas sortie pendant 1 semaine et cela arrive malheureusement très souvent ces derniers mois…). Mais je me souviens du jeune pompier qui me surveillait pendant qu’on m’emmenait aux urgences suite à ma 2nde ts. Il essayait de me faire parler pour me maintenir éveillée et m’avait dit « essayez de sortir un peu chaque jour pour voir des gens, même si vous ne leur parlez pas, juste le fait de les voir, met en contact » Et c’est vrai que j’y pense souvent à cette phrase. Parfois je rentre, je suis contente d’avoir croisé un joli sourire d’une personne, d’avoir échangé 2 mots avec quelqu’un, avoir regardé un enfant qui me fixait avec son plus grand sourire. Des moments tellement banals… qui prennent tant d’importance quand on n’arrive plus vraiment à sortir comme avant… Et puis on s’oxygène les neurones en même temps ^^
10- S’occuper l’esprit. Avant je faisais beaucoup de choses en decopatch, ou scrapbooking, et des petites choses en perles, maintenant c’est plus dur physiquement. J’essaie de me réfugier dans tout ce qui est méditation, relaxation, qi qong. J’aime bien lire des citations aussi et les utiliser avec mes photos. Pinterest est par exemple un super endroit pour s’évader. Les séries aussi. Bref, tout ce qui permettra de penser à autre chose et détourner de ce qui fait tant souffrir, quand on sent que les pensées, ruminations et compagnie viennent trop nous pourrir notre espace vital…
11- Ecrire tout ce qui vient. Je dis souvent que tout ce qui est sur le papier n’est plus dans la tête. Alors, si, c’est toujours dans la tête, mais de pouvoir mettre des mots dessus, peut être un exutoire. Ce n’est pas pour rien qu’à part la semaine dernière où j’étais vraiment au ras des pâquerettes autant physiquement que moralement et que le coeur n’était vraiment pas à venir ni vous lire, ni à écrire, j’avais été un peu plus présente, les temps derniers. Je me réfugiais beaucoup sur mon blog, d’où l’importance aussi d’en faire un coin qui nous convient le mieux, avec des photos et des images qui nous correspondent.
Voilà ma petite liste d’astuces personnelles pour essayer de me tirer vers le haut. Comme dit, si çà marchait à 100%, je serais en meilleur état, mais c’est aussi plus complexe à gérer comme maladie. Ces astuces permettent juste de pouvoir souffler un peu dans la journée et si on les additionne, c’est déjà bien, quand on peut les appliquer.
Pour les personnes qui souffrent de dépression, qu’est ce qui peut vous faire du bien, de votre côté ? Qu’est ce qui pourrait venir augmenter cette liste ? Je n’ai pas parlé de sport évidemment, parce que bon… 🙂 mais c’est évidemment quelque chose que je faisais avant la fibro pour sortir tout ce que je pouvais emmagasiner dans ce qui me sert de cerveau (ce morceau de gruyère hum… ^^)
J’ai oublié le principal…… Evitez les personnes toxiques au maximum de ce qui est possible….. Et les infos. Parfois, c’est nécessaire de se protéger, çà ne fera pas de nous quelqu’un d’inhumain si on ne sait pas ce qui s’est passé dans les 4 coins du monde…
Ces victoires qui font celles que je suis… Qui serais-je, sans tous ces combats… (été 2014, plage de la pointe rouge, Marseille)
De blog en blog, souvent on découvre des projets ou des défis qui donnent envie d’être rejoints parce qu’ils apportent quelque chose. Quand on est un peu (beaucoup…) en bas, c’est important de se rappeler ce qu’on a pu faire, pour ne pas voir que le négatif et ce qu’on n’arrive pas à faire. C’est ma grande spécialité… alors en lisant le post de Marie qui parlait du défi « 53 billets en 2015 » créé par Agoaye et le thème m’a donné envie. « Mes plus grandes victoires »…
* j’étais destinée à vivre dans l’anorexie chronique, vu le nombre d’années passées dedans, peu de soignants pensaient que je m’en sortirais un jour. Cà fait 4 ans et demi que sur mon dossier est inscrit le mot « guérison » et il figure aussi sur tous les dossiers que je suis amenée à envoyer à la mdph ou à la sécurité sociale quand il faut faire mon bilan médical.
* j’ai pris 13 kgs, autant acceptés par mon corps que par ma tête, ce qui était quand même le plus important, sinon çà ne servait à rien.
* je me surprends à aimer mes petites formes, à aimer les ressentir à travers mes vêtements quand je bouge et que mon popotin remplit enfin tous mes pantalons
* malgré l’anorexie, la dépression et le trouble borderline, j’ai un bac + 2. Je me suis battue même l’estomac vide, pour accéder à ce que je voulais faire.
* par rapport à mon trouble, il est difficile de tisser des liens sociaux et surtout de les conserver, on a plutôt tendance à un grand manque de stabilité, pourtant, je suis bien là, à parler depuis des années à certaines personnes et autour de moi, même si j’ai fait un grand ménage ces temps-çi (et ce n’est pas mon trouble qui l’a entraîné…..), il y a 2 personnes qui sont là depuis 8 et 5 ans. Un record borderline…
* j’essaie d’être la meilleure tatie possible avec mes deux ptites nièces qui comptent tant pour moi et mes liens avec toute ma famille se sont encore plus resserrés, remplis de solidarité et tous les 6 sont ma force la plus immense.
* je tente de mettre en place l’un de mes plus grands projets (il n’est jamais assez bien écrit, c’est pour çà qu’on n’en voit pas la couleur, mais il est là).
* j’ai déménagé à l’autre bout de la France, loin de toute ma famille et tout reconstruit, alors que j’étais en pleine anorexie et qu’à l’époque, pour beaucoup (tout le monde en gros) c’était un projet trop fou, qui aurait pu mettre ma santé encore plus en danger, mais je me suis adaptée à ma vie marseillaise et çà fait 9 ans et demi que je suis là.
* je me lance des défis physiques alors que je ne suis pas forcément en forme pour les faire, mais dont j’ai besoin pour mettre du sel dans mes journée très chaotiques et très noires, il faut bien le dire…
* je fais tout pour retrouver une vie professionnelle alors que beaucoup de portes se ferment et que certains statuts ne me sont pas autorisés à cause de l’invalidité, ce qui limite bien des choses…
* j’ai réussi à faire confiance à des hommes dans ma vie privée, malgré une agression et abus sexuels, à 4 ans d’écart.
* je me suis lancée dans l’aventure asmr, sur youtube, pour essayer d’apporter un peu d’apaisement aux autres et partager
* et ma plus grande victoire est simplement de vivre….
Le seul regard que je croise souvent en 1 semaine… Ma compagne de route qui ne juge pas mes larmes… Celle qui s’inquiète et me saute dessus quand elle ne me voit pas réagir et qui miaule, l’air de dire « t’es là ?? tu ne t’es pas endormie pour toujours en me laissant hein ?? »…. Ma Happy…
Parfois j’aimerais savoir mentir. Dire que tout va bien avec un grand sourire. Je le fais évidemment, mais quand on me connait, il suffit d’un mot qui montre qu’on comprend que je suis masquée et tout dégringole… et mon pauvre papa sait malheureusement entendre entre les lignes, le ras le bol de ces derniers jours. Tout avaler et supporter sans rien dire de cette souffrance qui m’avale de l’intérieur, çà aussi je sais le faire. Très bien. Ce qui suppose que la fameuse bulle m’a aussi aspirée, en même temps. Manque de pot, mes parents ne m’ont pas donné ce genre d’éducation et le mensonge ne fait pas partie de mes gènes, donc en gros, je suis vite démasquée, c’est le cas de le dire… La réalité souvent dérange, elle fait peur. J’ai parfois envie de hurler que la première à laquelle tout çà peut faire peur, c’est moi. Ne sachant pas mentir, je me tais et m’enfonce souvent dans le silence, plutôt que de la crier, cette fameuse réalité.
Les larmes n’arrêtent pas de couler depuis près d’une semaine. Je me suis repliée dans ce monde qui m’attire inconsciemment, si souvent. Ce que certaines personnes se permettent de juger et d’y associer des mots qui ne me correspondent pas (oui je n’ai pas digéré les étiquettes qu’on a pu me coller, c’est le pire qu’on puisse me faire, sans me connaître tant que çà). La douleur physique est insupportable, j’ai envie de me cogner la tête contre le mur, dans l’espoir de tout éteindre. La douleur me fait avoir des idées suicidaires. Elle me vole tout ce qui est autour de moi, comme si ce n’était déjà pas assez et qu’elle n’avait pas déjà fait un sacré carnage dans ma vie sociale, déjà. Plus rien n’est stable. J’aimerais parfois appeler quelqu’un et pouvoir éclater en sanglots en disant que çà ne va pas, que je suis là, perdue. Enfin presque là, parce que parfois, il ne reste que des miettes de moi…. Mais je me l’interdis ou m’abstiens. Chacun(e) a sa vie. Même si je crois toujours que j’en fais pourtant partie de ces vies là. Alors je me tais, ne dis rien, parce que dire « je suis là » juste pour rassurer, envoyer un sms juste histoire de dire que je suis toujours en vie, en gros, çà ne m’aide pas, çà renforce encore davantage cette sensation d’isolement que je ressens au fond de moi. Vaut mieux le silence que la déception des retours que je pourrais avoir, du style « je ne sais pas quoi dire »… je ne sais pas, dis moi que çà va aller, que je ne suis pas seule face à tout çà, que tu penses à moi, que tu es avec moi dans ce combat, que je vais y arriver, que tu crois en moi, purée y en a des choses à dire à une personne qu’on aime non ? Ne me rends pas plus seule que je ne le suis déjà dans ma tête en me disant que tu ne sais pas quoi dire, c’est terrible de l’entendre quand on va mal. Voilà ce que j’aimerais parfois répondre autour de moi… personne n’est dans ma tête et dans mon corps, c’est aussi une phrase culte… çà veut dire qu’il ne faut plus rien dire et se taire alors ? C’est comme çà. C’est une fatalité en gros. On s’habitue à me savoir mal en gros et c’est aussi terrible que le silence qui me détruit toujours un peu plus, encore faut t-il le comprendre que çà m’a toujours bouffé de l’intérieur et que je me pose toutes sortes de questions devant ce silence. Après on me reproche le mien de silence…. çà fait mal hein ? çà ouvre les portes de l’inconnu, de l’incertitude, des doutes, ce putain de silence hein ? Vous comprenez ce que je ressens alors quand j’ai l’impression de parler dans le vide pour entendre « je ne sais pas quoi dire » ou passer à autre chose, en faisant la politique de l’autruche. C’est bien connu que çà résout tout ce genre de truc… il m’arrive de répondre, pareil, fataliste « ben il n’y a plus rien à dire de toute façon ». C’est malin. C’est constructif. Cà m’énerve.
Je n’ai le courage de rien ces derniers temps, de nouveau. Tout me fatigue et surtout les relations avec les autres. C’est plus facile avec certains. Très compliqué avec d’autres. Mais je manque d’équilibre et suis bancale.
J’ai parfois l’impression (souvent) que je ne suis plus assez bien pour qu’on m’accorde le temps qu’on donne pourtant à d’autres et je suis là, comme une imbécile à me poser encore des questions, sans réponses. Je n’ai plus le courage de dire que je comprends. Parce que non je ne comprends pas. Le problème, c’est que pour le coup, je n’ai plus confiance du tout en moi et en ce que je peux apporter. J’imagine tout le temps qu’on va me laisser en plan, après s’être aperçu(e) que je ne peux pas bouger comme je le voudrais. Alors en bonne paradoxale que je suis, j’ai envie de crier de m’oublier, mais de ne pas faire du yoyo avec moi. De me foutre la paix. Que chacun reste dans sa vie finalement. Facebook est souvent cruel pour le coup. Le temps qu’on dit ne pas avoir, on l’a pour d’autres bizarrement et je vois des statuts qui peuvent me blesser. Je ne suis pas assez bien ? Je ne vaux pas autant parce que tout est limité dans ce que je peux donner et faire ? Ou alors ils décident pour moi de ce que je suis capable de faire ou pas, comme si je n’étais pas assez grande pour dire « non çà je vais éviter » ou « oui çà je peux, pas de souci ». Laissez moi la liberté de choisir, si le problème vient aussi de là ! Je me sens assez prisonnière comme çà… Je suis assez fatiguée de me dire que je ne suis plus utile ou moins. Je suis suffisamment épuisée de courir après les gens pour mériter ce fameux temps si précieux qu’ils donnent à d’autres au point de m’oublier parfois. Je suis là. En miettes, le moral à 0, mais là. Et j’ai besoin d’amitié même si je suis fatiguée de tout.
Et en parallèle, l’envie n’est plus là, la douleur physique agit tellement sur mon moral que les sorties sont plus que rares. Je suis fatiguée rien qu’à l’idée de me préparer, souvent. Mais çà me touche qu’on pense au moins à moi, qu’on me propose, qu’on ne m’oublie pas, que je ressente qu’on ait envie de passer du temps avec moi encore. Même si je dois dire non, au moins, je me sens encore vivante, encore présente dans ces vies là. Si seulement tout le monde pouvait le comprendre ce sentiment là. Ce n’est pas faute d’avoir expliqué, mais je ne dois pas être claire, j’en sais rien. Je n’ai plus la force de comprendre ni les autres, ni moi-même.
Le côté amitié n’a jamais été aussi dur à gérer que ces derniers mois et certaines réactions me bloquent pour laisser entrer des personnes dans ma vie, je me rends compte. Il y a une voix en moi qui dit « laisse le entrer dans ta vie, çà te fera du bien, accepte le, laisse faire les choses, n’anticipe pas les choses », mais je n’ai plus ce peu de confiance que j’avais retrouvé et c’est pesant. Et çà me touche. Ce sont des personnes qui, je ne sais pas pourquoi, ont envie d’y être, dans ma vie en ruines. Mais j’ai peur de les décevoir, comme j’ai dû décevoir les autres pour en arriver à certains stades, alors je me mets des freins, parce que je n’ai pas le courage de souffrir davantage, si on venait à s’apercevoir que finalement, je ne suis plus intéressante à devoir tout annuler, à devoir dire non, à devoir dire que je suis trop douloureuse. J’ai peur que la lassitude s’installe aussi avec ces personnes là.
J’ai toujours eu peur qu’on m’oublie, qu’on m’abandonne, qu’on me laisse sur le bord de la route. Mais je m’essouffle à vouloir rester dans certaines vies et c’est toujours quand j’ai l’impression que çà va mieux qu’on me refait le coup des questions remplies de doutes. On dit souvent que les personnes qui ont une personnalité borderline n’arrivent pas à avoir des relations de longue durée. Ce n’est pas mon cas avec bien du monde, mais on ne sait pas l’effort que çà me demande de tenir le coup dans toutes ces vies… à quel point c’est dur de décortiquer la réalité et le faux qu’entraîne le trouble, dans mon cerveau, à toujours me dire « mais non, tu sais que ce n’est pas comme çà, c’est ton trouble qui te fait ressentir çà, reviens à la réalité »…. mais si c’était la réalité…. c’est bien là mon problème justement 😦 J’ai bien peur que ce soit la réalité et pas mon trouble qui me fasse ressentir bien des choses ces derniers temps. J’ai toujours voulu être une autre. Et ce, aujourd’hui plus que jamais….
Mon post est aussi décousu que mes pensées, j’avais besoin de me vider, de cracher et d’écrire même si c’est autant le bordel sur le « papier » que dans ma tête. Mon corps va mal et çà n’arrange pas ce genre de pensées vis à vis des autres. Beaucoup pensent le contraire, que c’est mon moral qui accentue les crises douloureuses, mais pour le coup, non… J’ai rv jeudi dans un service que je ne connais pas, pour qu’on m’hospitalise 5 jours durant lesquels on me ferait un bilan, des perfusions de kétamine et des flashs (des perf express d’antalgiques) si la kétamine ne me soulageait pas assez.
J’ai besoin d’air, de quitter ce 10 de douleur qui me colle, de liberté et de répit. J’étouffe… A tous les niveaux. Et faire du ménage dans les amis qui un jour me dise blanc et le jour d’après me dise noir et pour lesquels c’est compliqué d’être dans ma vie (c’est facile, il suffit d’en sortir, je ne demande rien, c’est peut-être d’ailleurs çà le souci, de ne jamais rien demander, de toujours avoir peur de déranger). Ce n’est plus moi qui pèserais trop lourd dans les emplois du temps. Qui aurais l’impression d’être un boulet qu’on voit entre le fromage et le dessert. Et essayer de faire entrer de nouvelles personnes dans cette vie qu’est la mienne, même si j’ai du mal à me l’approprier décidemment… Faire confiance… A moi surtout, parce que je dépasse tous les records du manque d’estime de soi, pour le coup.
Il m’arrive souvent de me demander au bout de combien de temps on me trouverait s’il m’arrivait quelque chose, quand je suis autant dans le silence et que personne ne sait, finalement, si je suis toujours en vie, pour parler crûment… combien de temps on laisserait ma Happy seule du coup… Parfois des choses se mettent en place dans ma tête. Pour la protéger, elle, au cas où… Pas pour me protéger moi… Cà fait bien longtemps que rien ni personne ne me protège plus. La funambule de la vie que je suis, marche sur le fil sans être accrochée. Parce que ce n’est pas grave et pas important à mes yeux. Cà le reste juste pour ma Happy, parce qu’elle ne dépend que de moi 😦 … Il faut en prendre soin, à défaut de pouvoir prendre soin de moi….
Un 6 septembre, je suis arrivée le coeur lourd, à Marseille. Je n’y venais pas en vacances, le psy m’avait envoyée en cure dans un établissement psychiatrique pour changer d’air. J’avais accepté, parce que je me voyais décliner, rien ne bougeait suffisamment et j’espérais que 3 semaines, bien surveillée dans un milieu qui me faisait peur pourtant, arriveraient à faire partir définitivement mes démons (quand on souffre, on croit parfois encore au Père-Noël, même à 26 ans :p ). 1ère fois que je partais si loin de ma famille, 800kms nous avaient séparés en un coup de train, mais aussi 1ère fois, où les soins allaient si intenses pour me sortir de ce cercle vicieux. Je ne me rappelle pas si j’ai déjà parlé de l’endroit où j’ai débarqué, donc pour éviter de me répéter au cas où…, je vais juste dire que je n’étais pas du tout au bon endroit… j’ai passé un w-e plus que cahotique et le lundi, le psy de cet endroit là, me faisait transférer dans une clinique où il travaillait aussi. Je ne parlerai pas non plus de cet endroit, parce que je suis en train de le faire dans mon livre et c’est loin d’être facile, de creuser tout çà pour en ressortir le meilleur mais aussi le pire.
Durant ces 10 ans, j’ai passé presque 2 ans et demi en milieu psy, que ce soit en clinique ou en service psy un peu plus raide. Mais qu’est ce qu’il reste de moi après 10 ans finalement…
J’ai gagné ce fameux combat contre l’anorexie, même si la fibro semble être une suite presque logique, parce que je n’aurais pas pu en sortir indemne, mon cerveau a choisi le moins grave sûrement psychologiquement. Je n’ai plus de crainte à avoir de mourir un jour de faim, mais j’ai récolté une zone douleur hyperactive. Mon mal-être s’est déplacé en gros. Il m’arrive de ne plus savoir ce qui est le pire à vivre pour moi, malgré tout, j’avoue… J’ai vécu 4 ans avec les 2. Fibro et anorexie se cotoyaient, peut-être que la fibro était là pour me dire, durant un laps de temps « allez Delph !! si tu manges, tu auras moins mal, vas y, bats toi et sépare toi de celle que tu penses être ton amie, alors qu’elle est ta pire ennemie et tu iras mieux physiquement, allez allez allez !!!!!!! » et c’est vrai que çà m’a fait bouger davantage, mais quand j’ai commencé à avouer que j’avais des douleurs un peu partout dans mon corps et que la moitié de mon corps ne bougeait plus de la même façon et que j’ai demandé à la psy « c’est normal que la prise de poids me provoque des douleurs aussi fortes ?? ». Elle tombait des nues, je n’avais rien dit et lui déballais 2 ans après les 1ers symptômes que j’avais mal… Je croyais que c’était l’anorexie qui me provoquait, ce qui était logique dans ma tête, malgré le fait que je ne sois plus tout à fait les pieds sur terre, mais j’arrivais encore à le concevoir, et finalement combien de fois, j’ai entendu « çà ira mieux quand tu auras repris du poids », quand j’osais l’évoquer ce corps qui me faisait si mal, alors à quoi bon le dire…
En 10 ans, j’ai eu beaucoup de périodes très basses, 2 ts, des amis morts de leurs psychoses, des plus belles périodes, une autre vie que j’ai voulu me construire ici dans cette ville où quelque part on m’a redonné vie. Je suis admirative des personnes qui disent qu’elles se sont sorties des troubles du comportement alimentaire, seules. C’est loin d’être mon cas. Il y a eu toute une équipe médicale derrière moi durant des années et sans elle, mélangée à mes proches et ami(e)s, je n’aurais pas pu, j’étais coriace à convaincre et il a fallu qu’on me répète plusieurs fois les choses pour que je puisse les intégrer. Le manque de confiance est ce qui est le plus dur à récupérer. Se donner une image positive aussi. Et puis s’aimer, tout court. Ne plus avoir envie de mourir parce que malgré 37kgs, je continuais à me voir énorme. C’est la photothérapie qui a renvoyé ma véritable image dans le miroir et le jour où j’ai réalisé le vrai corps que j’avais, un ptit tilt a eu lieu, mais c’était loin d’être un déclic, comme beaucoup en parlent. Il a fallu des mois pour que j’arrive à « me voir ». Si je pense aux personnes qui ont apporté leur pierre à l’édifice de mon combat, je peux compter un ergothérapeute en or qui m’a énormément apporté et qui m’a fait dépasser mes limites au-delà de ce que je me doutais pouvoir faire un jour, de ce corps. J’ai appris à avoir un contact physique avec les gens, sans en avoir peur. Je n’ai rien oublié des exercices qu’il m’a fait faire, il savait très bien cibler mes difficultés, sans que j’aie besoin de lui en parler. J’avais 27 ans, quand j’ai vraiment supporté que quelqu’un me serre dans ses bras et que je m’y sente bien, sans trouver çà bizarre. Moi la pudique, froide comme un glaçon… Maintenant, dès que je peux, je suis un pot de colle ambulant, c’est dire à quel point on peut changer des choses en soi, si on tombe sur des personnes qui nous montrent la direction. Il y a eu 3 psychologues qui ont mis leur grain de sel. 3 psychiatres, dont la dernière qui me suit encore, en thérapie de soutien, mais chacun m’a ouvert des portes vers la vie en tout cas. Des infirmières psy avec lesquelles j’ai pu parler et vider mon sac. Cà en fait du monde pour un malheureux combat contre la faim… Il m’a fallu tout çà pour me remettre sur pattes et prête à manger. Des personnes qui m’ont suivies une grande partie de ces 10 ans.
Il y a 10 ans, je n’imaginais pas vivre à Marseille, çà aussi, c’était un périple, tout le monde me mettait en garde, çà fait 9 ans que j’ai fait le pas et pour l’instant, je m’y tiens. Des amis sont venus se greffer à cette nouvelle vie, j’en ai perdu à cause de la fibro, parce qu’on ne comprenait pas certaines choses, je me dis que c’est tant pis. Pour eux. Je donnais ce que j’avais à donner, bien réduit, oui, c’est sûr… mais j’essaie de faire de mon mieux et la 1ère qui subis, c’est moi. Au quotidien. Alors, les pertes en amitié, j’en suis revenue…
La fibro m’aide aussi dans ma lutte contre mon trouble borderline. Quand je sens une pulsion arriver, un besoin de me cogner un bon coup, avec mon poing et la force que je peux dégager dans ce genre de moments, mon bras droit ne fonctionne pas, il est là, mais le fait que j’aie perdu de ma mobilité m’empêche de le faire et le bras gauche ne me soulage pas autant… il m’arrive de me dire que mon cerveau a peut-être modifié cette fameuse mobilité pour me protéger ?… Cà arrive que je perde le contrôle de moi-même, malgré tout, les migraines me rappellent que je souffre déjà bien assez au niveau de la tête sans rajouter des bosses… pareil, présentes, comme une protection pour ne pas me démolir. Les coupures sont là par moments quand les angoisses, le stress sont aussi plus forts et que je ne gère rien. A part « çà »… ma drogue pour ne pas faire péter tous les câbles qui restent…
Suis-je heureuse après ces 10 ans de combat… oui dans des choses simples et le bonheur pour moi n’est pas un truc immense, il est au quotidien, à travers des trucs parfois bien ridicules, mais que les personnes qui cherchent le Bonheur avec un grand B ne voient pas, tellement elles sont attentives à l’attendre. J’aime la vie autant que je peux avoir envie de la fuir. Je suis soit dans le blanc ou le noir, pareil. Avec quelques couleurs. Pastel, les couleurs, faut pas exagérer hein :-s 🙂 Mon corps et mon âme s’entremêlent sans arrêt et je me dis qu’un jour, les deux rassemblés vont me rendre folle. Dans le sens littéral du mot, même si je n’aime pas l’utiliser. Jusqu’où peut t-on supporter certaines choses… Le corps qui hurle, la tête qui a un tambour permanent en fond, les migraines qui se rajoutent et s’activent depuis 2 mois environ. Je ne réponds pas au traitement en plus. Le neurologue a doublé le traitement de fond pour voir, le triptan a été changé et il veut que je passe un scanner pour voir s’il n’y a rien. Dans ce joyeux bordel, il ne manquait plus que d’être migraineuse au point de ne plus pouvoir bouger, tiens et d’avoir envie de vomir à tout bout de champ.
Il y a la vie au milieu. Moi. Et l’autre chose, sombre qui me traverse l’esprit très souvent. Trop souvent, parce que c’est aussi une lutte. Pour résumer, depuis ces 10 ans, je me bats soit pour vivre, soit pour survivre au moins un peu, et je profite de tout ce qui est bon à prendre pour m’y aider et tout ce que j’arrive à faire, c’est comme si je le vivais en double dose, pour les fois où çà ne m’est pas autorisé. C’est ma vie, celle que je n’aurai pas en 3 exemplaires… Je l’estime gâchée parfois, puis souvent, je me dis que j’ai la chance de pouvoir être autonome encore, même très au ralenti. Est-ce que je serais la même sans ces 10 années à lutter… Est-ce que je verrais le bonheur là où d’autres en sont incapables… Est-ce que de voir certaines choses, n’a pas changé ma vision de la vie sur bien des thèmes dont j’aurais préféré ne jamais connaître le côté obscur…
Est-ce que je serais encore en vie s’il n’y avait pas eu tout çà durant ces 10 ans, tout simplement….
A toutes celles qui arrivent sur mon blog, en tapant des mots-clés en relation avec l’anorexie, ne perdez pas espoir. Si j’écris cet article aujourd’hui, ce n’est pas juste parce que çà fait 10 ans que j’ai vraiment tenté de m’en sortir pour de bon. Cà fait aussi 4 ans ce mois-çi que la psy a pu écrire sur mon dossier « guérison complète ». Je me sens libre de ce côté là et rien ni personne ne pourra me supprimer au moins la liberté de manger comme la plupart des gens 🙂